Avec ses photographies, Steve McCurry a créé un monde de portraits qui retracent l’histoire des 40 dernières années. En Asie, beaucoup, en Afrique et en Amérique, McCurry a photographié les émotions, les regards, les poses, les situations. Autant d’images qui racontent les événements et qui posent les jalons des évolutions du monde. Une vie de portraits dont le musée Maillol expose quelques photos emblématiques.
Reporter de guerre, photographe, chasseur d’images, mise en composition des hommes et des situations vécues, Steve McCurry a parcouru le monde pour trouver la bonne pose, le bon regard, la bonne expression, celle qui dit quelque chose de l’instant et de la situation. Son portrait d’une jeune fille afghane réfugiée au Pakistan (1984), « la jeune fille aux yeux verts » est l’un de ses plus connus et l’exposition du musée Maillol n’échappe pas à ce topos imposé, en présentant le portrait de 1984 et celui de 2002, après que McCurry a retrouvé la trace de cette jeune fille. Lors de la première photo, elle avait 13 ans. 18 ans plus tard, elle en a 30, mais dans ses yeux et son visage c’est une trace de temps nettement plus importante qui est marquée.
Exposition « Le monde de Steve McCurry », musée Maillol, prolongations jusqu’au 31 juillet.
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Capter le regard
L’exposition débute par une série de portraits en noir et blanc, pris en Afghanistan dans les années 1980. Ce sont les plus intenses, les plus humains. Sans la couleur, la lumière seule agit, avec ses ombres et ses clartés, rendant toute l’intensité du portrait. La couleur apporte une couche supplémentaire, qui peut certes dire, mais qui efface aussi l’intensité des regards et des sentiments. Or c’est cela que McCurry capte : le regard et l’humanité révélée par celui-ci. Que ce soit en Inde ou dans les usines américaines, que ce soit dans les rues d’Afrique ou dans les supermarchés de Californie, d’abord un regard qui dit l’intensité du monde et du moment, qui dit la situation sociale et politique. Il y a très peu de paysages chez McCurry, urbains ou végétaux, même si l’exposition présente quelques photos prises le 11 septembre 2001.
C’est l’homme d’abord qui est photographié, avec ce que cela signifie d’histoire et de moment présent. On peut regretter que l’exposition ne présente pas davantage de photographies réalisées aux États-Unis. Les deux qui sont présentes témoignent d’un McCurry qui sait aussi lire le pays dans lequel il vit, et pas seulement les peuples de l’Hindou-Kouch ou des zones reculées. Steve McCurry est un véritable reporter, c’est-à-dire qu’il rapporte ce qu’il voit, ce qui ne l’empêche pas de le faire avec sens de l’art et de l’esthétique. C’est toute la difficulté de la photographie qui oscille entre simple représentation d’une situation ou création artistique qui va au-delà du moment présent. McCurry a réussi les deux, raison pour laquelle ses photos sont autant appréciées et peuvent encore parler à l’esprit et au cœur, même plusieurs décennies après leur prise.
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