Pourquoi les Verts devraient promouvoir la 5G ?

7 novembre 2020

Temps de lecture : 6 minutes

Photo : Antennes téléphoniques (c) Pixabay

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Pourquoi les Verts devraient promouvoir la 5G ?

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À l’heure où plusieurs grandes villes françaises ont stoppé les programmes d’expérimentations 5G sur leur territoire, il est utile de revenir sur ce que ces décisions induisent en matière de bénéfice risque pour les populations, pour l’économie et pour l’environnement.

La 5G, l’intelligence artificielle, la robotique et le calcul quantique constituent quatre défis technologiques majeurs que la France ne peut négliger ou retarder. Une compétition mondiale est lancée depuis plusieurs années dans chacun de ces quatre domaines avec, à la clé, des enjeux civils et militaires essentiels, économiques, scientifiques, industriels, géostratégiques. Le déploiement de la 5G est un chantier de souveraineté nationale qui conditionne le déploiement de systèmes robotisés semi-autonomes et autonomes et le développement des futures villes intelligentes.

Les réseaux 5G permettent de réaliser d’importants sauts de performance en matière de latence, de débits et de volumes de dispositifs connectés. Si les bandes basses, de large couverture, se propagent facilement à travers les bâtiments et s’échelonnent autour de 3,4 et 3,8 Ghz (Wifi), les bandes 5G « millimétriques » à haute fréquence fonctionnent à plus de 24,25 Ghz. Elles ont une propagation limitée et c’est la raison pour laquelle il faut déployer des capteurs small cells (antennes) directionnels spécifiques dans le mobilier urbain.

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À ce jour, aucune étude d’impact des réseaux 3G,4G,5G n’a mis en évidence un risque sanitaire

 

Rappelons qu’à ce jour, aucune étude scientifique n’a été en mesure de prouver l’existence d’un risque sanitaire spécifique aux infrastructures 5G. Plusieurs études menées en Europe, en Asie et aux États-Unis ont produit, indépendamment les unes des autres, cette conclusion rassurante.

La question du risque sanitaire lié à l’exposition à des champs magnétiques se pose de manière identique pour les réseaux existants : 2G,3G,4G. En France, c’est l’Agence Nationale des Fréquences (ANFR) qui veille au respect des valeurs limites d’exposition du public aux champs électromagnétiques, comprises entre 28 V/m et 87 V/m, selon les fréquences. En 2014, l’ANFR a publié une importante étude de mesure des fréquences sur le territoire national, essentiellement en milieu urbain, mais également en milieu extérieur. L’analyse a montré que les mesures étaient toutes nettement inférieures aux valeurs limites réglementaires (28-87 V/m). Moins de 1% dépassent la valeur dite « d’attention » de 6 V/m. Plus de huit mesures sur 10 se sont avérées inférieures à 1 V/mrapporte l’étude de l’ANFR publiée en 2016.

Au niveau mondial, l’OMS s’est appuyée sur un corpus de 25 000 articles scientifiques publiés au cours des trente dernières années, pour conclure à son tour que : « les données actuelles ne confirment en aucun cas l’existence d’effets sanitaires résultant d’une exposition à des champs électromagnétiques de faible intensité. Toutefois, notre connaissance des effets biologiques de ces champs comporte encore certaines lacunes et la recherche doit se poursuivre pour les combler ».

De nouvelles études ont été engagées depuis 2017 sur l’impact des antennes 5G à très courte distance. Aucune d’entre elles n’a mis en évidence un risque particulier.

L’opposition au déploiement de la 5G ou le principe de précaution idéologique

Face à ces faits scientifiques, le principe de précaution s’est rapidement transformé en un principe de précaution idéologique cassant les dynamiques de déploiement de la 5G dans les territoires.  Les opposants à la 5G (essentiellement des cadres dirigeants et militants EELV et LFI) ont multiplié les pétitions, les interventions dans les médias et les manifestations en s’appuyant sur l’argument de « vigilance citoyenne » comme ultime garant de la santé publique. Selon les pétitionnaires, « L’inflation numérique doit nous amener à réfléchir d’urgence à nos besoins et à nos usages en la matière ».

Plus que la simple réduction du risque sanitaire, on constate que l’argumentaire des opposants s’articule autour des thématiques de décroissances technologique, économique, industrielle, autour du ralentissement global de la société et de la réduction des activités humaines. Curieusement, ces oppositions se sont cristallisées sur les dispositifs 5G, mais très peu sur les réseaux 3G et 4G. Plus encore, les opposants estiment que la 4G « nous suffit bien », que la 5G est un gadget énergivore imaginé par un capitalisme invasif et que les progrès qu’elle induit sont négligeables face à l’empreinte carbone de son déploiement.

L’opposition idéologique à la 5G ne s’appuie pas simplement sur la « peur des ondes ». Elle s’inscrit aussi dans une opposition de principe à l’inflation numérique au sens large, c’est-à-dire à la collecte et au traitement des données massives, à l’intelligence artificielle, à la robotique, à l’internet des objets, et aux Smart Cities. La posture anti-5G pourrait devenir rationnelle dans un contexte où tous les pays du monde décideraient simultanément de bannir cette technologie diabolique, mais, comme chacun le sait, il n’en est rien. L’intégralité des compétiteurs mondiaux s’est lancée dans une course de développement de la 5G et ils accélèrent tous leurs processus de déploiement.

Pourquoi la 5G est-elle une technologie écologiquement vertueuse ?

Avec une très faible latence et une forte capacité de connexions simultanées, les réseaux 5G sont parfaitement adaptés à la robotique en essaim, aux systèmes robotisés semi-autonomes et autonomes. Une fois connectés via un réseau local 5G, ces essaims de drones aériens, terrestres, marins de surface et sous-marins vont être capables de remplir des missions absolument essentielles dans les domaines de la dépollution de vastes zones géographiques, et de lutte contre les incendies. Des expérimentations d’essaims de drones semi-autonomes dédiés à la dépollution, communiquant via des réseaux 5G ont lieu actuellement en Asie et aux États-Unis. Ces essaims sont utilisés pour collecter des résidus de plastiques en surface et en profondeur de plans d’eau. Les temps de latence très faibles de la 5G permettent d’implémenter de nouvelles fonctionnalités de coopération en temps réel des drones de l’essaim et d’améliorer les performances du dispositif. Le même type d’architecture (5G + essaim de drones + Machine Learning + autonomie) est utilisé pour surveiller l’évolution et les déplacements d’espèces animales protégées (oiseaux migrateurs, poissons, mammifères).

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La lutte contre les accidents et pollutions industrielles constitue le second axe vertueux des dispositifs 5G-Drones autonomes. Concrètement, nous savons aujourd’hui mettre en œuvre une unité robotisée constituée de plusieurs drones fonctionnellement complémentaires (aériens et terrestres) pour détecter un départ de feu dans une enceinte industrielle puis pour éteindre l’incendie sans intervention humaine.

Pour être encore plus concret sur cette capacité de pompier automatisé, souvenons-nous de la catastrophe de Lubrizol. À Rouen, dans la nuit du 26 septembre 2019, un incendie a ravagé l’usine Lubrizol classée Seveso à haut risque et les entrepôts de Normandie Logistique situés à proximité. Le panache de fumées noires et ses retombées ont provoqué une pollution massive des sols, des cultures et des habitations. Le coût total de cette catastrophe industrielle, sanitaire, écologique, économique s’élève d’ores et déjà à plusieurs dizaines de millions d’euros.

Une unité robotisée connectée via un réseau local 5G aurait été d’un grand secours durant la nuit de 26 septembre. Un dispositif constitué d’un robot pompier COLOSSUS -Shark Robotics communiquant avec un robot SPOT -Boston Dynamics équipé de caméras thermiques aurait permis de détecter le départ de feu très en amont de la catastrophe et de le traiter de la manière suivante : le robot Spot patrouille de manière autonome sur le site. Il détecte via ses caméras thermiques le départ de feu et sa localisation précise. Il alerte immédiatement son robot compagnon COLOSSUS en lui fournissant la position du feu et le meilleur trajet. Une fois sur place, COLOSSUS éteint l’incendie sans intervention humaine avant qu’il ne se propage à d’autres entrepôts. L’intervention au plus tôt sur ce type de sinistre réduit le risque d’emballement et d’évolution vers une situation incontrôlable. On peut aussi imaginer une association avec un troisième drone de type aérien pour compléter le dispositif de surveillance, détection, réaction. Le coût total de ce dispositif est strictement négligeable au regard de celui engendré par la catastrophe. Les cas d’usage de type Lubrizol ne manquent pas dans l’historique récent des incendies en zone industrielle, dans des parkings souterrains en zone urbaine, en secteur agricole ou forestier. À chaque catégorie de sinistre correspond une architecture d’essaim ou de groupe de drones coopérant de manière autonome permettant de résoudre ou de contenir le sinistre.

Les réseaux 5G locaux à faible latence connectant des drones terrestres, aériens, et marins dotés de capacités de détection et d’analyse automatisée de la menace (via du machine Learning et de la Computer Vision) vont être déployés partout où le risque industriel existe. Qu’ils soient pompiers ou collecteurs de polluants, ces systèmes robotisés autonomes deviendront ainsi les meilleurs amis de la planète.

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À propos de l’auteur
Thierry Berthier

Thierry Berthier

Pilote du groupe Sécurité – Défense – Intelligence Artificielle du Hub France IA
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