La crise du Sahara occidental ne saurait totalement se résumer aux vives tensions opposant l’Algérie à son voisin, le royaume du Maroc. Cette région du monde est essentielle pour les Européens et l’Afrique, notamment de par sa proximité avec le Sahel où se sont implantés les djihadistes. Isolé et peu soutenu, le Maroc doit compter sur la France pour se sortir de ce bourbier.
Une tribune libre de Gabriel Robin, journaliste et consultant
Le 20 octobre dernier, le Sénat des États-Unis a mis son véto à l’ouverture d’un consulat américain dans la ville de Dakhla, comme pour se distinguer de l’administration Trump qui avait admis et reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. En juin, la commission des Affaires étrangères de la chambre des représentants bloquait le projet du consulat de Dakhla et la vente des drones MQ-9B au Maroc.
L’administration Biden fait ici montre de toute son hypocrisie, ne remettant officiellement pas en question les velléités trumpiennes tout en humiliant le Maroc. L’Algérie des généraux s’en réjouit d’ailleurs ouvertement, estimant dans la presse locale que l’introduction dans la loi d’affectation budgétaire de l’année fiscale 2021-2022 d’une clause intitulée « limitation du soutien aux forces militaires du Maroc pour les exercices bilatéraux ou multilatéraux » constituait « un énorme coup de pression du Sénat américain sur le département d’État, le département de la défense et le royaume du Maroc ».
Les États-Unis cherchent donc à forcer le Maroc à négocier avec le front Polisario, marionnette algérienne au Sahara occidental. L’objectif est clair : déposséder progressivement le royaume de sa souveraineté sur cette région du monde stratégique. En l’espèce, les intérêts français et marocains convergent, compte tenu de la détermination marocaine à lutter contre les djihadistes et des relations pour le moins complexes que la France entretient avec l’Algérie, pays exigeant de notre part une repentance permanente et utilisant le passé colonial pour entretenir l’esprit de sa population dans une haine absurde et contre-productive.
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Jeu entre l’Algérie et la Russie
Il est notable que depuis quelques mois, l’État algérien cherche à monter en puissance dans le cadre de la guerre au Sahel. Les généraux algériens se sont ainsi rapprochés de la Russie – pays avec lequel les relations sont nourries depuis l’Indépendance -, laquelle tente d’imposer la force Wagner au Mali. Cette unité semi-privée a d’ailleurs déjà remplacé la France en Afrique centrale, témoignant de la montée en puissance des armées privées employées par les États, comme nous l’avions déjà constaté en Irak et en Syrie avec Blackwater.
Forte de ces appuis puissants, l’Algérie multiplie les démonstrations d’hostilité : fermeture de son espace aérien aux avions marocains, patrouilles navales à proximité des eaux territoriales marocaines, etc. Que fait donc l’Europe ? Elle se tait et compte les points. Une plainte du Polisario déposée par l’avocat français Gilles Devers a fait florès, la Cour de justice de l’Union européenne ayant annulé la décision du Conseil du 4 mars 2019 qui portait sur la conclusion d’un accord de partenariat dans le domaine de la pêche durable entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc, de son protocole de mise en œuvre ainsi que de l’échange de lettres accompagnant l’accord. Est-il acceptable qu’un juge, transnational de surcroit, décide de la politique étrangère et commerciale que nous devrions mener ?
Le Sahara occidental doit rester marocain dans la mesure où ce territoire appartient historiquement au Maroc et que des liens d’allégeance anciens existent entre les tribus du territoire et le sultanat marocain. Nous devons agir contre l’ingérence permanente de l’Algérie en soutenant le Maroc dans le sens de nos intérêts géostratégiques. Le Sahara occidental est une zone tampon entre le Sahara et le Sahel. Il constitue donc une zone capitale pour lutter contre l’immigration incontrôlée, contre les groupes djihadistes dont le Polisario est proche, et contre toutes les formes de trafic et de criminalités sévissant dans la zone sahélo-saharienne. Que la France reconnaisse enfin la souveraineté du Maroc au Sahara occidental : c’est son devoir et son intérêt immédiat.