[colored_box bgColor= »#f7c101″ textColor= »#222222″]Cette recension a été publiée dans le numéro 20 de Conflits. Si vous souhaitez acheter ce numéro, rendez-vous sur la e-boutique de Conflits en cliquant ici.[/colored_box]
Certaine géopolitique n’envisage la référence aux fondements historiques des réalités présentes dont elle tente de rendre compte qu’à la façon d’un prologue. Contre cette vision réductrice, Michel Fauquier entend montrer que l’histoire de la construction européenne est un présent toujours actif dont les angles saillants – ici appelés « nœuds » selon une réminiscence soljenitsyienne – structurent encore sensiblement l’horizon contemporain.
Onze nœuds, ou moments durant lesquels l’histoire européenne a lié son destin, sont ici identifiés, depuis le moment de l’émergence de l’idée d’Europe, sur fond des guerres médiques au Ve siècle avant Jésus-Christ, jusqu’au seuil de notre époque.
Composé d’une seule main, ce récit entend répondre par sa cohérence à une tendance actuelle marquée au sceau du déconstructivisme, qui livre une vision éclatée et faiblement intelligible d’une Europe regardée comme un simple projet modelable au gré des politiques successives.
La thèse défendue ici est que l’Europe, plus encore qu’un lieu, est une haute idée, forgée dans le sang et la sueur, exaltée par le génie pratique et spéculatif, illustrée par la main de l’artiste et le verbe du poète : en un mot, l’Europe est une civilisation. Celle-ci a trouvé ses fondements dans Athènes, Rome et Jérusalem, trois sources auxquelles le génie européen a abondamment puisé et qui lui léguèrent respectivement une frontière mentale ayant fait apparaître que l’Occident et l’Orient étaient porteurs de deux civilisations radicalement différentes quoique d’égale valeur ; sa première forme, celle d’un Empire romain transcontinental mais resté occidental, car soudé par une seule citoyenneté ; un contenu enfin, le christianisme, né aux marges de l’Empire romain, mais devenu l’être profond de Rome, comme la jeune Europe du mythe était elle-même fille d’un roi oriental. À partir de ce triple fondement, le Moyen Âge a opéré une première fusion, à laquelle les Temps Modernes ont voulu donner une orientation différente : de cette contradiction sont sortis les Temps Contemporains, marqués par de profondes déchirures mal refermées qui rendent présents les héritages du passé.
J.M.
[colored_box bgColor= »#DCEDC8″ textColor= »#222222″]Michel Fauquier, Une Histoire de l’Europe : Aux sources de notre monde, Le Rocher, 2018, 752 pages, 29 euros.[/colored_box]
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