Dans un contexte de crise majeure comme celle que traverse l’Europe, quand la nécessité de diversifier non seulement ses sources d’approvisionnement énergétique, mais également ses partenaires économiques solides et durables devient une urgence, des pays d’Afrique et du Moyen-Orient, mais également d’Asie Centrale peuvent devenir des partenaires majeurs du futur. C’est notamment le cas de l’Ouzbékistan, qui se rêve depuis plusieurs années un destin de locomotive politique et économique de la région.
Henri Fourcadis
Hydrocarbures, blé, terres rares, or, uranium : le pays a de nombreux atouts dans ses sous-sols et sur ses terres dont nous avons besoin. Et le pays est en train de poursuivre une mue historique et inédite vers la démocratisation et l’ouverture économique qui devrait attirer de plus en plus les bailleurs de fonds internationaux et les investisseurs étrangers.
À cette occasion, entre le 24 et le 26 mars, Tachkent a accueilli le premier Forum international sur l’investissement (TIIF). Premier du genre en Ouzbékistan, l’évènement a réuni des représentants des milieux d’affaires et politiques du monde entier. Plus de 1500 personnes de près de 56 pays étaient présentes.
Une région stratégique
Ancienne République soviétique, ayant obtenu son indépendance en 1991, l’Ouzbékistan entame un nouveau chapitre de sa modernisation, après la réélection de son président Shavkat Mirziyoyev, à l’origine d’un vote récent d’une ambitieuse politique de développement économique.
Au cœur d’un sous-continent stratégique agité, entre l’Afghanistan et le Kazakhstan, l’Ouzbékistan cherche avant tout la stabilité pour permettre son développement rapide.
L’objectif principal du gouvernement est de hisser progressivement le pays, au rang des États qui dépassent la moyenne mondiale de revenus per habitant.
Les réformes seront nombreuses : libéralisation de l’économie, privatisation de nombreux secteurs clés de l’économie, mise en place de la libre concurrence, fin des grands monopoles d’État, stratégie globale pour attirer les investissements étrangers.
L’Ouzbékistan ambitionne de devenir un carrefour économique incontournable de la région et s’en donne les moyens. Le forum qui vient de s’achever a pour vocation de devenir un événement important pour le pays et de s’inscrire durablement sur l’agenda international.
À l’occasion du forum, le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures pour mettre en œuvre ses réformes socio-économiques, et ses priorités pour le développement stratégique du pays pour les années à venir : fin des visas pour près de 90 pays, lutte contre la corruption intensifiée, protection des travailleurs et développement du droit du travail. Enfin, l’Ouzbékistan a été nommé membre du Conseil des Droits de l’Homme pour les Nations Unies.
Le Forum a démarré avec la signature de plusieurs accords économiques et d’investissements déjà négociés. Ont suivi des discussions avec de hauts représentants des institutions internationales, notamment de la Banque européenne pour la Reconstruction et le Développement (BERD), de la Banque d’Investissement asiatique pour l’Infrastructure, de la Banque asiatique de Développement (ADB), du ministère saoudien de l’Investissement et de l’Organisation mondiale du Commerce à laquelle l’Ouzbékistan a postulé depuis de nombreuses années.
Potentialités nombreuses
Les thématiques du Forum furent nombreuses : potentiel d’investissement en Asie centrale, transformations des marchés régionaux, capacités d’investissement dans le tourisme, développement des énergies vertes, l’Ouzbékistan comme futur hub régional, le redéploiement des industries, la digitalisation des marchés financiers, l’investissement dans les industries du textile et de la soie, l’intégration du pays dans les marchés régionaux et internationaux, etc.
L’Europe prend de plus en plus de place en Asie Centrale et le Conseil de coopération qui a eu lieu entre l’Union européenne et l’Ouzbékistan le 16 novembre 2021, avait déjà fait un point d’étape sur l’évolution de ces relations et la nécessité de les renforcer. Nul doute que la guerre au cœur de l’Europe renforcera la volonté d’investissement européen dans le pays et l’approfondissement de ses relations bilatérales.