Livre – Dans les limbes de la Révolution russe. Les Alliés et le sort de la Famille impériale mars-août 1917

22 décembre 2019

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : Le tsar Nicolas II et toute sa famille visitant l'hôpital de Tsaritsa en Crimée pendant la Première Guerre mondiale, Auteurs : MARY EVANS/SIPA, Numéro de reportage : 51276170_000001.

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Livre – Dans les limbes de la Révolution russe. Les Alliés et le sort de la Famille impériale mars-août 1917

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Le 15 août 2000, l’Eglise orthodoxe russe annonce la canonisation de la Famille impériale assassinée dans la nuit du 16 au 17 juillet 1918 à Ekaterinbourg dans l’Oural. Moins d’un an après la prise du pouvoir par Lénine, l’héritier de Michel Ier Romanov, fondateur de la lignée, était abattu au nom de la révolution. Cette évènement fit couler beaucoup d’encre, notamment quant à la participation ou la passivité des alliées qui, par peur ou lâcheté, ne se sont pas immiscés dans l’affaire. 

 

Poussé par ses généraux, de plus en plus mécontents de l’incurie qui régnait au sommet de l’empire des tsars, acceptant son sort avec dignité, Nicolas II abdiqua le 2 mars 1917. Alors que les événements révolutionnaires se déroulaient dans la capitale, rebaptisée Petrograd en 1914, l’ancien tsar, qui avait été ramené d’autorité au palais de Tsarskoïe Selo où il retrouva sa famille, attendait stoïquement son sort. Il pensa encore pouvoir se retirer tranquillement en Crimée avant que tous ne fussent envoyés à Tobolsk en Sibérie, le 13 août 1917. On connaît la suite. Cela a mené à la nuit sanglante du 16 au 17 juillet 1918 à Ekaterinbourg dans l’Oural. Cette séquence tragique, encore entourée de mystère, était-elle pour autant écrite d’avance ? C’est sur ce court laps de temps que s’est penché l’auteur.

En explorant des archives parfois inédites, car, si les circonstances exactes de l’exécution des Romanov ont fait l’objet de centaines de livres, presque aucun n’a examiné la question de savoir si le tsar et sa famille auraient pu être sauvés en partant en exil. Quelles furent donc les responsabilités des acteurs portés au pouvoir par la révolution de Février notamment Alexandre Kerenski, ministre de la Justice puis ministre de la Guerre du gouvernement provisoire et de Paul Milioukov, ministre des Affaires étrangères ? Que pensaient et désiraient, dans leur for intérieur, les gouvernements britannique et français ? La famille royale britannique était apparentée aux Romanov, Nicolas II et Georges V se ressemblaient comme deux gouttes d’eau. La tsarine, née Alix de Hesse Darmstadt, n’était autre que la petite-fille de la reine Victoria, la « grand-mère de l’Europe ». Quel enchevêtrement de circonstances s’opposa à l’exfiltration de la Famille impériale ? Les archives britanniques, américaines, françaises et russes permettent aujourd’hui de démêler le vrai du faux et d’apporter un éclairage révélateur sur une affaire qui fut très intentionnellement falsifiée dans les récits de ceux qui y avaient été mêlés, parfois sur l’ordre de leurs propres gouvernements. Son sort s’est également décidé à l’extérieur parce que, finalement, aucun des pays alliés ne souhaitait réellement l’accueillir ; et là, la Grande-Bretagne est loin, bien loin d’être la seule à adopter cette attitude, car c’est aussi le cas de la France. Des raisons de politique intérieure l’expliquent, notamment le poids de l’opinion publique, parce que personne aussi ne voulait compromettre les chances de maintenir la Russie dans le conflit, car la guerre contre les Empires centraux se poursuivait toujours. Il existait donc, d’un côté un pouvoir russe encore mal assuré qui ne cessait de tenter de concilier les contraires, de l’autre, des gouvernements dont le seul objectif et la seule préoccupation étaient, non sans un certain cynisme, de conserver leur allié pour gagner la guerre. C’est décliné d’une façon ou d’une autre, la raison d’État qui prédomine, raison d’Etat dont la famille impériale russe fera à terme les frais tragiques.

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Nicolas II avait cru pouvoir échapper à son destin en abdiquant, oubliant que seule la mort peut délivrer un tsar de Russie de son fardeau. Ne pouvant pas quitter son pays, ne pouvant pas continuer d’y exister, le dernier Romanov s’était trouvé projeté, comme tant de Russes au XXe siècle, dans les limbes de la Révolution.

Loïc Damilaville, Dans les limbes de la Révolution russe: les Alliés et le sort de la Famille impériale mars-août 1917, Bernard Giovanangeli Editeur, 2019, 334 pages.

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À propos de l’auteur
Eugène Berg

Eugène Berg

Eugène Berg est diplomate et essayiste. Il a été ambassadeur de France aux îles Fidji et dans le Pacifique et il a occupé de nombreuses représentations diplomatiques.

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