Xi Jinping souligne la nécessité d’une « dissuasion stratégique de haut niveau » et d’une plus grande innovation technologique. Les remarques du président font suite à l’appel du ministre de la défense pour que l’APL soit prête au combat dans une « phase à haut risque ».
Catherine Wong, South China Morning Post, 9 mars 2021
Traduction Alban Wilfert pour Conflits
Le président Xi Jinping a déclaré mardi que l’armée chinoise devait être « prête à réagir » à des situations complexes et difficiles, alors que le pays est confronté à des défis en termes de sécurité.
Xi, qui dirige également la Commission militaire centrale, a fait ces remarques lors d’une table ronde à laquelle participaient des représentants des forces armées dans le cadre des sessions législatives annuelles à Pékin.
« La situation sécuritaire actuelle de notre pays est particulièrement instable et incertaine », a déclaré Xi. « L’ensemble de l’armée doit entretenir le lien entre le renforcement des capacités et la préparation combat, être prête à répondre à une variété de situations complexes et difficiles à tout moment, protéger résolument la souveraineté nationale, nos intérêts en termes de sécurité et de développement et apporter un soutien solide à la construction globale d’un État socialiste moderne. » Xi a également souligné la nécessité d’une « dissuasion stratégique de haut niveau et d’un système de combat concerté », ainsi que d’une plus grande innovation technologique dans l’armée.
La Chine souhaite disposer d’une « armée d’envergure mondiale » d’ici à 2050
L’armée chinoise doit être « prête à réagir » à des situations complexes et difficiles alors que le pays est confronté à des défis en matière de sécurité, a déclaré mardi le président Xi Jinping.
Xi, qui dirige également la Commission militaire centrale, a fait ces remarques lors d’un débat auquel participaient des représentants des forces armées dans le cadre des sessions législatives annuelles à Pékin.
Ces remarques du président se sont fait jour après que le ministre de la Défense, le général Wei Fenghe, a appelé samedi les militaires à renforcer leur préparation au combat, déclarant que la sécurité nationale de la Chine était « entrée dans une phase à haut risque ».
« Nous sommes confrontés à des tâches de plus en plus massives en matière de défense nationale […] et nous devons améliorer la formation militaire et la préparation au combat de fond en comble afin d’accroître nos capacités stratégiques pour avoir le dessus sur nos puissants ennemis », a déclaré Wei aux délégués militaires lors d’une réunion en marge des sessions législatives.
« Le grand rajeunissement de la nation chinoise est désormais dans une phase cruciale, sans précédent en termes tant d’opportunités que de défis », a-t-il déclaré. M. Wei a également averti que les efforts d’endiguement des États-Unis « dureraient tout au long du processus de rajeunissement national de la Chine ». La question au cœur de la réunion de ce matin était celle de la gestion des risques sécuritaires par l’Armée Populaire de Libération, à l’heure où le pays fait face à des défis sur de multiples fronts, de son conflit frontalier avec l’Inde dans la région de l’Himalaya aux tensions latentes avec le Japon au sujet de la mer de Chine orientale, sans oublier la rivalité avec les États-Unis, notamment en matière de technologie.
Sa discorde avec les Etats-Unis est au premier rang de ces risques géopolitiques, notamment à travers des tensions concernant Taiwan et la mer de Chine méridionale, tensions que certains craignent de voir déboucher sur un conflit militaire, les deux puissances intensifiant leurs opérations aériennes et navales dans la région. Pékin a récemment diffusé des images de son armée effectuant des exercices de débarquement dans la mer de Chine méridionale contestée, quelques jours après des opérations de reconnaissance américaines et un exercice taïwanais simulant une attaque de la Chine continentale sur ses récifs.
Dimanche, le ministre des affaires étrangères Wang Yi a mis en garde Washington contre le franchissement de la « ligne rouge » concernant Taiwan, en déclarant qu’il n’était « pas question de compromis ou de concessions sur la question de Taiwan ».
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Allouer plus de fonds à la frontière avec l’Inde
Lors de la réunion militaire, le major général Yang Cheng, ancien de la 73e armée du groupe dont la conquête de Taiwan devait originellement représenter la mission principale, a déclaré que l’APL devait renforcer ses efforts d’alerte précoce et de reconnaissance et consolider la maîtrise des frontières du pays.
Zhao Baorui, commissaire politique du commandement du théâtre occidental, qui couvre la frontière avec l’Inde, a également demandé que davantage de fonds militaires soient alloués à la région frontalière afin d’accélérer la construction d’aéroports, de routes et de bases d’entraînement.
Un autre sujet important a fait l’objet de discussions pendant la réunion, celui de l’« étau » technologique américain, qu’il faudrait rompre. Le vice-amiral Shen Jinlong, chef de la marine, a déclaré l’armée chinoise devait renforcer sa capacité à utiliser des technologies innovantes et que l’État devait soutenir davantage les industries et les projets clés en vue de remporter les guerres à venir.
L’APL a fait l’objet d’une refonte radicale ces dernières années et sa modernisation se poursuit. Le président Xi a déclaré qu’elle devrait être achevée d’ici 2035, l’objectif étant de disposer d’une « armée d’envergure mondiale » d’ici à 2050.
Pékin a annoncé que son budget de défense allait croître de 6,8 % en 2021, une hausse modérée, mais a déclaré qu’elle augmenterait les dépenses en recherche et développement scientifique et technologique de plus de 7 % au cours des cinq prochaines années. Selon le projet de plan quinquennal, les semi-conducteurs, l’informatique quantique et l’informatique dématérialisée, ainsi que l’intelligence artificielle à des fins militaires et commerciales, sont les domaines qui bénéficieront de fonds supplémentaires.
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