Face à la vague racialiste, remettre l’histoire à l’endroit

21 juillet 2020

Temps de lecture : 11 minutes

Photo : Manifestation Black Lives Matter (c) Frank Becerra Jr./Poughkeepsie Journal/USA Today Network/Sipa USA)/30318106//2007200305

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Face à la vague racialiste, remettre l’histoire à l’endroit

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À partir du meurtre d’un noir américain par un policier blanc aux États-Unis, une déferlante a gagné le monde entier. Or si le problème noir est très réel aux États-Unis, ce n’est pas une raison pour inventer une fausse histoire du monde, notamment sur le sujet de l’esclavage, sujet complexe mais aujourd’hui bien connu grâce à de nombreuses recherches historiques.

Certains utilisent ce problème américain pour semer la haine et détruire les relations entre l’Europe et l’Afrique, au détriment de cette dernière à qui l’on répète que ses problèmes de développement économique et humain sont dus à l’esclavage et à la colonisation.

Allons bon, direz-vous, voici un suprématiste blanc qui veut nier l’évidence !

Pas du tout. Un peu de chronologie paraît nécessaire pour revenir à la vérité historique.

Géographie historique de l’esclavage

Dans l’Antiquité, l’esclavage était général dans l’Empire romain, chez les Grecs et ailleurs. Il ne concernait que les blancs, seuls habitants de ces régions. Je mets de côté l’Égypte pharaonique puis grecque et romaine, qui était au contact des populations noires dans son extrême sud.

Au Moyen Âge l’esclavage a progressivement disparu en Europe occidentale.

En Afrique subsaharienne esclavagistes et esclaves étaient noirs, avant comme après l’arrivée des Européens dans les comptoirs africains, tout simplement parce qu’il n’y avait pas de population blanche.

Dans l’Empire ottoman, qui comprenait l’Algérie, mais pas le Maroc, les esclaves étaient européens et subsahariens, et cela a duré jusqu’à la fin de l’empire au début du XXe siècle.

De même au Maroc, dans la péninsule arabique et j’en oublie.

Les blancs étaient des prisonniers de guerre (principalement pris par les Turcs en Europe orientale et dans le Caucase) ou des populations civiles razziées (principalement sur les côtes espagnoles, françaises et italiennes par les pirates « barbaresques» maghrébins).

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Les noirs étaient dans un premier temps achetés par les marchands arabes aux Africains en échange des biens manufacturés. Puis, au fur et à mesure des progrès arabes en armement, ces échanges devinrent des razzias de populations entières et certaines populations africaines étaient en train de disparaître à l’arrivée des armées coloniales. À ce sujet vous pouvez vous reporter à l’étude d’Olivier Pétré-Grenouilleau : La traite oubliée des négriers musulmans.

Plus tard, au XVIIIe et XIXe siècle les reculs des armées musulmanes, notamment turques, en Europe et en Asie occidentale et centrale tarirent la source d’esclaves blancs dans le monde musulman, où le mot arabe pour esclaves  se confondit avec le mot « noir », comme le rappelle Alban Dignat dans Des origines au XXe siècle. L’esclavage en Afrique.

 

Revenons chez les chrétiens

Quand les Européens ont commencé à occuper les Amériques, ils ont entrepris une colonisation agricole et ont réduit « les Indiens » en esclavage. Mais Charles Quint en 1526, puis le pape en 1537, le leur a très vite interdit (Controverse de Valladolid).

Les nouveaux propriétaires fonciers se sont alors tournés vers le marché aux esclaves existant en Afrique subsaharienne et en ont acheté aux autorités locales. Ces propriétaires des deux Amériques étaient en très grande majorité des blancs, mais certains étaient africains ou mulâtres.

En Afrique, pour les Européens, cette époque était non pas celle de la colonisation, qui date de la fin du XIXe siècle, mais des comptoirs. Les premiers datent de la Renaissance et se sont installés avec l’accord de l’autorité africaine locale. C’étaient des lieux de commerce où étaient échangés les produits européens et les produits africains, dont les esclaves.

Quand les Européens ont colonisé l’Afrique à la fin du XIXe siècle, ils avaient aboli l’esclavage dans leurs colonies américaines et l’ont donc aboli également en Afrique.

Ainsi prirent fin la traite intérieure (entre Africains) et la traite génocidaire arabe, bien décrite par l’anthropologue sénégalais Tidiane N’Diaye.

La traite arabe perdit aussi ses débouchés en Afrique du Nord avec l’arrivée des Français.

C’est au Maroc que l’esclavage a disparu le plus tardivement (en 1922) puisque les Français n’ont vraiment administré le pays qu’à partir de 1919 du fait de la guerre, même si le début du protectorat date de 1911.

Donc grâce à la colonisation européenne en Afrique et à la guerre civile américaine, qui se termine en 1865, l’histoire de l’esclavage se termine. À chacun d’apprécier si, 5 à 7 générations plus tard, cela détermine encore les trajectoires professionnelles et familiales.

Le cas particulier des États-Unis

Il y eut toutefois une exception importante : les États-Unis.

À contre-courant de l’évolution intellectuelle en Europe, illustrée notamment par Montesquieu, les États-Unis institutionnalisent le racisme sur tout leur territoire, notamment avec la loi de « naturalisation » du 26 mars 1790, qui la réservait aux blancs.

C’est en 1861 que le gouvernement américain supprime l’esclavage. Le Sud fait sécession. Il est battu en 1865 et l’esclavage y est alors supprimé.

Mais les États-Unis étant un pays très décentralisé (États, municipalités) beaucoup d’autorités locales mirent en place des politiques racistes qui ont considérablement réduit les droits des noirs, y compris sur le plan électoral.

Ces politiques ségrégationnistes ont été démantelées depuis plus de 50 ans, mais leur souvenir est resté et certaines mentalités « blanches » en sont encore imprégnées. Remarquons qu’il ne s’agit plus de l’esclavage, même s’il y a une évidente continuité historique.

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C’est dans ce contexte que le déboulonnage des statues d’hommes politiques vivant à l’époque de l’esclavage se répand aux États-Unis, dont une statue de Louis XVI. Ce dernier est pourtant l’acteur principal de l’indépendance américaine avec la création d’une flotte qui a permis de neutraliser celle de la Grande-Bretagne, notamment à Chesapeake, permettant aux Américains et à La Fayette leur victoire sur terre.

Après le racisme juridique, les études sociales

Les statistiques montrent en effet un très réel retard économique et scolaire de la population « noire » américaine.

Une parenthèse pour dire que jusqu’à récemment, était considérée comme noire toute personne « ayant une goutte de sang noir ». La définition a changé et le président Obama a fait savoir qu’il avait coché la case du recensement « origine mixte ».

Mais quel est le lien entre ce retard économique et scolaire et le racisme au sens courant du terme ?

Une partie de la différence raciale ainsi statistiquement apparente s’explique par la proportion élevée des mères célibataires dans la population noire (55%), avec leur conséquence sur les revenus et les difficultés d’éducation des enfants.

On peut discuter à l’infini de l’origine esclavagiste de cette différence, et des mesures à prendre pour la faire disparaître, en gardant à l’esprit que des allocations préférentielles peuvent générer des effets pervers : par exemple, cela a eu pour conséquence imprévue de faire des mères célibataires la cible de séducteurs parasites, ce qui n’arrange pas leur situation.

Et puis, une corrélation statistique ne dit rien de plus que ce qu’elle indique.

Les mères célibataires blanches sont plus nombreuses que les noires (7,5 millions contre 3,4), même si elles forment une partie plus faible de la population blanche (14,6 % contre 55,5 % chez les femmes noires). Voir à ce sujet l’étude sur les Familles monoparentales aux États-Unis de Sylviane Diouf-Kamara.

Et leurs problèmes sont également graves bien que non raciaux, ce qui affaiblit le lien de cause à effet entre la race et leur situation.

Enfin le phénomène n’est devenu massif que dans la deuxième moitié du XXe siècle, donc longtemps après la fin de l’esclavage.

Cette histoire américaine est très loin des généralités sur l’esclavage ou le colonialisme, surtout quand elle vise la France ou la Grande-Bretagne pour leurs actions en Afrique.

Entre maintien de l’ordre et promotion sociale

En France, comme aux États-Unis, la police est pluriethnique. C’est une promotion sociale d’y entrer. Dans les colonies anglaises et françaises, c’était également le cas, comme pour l’armée.

Bien sûr, les policiers ne sont pas des anges, comme dans beaucoup d’autres professions. Leur métier comprend l’usage de la force, comme d’autres métiers comprennent l’usage de l’argent et il y a dans les deux cas des dérapages dont la justice est saisie. Là aussi on peut tirer des corrélations, mais qui ne disent pas où est la cause et où est l’effet.

Plusieurs solutions ont été envisagées. La plus simple est que toute interpellation soit automatiquement filmée. On a également envisagé de donner « un reçu » de contrôle policier des papiers pour éviter leur multiplication « au faciès » … mais qui suppose un nouveau contrôle pour être certain qu’il n’a pas été passé à un copain…

Les manifestants voudraient peser pour cela sur le pouvoir politique. Mais dans un État de droit, ce n’est pas le politique qui rend la justice. C’est au juge de dire si tel policier est abusivement violent, ou raciste.

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N’oublions pas qu’en Afrique la brutalité policière est beaucoup plus répandue qu’en France, ainsi que la corruption et l’extorsion de fonds, notamment aux automobilistes. Donc, s’il y avait des statistiques locales et si on utilisait là aussi les corrélations, la police française croulerait sous les félicitations de la population africaine !

Les blancs en Afrique

L’Afrique est en effet un continent où la violence dans certains États est infiniment plus grande qu’en Europe et en Amérique du Nord, alors que l’ordre public était bien plus calme à l’époque coloniale. Et ceux qui disent que c’était à cause d’une pression policière et militaire ne savent visiblement pas que la police et l’armée étaient alors largement indigènes.

Un livre fondateur pour ceux qui s’intéressent aux grandes synthèses anglo-saxonnes est Civilization, the West and the Rest  (La civilisation, l’Occident et le reste du monde) de Niall Ferguson. Auteur qui par ailleurs est marié avec Ayaan Hirsi Ali, réfugiée aux États-Unis après les menaces islamistes reçues aux Pays-Bas, où elle était députée.

L’auteur raille la classe intellectuelle qui affirme que tous les malheurs du monde sont le fruit du colonialisme disparu depuis plus d’un demi-siècle, colonialisme devenu un alibi commode pour les pires dictateurs. Sa position rappelle celle de Raymond Aron pendant la guerre froide.

Il estime que la civilisation occidentale a un bilan globalement très positif pour l’ensemble du monde. Notamment en ayant apporté, ou tenter d’apporter, « la propriété et l’État de droit », donc la prospérité en économie (voir l’Asie de l’Est et du Sud-Est), et la médecine dans le domaine scientifique.

Par ailleurs, les métropoles ex coloniales sont généreuses, ayant accueilli les réfugiés « indigènes » même ceux qui avait pris les armes contre elles avant d’être purgés par ceux qu’ils avaient aidés à prendre le pouvoir.

Enfin, avant d’attaquer les sociétés occidentales, on pourrait, par exemple se souvenir de la mise en esclavage actuelle par les Libyens des migrants subsahariens ou moyen orientaux qui transitent par ce pays.

La vague racialiste américaine arrive dans notre pays

Comme souvent, les modes américaines sont saisies avec empressement par une partie des intellectuels français.

On a exigé le déplacement d’une statue de Colbert, notamment parce qu’il a été un des rédacteurs du « code noir » qui réglementait les rapport maître/esclave pour éviter les pires abus… ce qui illustre aux yeux des « décoloniaux » qu’il connaissait le système et ne s’y opposait pas.

Devra-t-on aussi déboulonner les statues de Socrate ou de Cicéron qui, eux, avaient des esclaves chez eux et non dans des îles lointaines ?

L’œuvre de Colbert, dont je ne suis pas un admirateur, a été par ailleurs très importante et il mérite amplement sa statue. Le problème pourrait se résumer à quelques lignes sur le socle de la statue décrivant les aspects positifs ou non de son œuvre.

Une traduction juridique de cet état d’esprit en France

Ainsi, la loi Taubira du 10 mai 2001 a fait de la traite européenne, et elle seule, un crime contre l’humanité, et son anniversaire est devenu une « journée de la traite négrière, de l’esclavage et de leurs abolitions », réinjectant dans les esprits des drames qui ne correspondent plus aux situations sociales d’aujourd’hui, mais permettant à certains d’utiliser la corde sensible de la victimisation.

Pourtant, la France n’a eu aucun rôle moteur dans cette histoire universelle.

Depuis, se sont multipliées les manifestations d’une pensée « décoloniale » ou « indigéniste » au vocabulaire marxiste.

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On voit ressurgir le vocabulaire racial dans le milieu universitaire et chez les jeunes.

Le groupe le plus en vue dans ce domaine est le Parti des indigènes de la République (PIR) qui proclame « le racial d’abord ».

En filigrane, il y a la conviction que la France a construit sa richesse sur son empire colonial et la division raciale. C’était la vieille conviction de Lénine, qui a poussé les partis communistes locaux à agir pour l’indépendance des colonies, pensant que la France et la Grande-Bretagne s’effondreraient. Ce qui n’est pas arrivé et montre l’incompréhension communiste du système de développement libéral.

Repentance, réparation financière…

Sans faire de Piketty un marxiste au sens précis du terme, remarquons cette obsession du colonialisme dans sa tribune dans Le Monde du 13 juin 2020 : « La vague de mobilisation contre le racisme pose une question cruciale : celle des réparations face à un passé colonial et esclavagiste qui décidément ne passe pas ».

Même obsession chez Françoise Vergès qui, dans son ouvrage Un féminisme décolonial estime que les féministes occidentaux n’ont pas tenu compte du racisme dans l’oppression des femmes et cherchent à imposer aux femmes du Sud un mode de vie occidental.

La confusion avec le problème américain est manifeste dans Le Monde du 12 juin : « Avec le mouvement Black Lives Matter, le Royaume-Uni et la Belgique s’interrogent sur leur passé colonial».

La synthèse de ces mouvements et analyses peut être résumée par la formule : « le privilège blanc », qu’il faut évidemment combattre.

Bref, suivez la mode, repentez-vous, bien que vous-même et la quasi-totalité de vos ascendants lointains n’y soient pour rien.

Pour Sartre, être anticommuniste c’était « être un salaud », aujourd’hui parler de l’époque coloniale comme étant un objet historique à étudier, c’est être « un réactionnaire blanc » à faire taire.

Rien ne pourrait faire plus plaisir aux dictateurs africains pour faire oublier leur police politique, leur violence et les catastrophes économiques et sociales qu’ils ont suscitées !

Les pressions sur l’enseignement supérieur

Aux États-Unis il y a maintenant quelques décennies que des groupes d’étudiants réussissent à faire renvoyer des enseignants pour avoir tenu des propos non acceptés par telle ou telle minorité raciale, sexuelle ou politique.

Le mouvement gagne des universités françaises.

En 2016 se lancèrent les groupes en « non-mixité racisée » de Paris VIII.

En 2017 les ateliers de même étiquette ont été organisés par le syndicat d’enseignants Sud éducation 93, et dénoncés par Jean-Michel Blanquer, la Licra et SOS racisme.

Et les universitaires prennent le train en marche, toujours en suivant les États-Unis.

J’ai noté l’annonce suivante sur une « liste » internationale d’historiens : « Je suis en train de monter un projet décolonial sur le genre, la race et violence sexuelle dans la littérature française. Pour l’instant, j’ai une documentation sur Fanon, Camus, Sartre et Guyotat, mais je voudrais les contributions de femmes auteurs. Envoyer les suggestions à… »

On est donc passé d’une conception d’un racisme qui serait le fait d’acteurs individuels déviants, et donc de groupuscules ou de partis secondaires, à la proclamation d’un racisme généralisé anti-blanc en représailles à leur héritage colonial, qui n’a pourtant pas touché la masse des Français, et dont une partie des acteurs étaient des gens dévoués aux populations locales.

J’en connais qui sont morts bouleversés de se voir traiter de monstres sanguinaires par des ignorants de leur travail concret.

Naturellement, ce « racisme par l’antiracisme » déclenche des réactions.

Les anti racialistes montent au créneau

Jean-François Revel avait écrit dès 1999 dans La fin du siècle des ombres : « l’antiracisme fabrique plus de racistes qu’il n’en guérit […] L’antiracisme idéologique, qu’il faut soigneusement distinguer de l’antiracisme effectif et sincère, attise les divisions entre les humains. »

De même, Pascal Bruckner remarque les slogans lancés le 6 juin 2020 lors de la manifestation « antiraciste » à Paris : « Sibeth traître à sa race », « mort aux Blancs », et conclut : « On réinvente l’apartheid, on revient aux années 1930 tout en prétendant les combattre ».

De même, dans L’Express du 18 juin Élisabeth Badinter note : « La race partout, c’est la naissance d’un nouveau racisme ».

Enfin, je citerai deux références hors de France :

L’une dans le domaine universitaire, celle d’Andrew Sobanet Generation Stalin: French Writers, the Fatherland, and the Cult of Personality (Génération Staline : les écrivains français, la patrie et le culte de la personnalité).

C’est la conversion à un stalinisme total et qui paraît aujourd’hui caricatural des plus grands écrivains français des années 1930 : le prix Goncourt Henri Barbusse, Romain Rolland, Paul Éluard et Aragon,

L’autre d’un homme de terrain non universitaire, Kakou Ernest Tigori, dont les deux bisaïeules ont été vendues comme esclaves à d’autres africains. Cet écrivain ivoirien est l’auteur de « L’Afrique à désintoxiquer : sortir l’Europe de la repentance et l’Afrique de l’infantilisme » (2018).

Mes souvenirs de la guerre froide et de ses fondements

Avec mes bientôt 80 ans et ayant été plongé très jeune dans la vie historique et politique, j’ai rencontré des témoins dont certains avaient vécu la fin du XIXe siècle. Ils étaient de toutes origines ethniques et politiques dans ce qui était alors l’empire français.

Par exemple mon grand-père était communiste au Vietnam.

J’ai également vécu la guerre froide, et le débat actuel me rappelle dramatiquement cette époque où beaucoup d’historiens et d’intellectuels francophones, français ou non, ont trahi leur mission en suivant, après les célèbres exemples ci-dessus, la mode soviétophile de l’époque.

Certains se sont rendu compte d’avoir été manipulés et ont changé de cap quelques années plus tard, à commencer par le président Senghor avec qui j’ai beaucoup discuté.

Comme aujourd’hui, les universitaires des années de l’après-Deuxième Guerre mondiale brandissaient l’argument d’autorité en citant tel livre et plus généralement « le dernier état de la recherche » pour s’opposer au système politico-économique français et orienter les esprits vers « la grande lueur qui se lève à l’Est ». Qui s’exprimait autrement n’était qu’un réactionnaire qui serait bientôt ridiculisé.

Sartre, Simone de Beauvoir et Philippe Sollers sont ainsi allés en Chine sans s’apercevoir que les gens y mouraient de famine et de persécution. Mais c’était la « mode Mao ».

François Furet, Edgar Morin, Régis Debray, Annie Kriegel, Michel Foucault, Jean-François Desenti, Alain Besançon, Étiemble et bien d’autres ont suivi la mode marxiste, voire soviétophile de leur temps et s’en sont repentis ensuite dans des livres à succès, dont je vous recommande vivement l’instructive lecture.

D’où ma grande réserve envers ceux qui suivent une mode intellectuelle, actuellement décoloniale, et mon message : « ne recommencez pas, ne suivez pas les modes, l’histoire se décante petit à petit au fil des discussions contradictoires et non des condamnations du passé »

N’allez pas maintenant suivre aveuglément la mode décoloniale !

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À propos de l’auteur
Yves Montenay

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