L’Ouzbékistan initie de nombreuses réformes dont l’objectif est d’intégrer davantage le pays dans la région et de renforcer les liens culturels et économiques avec l’Europe. La prochaine exposition qui se tiendra au Louvre est l’un des éléments de cette politique européenne de l’État d’Asie centrale.
Par Anvar Nasirov, directeur de l’Institut international d’Asie centrale
Après l’élection de Shavkat Mirziyoyev à la tête de l’Ouzbékistan en 2016, la politique intérieure et étrangère du pays a radicalement changé. Le dirigeant a entamé la mise en œuvre d’un vaste complexe de réformes visant à moderniser toutes les sphères de la société et de l’État, ce qui devrait assurer le développement durable du pays.
Cela s’est traduit dans la Stratégie d’action pour les domaines prioritaires de développement jusqu’en 2021 et la Stratégie de développement jusqu’en 2026, dont la priorité est le principe « De la stratégie d’action à la stratégie de développement ». Le résultat des programmes conceptuels et des réformes cardinales a été les conditions préalables à la construction du Nouvel Ouzbékistan et de la Troisième Renaissance.
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Le Nouvel Ouzbékistan
Le Nouvel Ouzbékistan est un État en développement dynamique, dont l’objectif principal est d’assurer une vie libre, confortable et prospère à notre peuple multinational. Il s’agit d’un État qui se développe dans le strict respect des normes généralement reconnues dans le domaine de la démocratie, des droits de l’homme et des libertés, sur la base des principes d’une coopération égale et mutuellement bénéfique avec la communauté internationale.
Les grands principes de toutes les transformations accordent la prééminence au peuple sur les organismes gouvernementaux et le respect des personnes dans le domaine juridique.
Lors de son premier discours à la réunion de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2017, le président Shavkat Mirziyoyev, a clairement déclaré depuis la tribune que l’Ouzbékistan définit la région de l’Asie Сentrale comme la principale priorité de sa politique étrangère. Et c’est un choix conscient.
Le chef de l’État a souligné que : « Étant au cœur de l’Asie Centrale, l’Ouzbékistan est directement intéressé à ce que la région devienne une zone de stabilité, de développement durable et de bon voisinage. Une Asie Centrale pacifique et économiquement prospère est notre objectif le plus important et notre tâche clé ».
Aujourd’hui, nous pouvons dire déjà que dans la région, où vivent plus de 70 millions de personnes, grâce aux efforts de l’Ouzbékistan, une atmosphère politique complètement nouvelle s’est mise en place, ce qui a permis de transformer le cours du développement de notre région dans un sens positif.
Tout cela a été le résultat de la restauration d’un dialogue constructif, du renforcement du bon voisinage et du développement d’un partenariat mutuellement bénéfique entre les États d’Asie centrale.
Le président de l’Ouzbékistan est déterminé à consolider les efforts visant à accroître la coopération régionale en Asie centrale, ainsi qu’à approfondir les relations bilatérales avec les pays voisins : le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et le Turkménistan, avec lesquels des relations de partenariat stratégique ont été établies, et dont un certain nombre sont élevés au rang d’alliance. Cela ne s’est jamais produit dans l’histoire.
Par des efforts conjoints, on a réussi à résoudre de nombreux problèmes qui obscurcissaient et entravaient auparavant le développement de la coopération. Ainsi, grâce à la politique ouverte et pragmatique de l’Ouzbékistan, les frontières ont été ouvertes et des conditions favorables ont été créées pour les déplacements mutuels des citoyens, de nouvelles voies aériennes, routières et ferroviaires ont été restaurées et lancées, les problèmes d’utilisation de l’eau se résolvent avec succès.
À l’initiative du dirigeant de l’Ouzbékistan, depuis 2018, le mécanisme des réunions consultatives des chefs d’État d’Asie centrale a été lancé, au sein duquel les questions les plus urgentes de coopération régionale sont discutées et des solutions mutuellement acceptables sont élaborées sur la base du respect et de la considération des intérêts de chacun.
Cette dynamique de développement a jeté les bases de la transformation de la région de l’Asie centrale en une plate-forme unique de commerce et d’investissement, de transport et de communication, ce qui contribue à la mise en œuvre de projets de coopération industrielle dans divers secteurs de l’économie, de l’industrie automobile à l’agriculture, à la mise en œuvre de l’intégration des transports et du transit, à l’élargissement des contacts entre les régions de nos États, l’approfondissement des liens culturels et humanitaires.
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Investissements économiques
Une Asie centrale stable devient l’un des centres importants de la croissance économique. Selon un certain nombre d’experts, le PIB total des pays de la région au cours des quatre dernières années a augmenté de 25 % et a dépassé les 300 milliards de dollars. Le chiffre d’affaires commercial entre l’Ouzbékistan et les pays de la région a décuplé et dépassé 6,5 milliards de dollars. Les liens coopératifs se renforcent, des sociétés d’investissement paritaires et d’autres instruments financiers pour la mise en œuvre de grands projets ont été créés. À leur tour, les entreprises ouzbèkes ont commencé à investir activement dans les pays voisins, ce qui contribue au développement des économies et à la création de nouveaux emplois.
Pour la première fois dans l’histoire, l’Ouzbékistan, le Kirghizistan et le Tadjikistan commencent à mettre en œuvre des projets communs dans le secteur de l’énergie – il s’agit de la construction de grandes centrales hydroélectriques sur les fleuves Naryn et Zarafshan.
La conséquence de ces changements a également été le développement cohérent de positions coordonnées par les pays sur les questions intra-régionales et une coordination étroite au sein des plates-formes internationales et régionales. La position unifiée des États d’Asie centrale a commencé à résonner dans le cadre de l’ONU, de la CEI, de l’OCS, de l’OCI, de l’OCE (l’Organisation de coopération économique), de l’OET (l’Organisation des États turcs) et d’autres structures.
La politique étrangère de l’Ouzbékistan vise également à renforcer l’interconnexion de la région d’Asie centrale avec d’autres partenaires et régions importants.
C’est précisément ce à quoi a servi la conférence internationale « Asie centrale et du Sud : interconnexion régionale. Défis et opportunités » organisée en juillet 2021 à Tachkent, à l’initiative du président.
L’intérêt de la communauté internationale pour la région de l’Asie Centrale dans son ensemble s’est considérablement accru, comme en témoigne l’efficacité, des formats internationaux «5 + 1 », avec la participation des États-Unis, de la Corée du Sud, du Japon, de l’Inde, la Chine, la Russie, l’Union européenne et le Conseil de coopération des États arabes du golfe Persique. Et la région elle-même est également intéressée par les plates-formes multilatérales à travers lesquelles les pays d’Asie centrale cherchent à construire un dialogue constructif avec les principaux acteurs mondiaux sur un pied d’égalité. Il est important que le processus de rapprochement ne soit dirigé contre les intérêts de personne et vise à approfondir la coopération régionale.
Comme l’a noté le président Shavkat Mirziyoyev lors du récent premier sommet Asie Centrale-Union européenne, «il y a encore des problèmes non résolus dans la région. Mais nous sommes convaincus que notre forte volonté politique et notre esprit créatif commun contribueront à la poursuite du rapprochement des pays et peuples frères de la région ».
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Relations avec la France
Notre pays est également intéressé à établir un dialogue bilatéral constructif avec les États membres de l’UE, dont l’une des locomotives est la France.
Bien que les relations diplomatiques entre nos États aient été établies le 1er mars 1992, les relations franco-ouzbèkes ont connu leur véritable développement à partir du second semestre 2016, lorsque le vecteur d’un dialogue ouvert dans tous les domaines a été posé.
À l’invitation du président Emmanuel Macron, le président de la République d’Ouzbékistan a effectué une visite officielle en France en octobre 2018. C’était le premier pays d’Europe visité par le dirigeant de l’Ouzbékistan.
La dernière conversation entre les deux dirigeants a eu lieu en août dernier à l’occasion du 30e anniversaire de l’indépendance de la République d’Ouzbékistan.
Les liens se développent activement au niveau des parlements et du public. Au Sénat et à la Chambre législative (chambre basse) de l’Oliy Majlis (Parlement) d’Ouzbékistan, des groupes d’amitié ont été créés avec le Sénat et l’Assemblée nationale de France.
Aujourd’hui, la France est un partenaire important de l’Ouzbékistan dans les domaines économiques, d’investissement, financier et technique. Il existe des exemples réussis de partenariat dans le domaine de l’énergie, de l’automobile, de l’exploration, de la production de matériaux de construction, du tourisme et autres.
Le commerce mutuel se développe de manière dynamique. En janvier-septembre de cette année, son volume a dépassé 230 millions de dollars, dont l’exportation de produits ouzbeks a été multipliée par 9 et a atteint près de 70 millions. Bien que les chiffres ne soient pas impressionnants. Il s’agit d’une croissance significative par rapport aux dernières années.
Dans le développement des relations franco-ouzbèkes, une place importante est accordée à la sphère culturelle et humanitaire. L’Association pour l’Étude de l’Art et de l’Histoire des Temourides, l’Association « Avicenne-France » opère à Paris.
Des représentants de la France participent régulièrement au festival international « Sharq taronalari » à Samarcande.
En Ouzbékistan, plus de 280 000 étudiants dans 1 260 écoles, collèges et lycées, ainsi que dans 11 universités, étudient le français.
À partir du mois de novembre, le Louvre, débute une exposition intitulée « La splendeur de l’Asie Centrale. Sur les routes des caravanes d’Ouzbékistan », qui comprendra des éléments liés à l’histoire ancienne de l’Ouzbékistan. Par ailleurs, une exposition « Route de Samarcande, couleurs et splendeurs de l’Ouzbékistan » est prévue à l’Institut du monde arabe.
Malgré les réalisations ci-dessus, les cercles d’experts de l’Ouzbékistan estiment qu’il existe un énorme potentiel de renforcement de la coopération bilatérale ouzbéko-française et du partenariat entre la France et l’ensemble de la région de l’Asie centrale.
À cet égard, il convient de développer les relations entre les parties dans les domaines suivants : développement « vert », généralisation des innovations, technologies économes en énergie et économes en ressources, digitalisation des secteurs économiques, développement de l’agriculture et des villes « intelligentes ».
Les points d’interaction suivants sont également considérés comme très prometteurs :
– l’assurance de la conformité des produits industriels d’Asie centrale avec les normes et réglementations techniques européennes élevées ;
– la création de corridors de transport et de logistique efficaces pour un accès optimal aux marchés des uns et des autres, en tenant compte des contraintes actuelles, principalement à travers le développement de la route multimodale transcaspienne ;
– l’organisation des événements et des promotions ciblés communs, dans le but de reconnaître et d’être en demande pour les produits des pays d’Asie centrale par les consommateurs européens ;
– l’expansion des échanges éducatifs, scientifiques, touristiques et culturels.
Ainsi, le Nouvel Ouzbékistan est devenu aujourd’hui une sorte de porte d’entrée vers l’ensemble de l’Asie centrale et offre aux partenaires une occasion unique d’interagir avec succès avec toute la région, en utilisant le potentiel économique et humanitaire croissant.
Je suis sûr que lors de la prochaine visite officielle du président de la République d’Ouzbékistan Shavkat Mirziyoyev en République française, un échange de vues détaillé sur l’état actuel et les domaines les plus prometteurs de la coopération ouzbèke-française aura lieu, et des accords spécifiques seront atteints sur un large éventail de coopération, ce qui amènera un partenariat mutuellement bénéfique à un nouveau niveau.
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