Ukraine : l’avenir de l’Europe ?

24 février 2024

Temps de lecture : 4 minutes

Photo : Emmanuel Macron et Volodymyr Zelensky, le 16 février 2024 à Paris.(AP Photo/Thibault Camus, Pool)/PAR147/24047707402370/POOL PHOTO/2402162045

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Ukraine : l’avenir de l’Europe ?

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Un récent rapport du Sénat alerte sur les difficultés humaines et matérielles de l’armée ukrainienne. Un sujet que les Européens ne peuvent pas esquiver, car une partie de leur avenir passe par l’Ukraine.

Rapport du Sénat sur la guerre en Ukraine – « Pourquoi l’avenir de l’Europe se joue en Ukraine »

Deux ans après l’invasion de l’Ukraine par les forces russes, la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat a publié un rapport visant à évaluer la situation en Ukraine, ainsi que l’évolution du conflit. Il s’agit notamment de mettre en lumière les conséquences et les enjeux de l’aide européenne, sur le plan militaire et politique, en établissant sept axes qui, sous forme de recommandations, permettent de mieux cibler les enjeux du conflit russo-ukrainien.

Indépendance de l’Europe

Il s’agit tout d’abord de « tirer toutes les conséquences » de l’agression russe, et donc de travailler en vue de limiter au maximum toute sorte de dépendance des pays européens vis-à-vis des ressources énergétiques russes. Le but premier est bel et bien de prendre conscience des risques liés à une telle dépendance, et ce pour l’ensemble du continent européen. Face à la volonté impérialiste affichée par la Russie, il faut aussi être conscient des enjeux de cette remise en cause du modèle européen fondé sur une société démocratique.

La deuxième recommandation du rapport établi par la Commission tient dans la mise en garde que ce conflit va au-delà d’une simple revendication territoriale de la part de la Russie. Il est une atteinte à la société démocratique européenne et c’est en ce sens qu’il faut prendre conscience du « degré de menace » que représente la Russie pour le reste du continent. Cela passe à la fois par un soutien politique et militaire, mais aussi par un effort de coordination entre les pays. Les rapporteurs estiment que la France doit renouer un partenariat économique avec la Pologne, notamment dans le domaine du nucléaire civil et des industries d’armement. L’enjeu est surtout de favoriser le développement des entreprises européennes de défense.

Le rapport fait aussi le point sur la situation du conflit. Celui-ci est alors à un moment charnière, marqué des deux côtés par des faiblesses ainsi que des atouts. Si le système de défense anti-aérien ukrainien obtient de très bons résultats, les Russes ont toujours l’avantage de la « masse », du fait de leur capacité à renouveler leurs effectifs sur le front. À cette masse, qui s’explique par le fait que le nombre de soldats russes sur le front a augmenté de 20% lors de la seconde moitié de l’année 2023, s’ajoute le temps : l’armée russe envoie 30 000 nouveaux soldats sur le front par mois pour lutter contre les pertes. Dans cette situation, l’aide fournie par la France n’est pas minime, même si le renouvellement du matériel militaire russe contraste avec l’essoufflement des livraisons occidentales vers l’Ukraine.

Il faut surtout accentuer l’effort afin d’inscrire l’aide européenne envers l’Ukraine dans la durée. Néanmoins, le rapport souligne l’efficacité du matériel français, citant plus spécifiquement les 54 canons Caesar présents sur le front ukrainien. L’effort français est alors à fournir sur plusieurs plans, car il s’agit à la fois d’envoyer du matériel sur le front, de favoriser la production locale de munitions et de missiles, mais aussi de former les forces ukrainiennes aux nouvelles technologies de guerre. En effet, même si la production locale de munitions a été multipliée par vingt en deux ans de conflit, cela n’est pas suffisant. Il en va de même pour le matériel de guerre. Roustem Oumierov, ministre de la Défense ukrainienne, appelle à recevoir plus de matériel de défense type sol-air de la part de la France et demande plus d’efforts dans la formation des pilotes de chasse.

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Répondre au conflit

Un autre enjeu se dessine là pour la France, celui de pouvoir s’engager et répondre à un conflit de haute intensité. Sur ce plan, la France doit fournir un effort considérable pour ne pas subir un trop gros écart vis-à-vis de ses partenaires. En effet, les États-Unis ont décidé de multiplier par six leur production de munitions d’artillerie et le Royaume-Uni ainsi que l’Allemagne ont passé de gros contrats à leurs industriels. Face à cet enjeu, le groupe KNDS/Nexter vise une capacité de production à hauteur de 100 000 obus annuels dans le futur, alors que celle-ci n’est que de 20 000. Le gouvernement a annoncé une production de 30 000 obus pour 2024, ce qui représente à peine 5 jours de guerre.

La Commission juge donc urgente cette multiplication des chaînes de production de munitions afin de s’ancrer dans une logique de préparation à un conflit de haute intensité tout en accentuant les efforts fournis vers l’Ukraine.

Enfin, le rapport se penche sur l’effort collectif du bloc européen face à la Russie. Il vise d’abord à rappeler l’importance de maintenir et d’accentuer les sanctions mises en œuvre jusqu’à présent afin de limiter les capacités russes sur le plan militaro-industriel. Cet effort étant collectif, la Commission appelle notamment à continuer l’effort de soutien de la part des alliés de l’Ukraine, ce qui passe pour la France par le développement des entreprises françaises (et pas que militaires) sur le territoire ukrainien. En même temps, il appelle aussi à un effort concernant les sanctions sur la Russie, de « jouer le jeu » afin de limiter au mieux les capacités du complexe militaro-industriel russe.

Ces efforts ont pour conséquences de rapprocher l’Ukraine de l’Europe, comme en témoigne sa candidature pour entrer dans l’Union européenne et sa volonté d’intégrer l’OTAN. À la suite de sa rupture avec le pouvoir russe en 2014, l’Ukraine est sur la voie de s’ouvrir à l’Europe, tout en voulant affirmer sa souveraineté, que celle-ci ne soit pas remise en cause en vue d’éventuelles négociations de paix. Mais il reste encore du chemin avant l’entrée de l’Ukraine dans ces organisations internationales, et nécessite de passer par la lutte contre la corruption, tout en favorisant la diversité et le pluralisme dans le débat public.

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Côme du Cluzel

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