Vinexpo 2020 : un monde en vin

19 février 2020

Temps de lecture : 5 minutes

Photo : Le vin, un outil géopolitique (c) Pixabay

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Vinexpo 2020 : un monde en vin

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Vinexpo Paris, porte de Versailles, offre un tour du monde du vin, des tendances, des évolutions culturelles. C’est toute la planète vin qui se retrouve, évoquant l’histoire de la vigne et la culture viticole, parallèle de l’histoire du monde.

 

Master class vins autrichiens

Les vins d’Autriche ont organisé un master class de 18 vins, présentant la variété de leurs terroirs et de leurs cépages. Essentiellement concentré dans la partie ouest du pays, autour de la région de Vienne, le vignoble est composé de cépages autochtones, blancs et rouges. La plupart des vignes ont été plantées par les moines bénédictins installés dans la région. On retrouve des vins alcoolisés, mais avec une belle densité et une grande longueur. Peu connus en France, les vins autrichiens se montrent complexes et variés, avec de grandes qualités gustatives.

Les blancs du Portugal

Le Portugal n’est pas que le pays du Porto. Il possède aussi un très bon vin blanc, le vinho verde, droit, équilibré, tendu et très frais. La maison Vila Nova en présente différentes catégories, passé ou non en fût, très aromatiques et floraux. Ce sont des vins de grande qualité, qui peuvent rivaliser avec les grands blancs français et qui montrent que la façade atlantique est propice à l’élaboration de ce type de produits.

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Sicile, la puissance des rouges

Gorgés de soleil, irrigués par la chaleur méditerranéenne, les vins de Sicile sont puissants, profonds, complexes et droits. L’Italie regorge de cépages autochtones qu’il est toujours plaisant de découvrir. Le Nero d’Avola est l’un d’eux. Fruité et rond, il rappelle un peu la syrah, mais ne se trouve qu’en Sicile. Le Tornamira est un autre grand vin, puissant et profond lui aussi, qui démontre que la Sicile est une terre capable de produire de belles choses. La maison Feudo Disisa propose toute une gamme de vins de Sicile, en blanc et en rouge, qui illustre la variété de cette terre.

Présence de vins chinois

Le vignoble chinois est en pleine phase de développement grâce à l’investissement de vignerons bordelais. La qualité s’améliore, même s’ils ne sont pas encore au niveau des standards internationaux. Hong Kong est aujourd’hui l’une des premières places de transaction du vin, avec des amateurs de plus en plus nombreux, qui ont les moyens et l’envie d’acheter des crus de qualité. En Chine, boire du vin est un marqueur de distinction sociale. Les cours œnologiques fleurissent pour apprendre à maîtriser l’art de la dégustation et savoir apprécier les vins du monde. Reflet de la mondialisation, mais aussi de la transmission de la culture européenne sur un continent jusqu’à présent fermé.

 

La richesse des vins suisses

La production étant faible et les vins chers, les Suisses boivent presque tout le vin produit chez eux ; si bien que l’on peut oublier que ce pays est un grand nom du vin. Que ce soit le vignoble de Lavaux ou celui du Velay, la vigne s’épanouit le long de l’axe lémanique. Les vins blancs sont profonds et équilibrés. Ils sont issus de cépages autochtones, comme le chasselas ; raisin de table chez nous, raisin de vin chez eux. Il y a une véritable culture du vin en Suisse, qui se manifeste dans les fêtes de villages et la route des vins que l’on peut suivre en voiture, de Lausanne jusqu’au Valais. La production nécessite une main-d’œuvre nombreuse ; peu d’opérations ont été mécanisées. Cela donne des vins qui descendent rarement en dessous de 15€ la bouteille, mais qui sont très plaisants à boire. Ici le domaine Gérald Besse.

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Bar à cocktails et spiritueux

Vinexpo s’ouvre aux spiritueux et aux cocktails, élargissant ainsi la palette de la gastronomie. Un quartier dédié était réservé à des barmen parisiens, proposant leurs recettes et leur savoir-faire. Autour d’eux, des marques de whisky français. Les Français étant les plus grands consommateurs de whisky au monde, il est normal que de jeunes producteurs se lancent dans l’aventure. Preuve que le whisky n’est pas lié qu’à un terroir, l’Écosse, mais que la méthode de production peut se délocaliser. Les whiskys japonais avaient ouvert la voie, ouvrant une brèche dans l’exception écossaise.

Accrocs au whisky, les Français ont délaissé leurs apéritifs traditionnels réalisés à base de vin, comme le Lillet ou l’Ambassadeur. De nouvelles maisons tentent de relancer ces boissons, proposant des vermouths et des spiritueux de qualité. La maison Villevert, basée à Cognac, a diversifié sa gamme de spiritueux en créant un nouveau vermouth, en 2013, et un gin, Nouaison.

Le vermouth est élaboré à partir d’une recette de La Quintinie, le potager de Louis XIV, dont l’iconographie est reprise sur la bouteille. Le vermouth est élaboré à partir de Pineau des Charentes et d’infusion de 37 plantes, en blanc et en rouge, plus ou moins secs, qui permettent des cocktails variés. Villevert produit également un gin premium, Nouaison, produit à base de vin et de plusieurs épices.

La diversité de ces produits montre que la planète vin est en pleine évolution. Les grands vins ne se retrouvent plus uniquement en France et en Europe, mais dans l’ensemble des vignobles. Grâce à une amélioration des techniques et des exigences des consommateurs, il est possible de produire des vins de qualité sous de nombreuses latitudes. La culture vin est aujourd’hui une culture mondiale et c’est chose heureuse quand on voit d’anciens cépages autochtones redécouverts et mis en valeur. Nombreuses sont les entreprises qui développent leur terroir et leur histoire locale, tout en s’ouvrant à l’international et en s’adaptant aux nouveaux goûts et exigences. Rien n’est figé dans le monde de la gastronomie. Les bars et les restaurants esquissent de nouvelles pratiques gustatives, qui évoluent en fonction des besoins, des pratiques de vie, des modes de consommation. La force du vin est de savoir s’adapter à ces nouveautés, tout en conservant ses racines plongeant loin dans l’histoire.

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À propos de l’auteur
Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé

Docteur en histoire économique (Sorbonne-Université), professeur de géopolitique et d'économie politique à l'Institut Albert le Grand. Rédacteur en chef de Conflits.
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