<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Série d’été – La libération de Paris (août 1944)

14 juillet 2024

Temps de lecture : 4 minutes
Photo : Le semi-chenillé de la 10e compagnie du RMT ouvrant le défilé sur les Champs-Élysées, le 26 août 1944. (c) Wikipedia
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Série d’été – La libération de Paris (août 1944)

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Après la déroute de 1940 et la prise de Paris par les forces du IIIe Reich, la capitale française sera reprise par les forces alliées quatre ans plus tard, au terme de nombreuses batailles et autant de sacrifices. Retour sur une étape importante du dénouement de la Seconde Guerre mondiale, la libération de Paris. 

Le 10 mai 1940, l’offensive allemande débute sur le front de l’Ouest. En seulement un mois, les troupes allemandes percent le front et débarquent dans la capitale le 14 juin 1940. Huit jours plus tard, la capitulation est signée et le territoire national est divisé. Paris, déclarée ville ouverte afin de limiter les dégradations, est aux mains des Allemands. La capitale française devient dès lors le siège du commandement militaire allemand en France (Militärbefehlshaber in Frankreich). 

L’installation des Allemands dans la ville se fait rapidement et de manière organisée. Ils investissent une ville vide de sa population, car plus de deux tiers de la population de la capitale a fui, et de son gouvernement, ce dernier ayant fui en Touraine. Le drapeau à croix gammée flotte alors sur les hauts lieux symboliques de la ville et de la France, comme la tour Eiffel, le Sénat ou l’Assemblée nationale. Ils remplacent même les panneaux (pour des indications en allemand), les horloges (réglés à l’heure de Berlin) et le cours monétaire. 

La capitale parisienne sera reprise par les forces alliées quatre ans plus tard. 

Alors que le Débarquement a lieu le 6 juin 1944 au matin, l’opération Overlord prévoit l’avancée des troupes alliées en direction du bassin de la Ruhr, région d’Allemagne où est concentrée l’industrie lourde allemande. Engagées dans l’est du pays, les troupes américaines menées par les généraux Eisenhower et Bradley décident de contourner par le nord de la capitale. La libération de Paris, ville à intérêt stratégique faible, est initialement prévue pour octobre 1944. 

Finalement convaincu par le général de Gaulle et les services secrets français de l’importance symbolique et stratégique de Paris, Eisenhower finit par donner l’ordre de marcher vers la capitale française le 22 août 1944.  

Situation de la ville et rôle de la résistance

À la suite du débarquement de Normandie et la percée du front de l’ouest par les Alliés, la ville de Paris est pauvrement défendue. La garnison allemande comprend environ 20 000 hommes, mal entraînés, mal équipés, et aux unités disparates. Ils sont appuyés par la 116e Panzer Division forte de 80 chars et autant de pièces d’artillerie, dont la plupart sont désuètes. Ils recevront le renfort d’une division SS ainsi que des pionniers de la Luftwaffe. Les troupes allemandes de la ville sont alors sous les ordres de Dietrich von Choltitz, nommé gouverneur militaire du Grand Paris le 7 août 1944. 

La résistance parisienne est commandée par le colonel Rol-Tanguy, de son vrai nom Henri Tanguy, et le colonel Lizé, de son vrai Jean de Marguerittes. Bien que pauvrement équipée et opérant souvent sans liaison radio, la population parisienne joua un rôle clé dans la libération de la ville. 

Avec l’annonce de l’avancée des alliés début août 1944, les grèves se multiplient. Tour à tour, les cheminots, les policiers et les ouvriers de la ville se mettent en grève, jusqu’au déclenchement de la grève générale le 18 août. Le même jour, Rol-Tanguy lance un appel à l’insurrection face à l’occupant allemand. Le 19 au matin, deux mille policiers prennent d’assaut la préfecture de police de la capitale et, hissant le drapeau tricolore, tiennent face aux Allemands. Le lendemain, ils réussissent même à reprendre l’Hôtel de Ville. Les combats font rage entre les FFI et les troupes allemandes, qui perdent rapidement du terrain. Le 22 août, Rol-Tanguy envoie son chef d’état-major, le commandant Cocteau, auprès des forces alliées pour leur indiquer que la moitié de la ville est libérée, mais que la situation des résistants est critique. 

Résistants français tirant sur les Allemands au cours de la bataille pour Paris. (c) Wikipedia

La 2e DB marche vers Paris

En décembre 1943, à Alger, le général de Gaulle a obtenu du général américain Dwight Eisenhower la promesse que la ville de Paris soit libérée par des forces françaises. La libération de Paris est confiée aux ordres du général Leclerc qui, forçant la main aux Américains, lance ses éléments de reconnaissance de sa 2e division blindée vers la ville. 

Il se lance depuis Argentan, ce qui signifie une avancée sur 200 kilomètres sans aucun soutien aérien allié, et contourne par le sud les défenses allemandes placées à l’ouest de la ville. Après deux jours de combat, le premier groupement de la 2e DB entre dans Paris le 24 août 1944, et vient se positionner en renfort des FFI. Guidés par ces derniers, ils se dirigent vers l’état-major allemand, situé rue de Rivoli. 

Le 25 août 1944, l’état-major allemand est fait prisonnier et la capitulation est signée à la gare Montparnasse. Le jour même, de Gaulle prononce son fameux discours à l’Hôtel de Ville : « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! ». Un défilé de la victoire est organisé le 26 août et les troupes de Leclerc défilent sur les Champs-Élysées, acclamées par la population parisienne. 

Le général de Gaulle et son entourage descendent de l’Arc de Triomphe vers Notre-Dame pour un office religieux après la libération de Paris, le 26 août. (c) Wikipedia

La destruction de Paris 

Adolf Hitler voulait faire de la ville de Paris la même chose qu’à Stalingrad. Il avait donné l’ordre de détruire les monuments et de faire sauter tous les ponts de la ville. Il comptait mater la Résistance avec une fermeté impitoyable et se battre jusqu’au dernier homme dans les rues de la capitale. Or le général Von Choltitz, qui n’a pas de quoi résister à l’insurrection populaire et à l’avancée des forces alliées, n’a pas non plus le temps de mettre en œuvre cette destruction massive de la ville, qu’il semble d’ailleurs ne pas vouloir.  

La ville ne sera finalement pas détruite par les troupes allemandes, même si la Luftwaffe lance, le 26 août au soir, un dernier raid incendiaire sur la capitale. 

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Côme du Cluzel

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