En novembre 2023, le Pakistan annonçait l’expulsion de réfugiés afghans après les avoir accusés de laisser agir les terroristes qui frappent régulièrement le pays. Depuis 2007, les attentats du Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), groupe taliban pakistanais (islamiste), ont tué plus d’un millier de personnes. Les tensions entre Islamabad et Kaboul sont de plus en plus fortes, alors que les talibans avaient été formidablement soutenus par le Pakistan pendant plus de vingt ans.
Après le retour au pouvoir des talibans à Kaboul en 2021, le Pakistan comptait sur ses alliés talibans pour qu’ils contrôlent le Tehrik-e-Taliban Pakistan (TTP), groupe taliban pakistanais, qui commet de nombreux attentats au Pakistan pour instaurer un régime islamique. Mais Kaboul n’empêche pas sérieusement le TTP de frapper. Une trahison pour le Pakistan qui s’explique par une solidarité ethnique et des intérêts géopolitiques.
La ligne Durand
En 1893, le Foreign Office veut dessiner une frontière pour délimiter la séparation entre l’émirat d’Afghanistan et le Raj britannique. Sir Mortimer Durand propose un trait qui traverse le territoire pachtoune, séparant les tribus entre les deux États. La ligne Durand, acceptée par un accord en novembre 1893, est encore aujourd’hui la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan. Les deux pays sont ainsi liés par un même peuple.
Lorsque les Soviétiques arrivent en Afghanistan en 1979, Islamabad craint d’être satellisé à son tour. Il décide alors de soutenir les islamistes pour mettre l’empire rouge sous pression permanente, en fournissant des armes et en servant de base arrière aux opposants. Les Pachtounes sont très actifs. Lorsque l’URSS se retire, l’Afghanistan plonge dans une guerre civile. Les talibans, qui naissent à ce moment-là et composés en grande partie par des Pachtounes, parviennent à prendre le pouvoir en 1996 et seront reconnus par l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Leur règne est de courte durée.
Un mois après le 11 septembre 2001, les États-Unis attaquent l’Afghanistan où est implanté al-Qaïda, lié aux talibans. Leur pouvoir s’effondre, et la lutte armée s’organise depuis les montagnes de l’est, où les galeries creusées pendant la période d’insurrection contre les Soviétiques reprennent du service. Là encore, le Pakistan accepte que son territoire pachtoune serve de base arrière et fournit à nouveau des armes à la résistance talibane, tout en concluant des accords avec les États-Unis. Islamabad y trouvait deux intérêts : le premier était de sécuriser sa frontière occidentale, le deuxième était de contrer l’influence grandissante de l’Inde en Afghanistan.
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Mais pendant ce temps-là, en 2007, les talibans pakistanais s’organisent et créent le Tehrik-e-Taliban Pakistan. Et lorsque les talibans afghans reprennent le pouvoir en 2021 avec l’appui d’Islamabad, ils ne font rien pour maîtriser le TTP comme l’espérait le Pakistan. Solidarité pachtoune, mais aussi une volonté de maintenir le Pakistan dans la difficulté. Les talibans redoutent l’influence d’Islamabad et l’accusent même de duplicité avec les États-Unis pour le décrédibiliser. Ils se cherchent de nouveaux alliés, comme l’Iran et la Chine, mais les partenaires éventuels restent pour l’instant très méfiants.
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