Septième secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Kofi Annan a été le premier à sortir des rangs du personnel et le premier Africain à exercer le « métier le plus difficile du monde ». Il a entamé son premier mandat le 1er janvier 1997. Le 29 juin 2001, sur recommandation du Conseil de sécurité, l’assemblée générale l’a réélu par acclamation pour un second mandat, commençant le 1er janvier 2002 et s’achevant au 31 décembre 2006. Secrétaire général, il s’est donné comme tâches prioritaires de revitaliser les Nations unies par un programme complet de réformes, de renforcer l’action traditionnelle de l’ONU dans les domaines du développement et du maintien de la paix et de la sécurité internationales, de défendre les droits de l’homme et de propager le respect de la légalité et des valeurs universelles d’égalité, de tolérance et de dignité humaine qui figurent déjà dans la charte des Nations unies. De rétablir également la confiance de l’opinion publique dans l’Organisation en l’ouvrant à de nouveaux partenaires et, selon ses propres termes, en « rapprochant les Nations unies des peuples ».
Un parcours au sein des instances internationales
En 1990, après l’invasion du Koweït par l’Irak, M. Annan avait reçu du secrétaire général pour mission spéciale d’organiser le rapatriement de l’Irak de plus de 900 fonctionnaires internationaux et ressortissants de pays occidentaux. Il a ensuite dirigé la première équipe des Nations unies chargée de négocier avec l’Irak sur la question de la vente du pétrole pour financer l’aide humanitaire. Avant, il a également rempli les fonctions de sous-secrétaire général (mars 1992-février 1993) puis de secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix (mars 1993-décembre 1996), ce qui en fait un expert reconnu en ce domaine. Ces fonctions de secrétaire général adjoint ont coïncidé avec une croissance exceptionnelle des effectifs et de l’extension géographique des opérations de maintien de la paix des Nations unies qui, à leur maximum, en 1995, comportaient un déploiement total de près de 70 000 militaires et civils originaires de 77 pays. Entre novembre 1995 et mars 1996, après l’accord de paix de Dayton, qui a mis un terme à la guerre en Bosnie-Herzégovine, M. Annan a été représentant spécial du secrétaire général pour l’ex-Yougoslavie, supervisant à cette occasion la transition, en Bosnie-Herzégovine, de la Force de protection des Nations unies (FORPRONU) à une force multinationale de mise en œuvre de la paix (IFOR) sous la direction de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN).
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Favoriser la paix en Afrique
Lorsqu’il prend la direction de l’ONU, les conflits s’éparpillent : la guerre en Bosnie prend tout juste fin, mais la deuxième guerre du Golfe s’éternise. Quand Kofi Annan est réélu pour un second mandat, l’organisation doit faire face aux conséquences des attentats du 11 septembre 2001 puis de la guerre en Irak. L’une de ses premières initiatives fut son plan de réformes intitulé « Rénover les Nations unies », présenté aux États membres en juillet 1997. En juillet 1998 est adopté le statut de Rome, qui crée la Cour pénale internationale, juridiction pénale permanente chargée de juger les personnes accusées de génocide, de crime contre l’humanité, de crime d’agression et de crime de guerre. Elle démarre son action en 2002, malgré la réticence des États-Unis et de la Russie, qui n’ont jamais ratifié le texte, tout comme la Chine, qui ne l’a pas signé. Son rapport d’avril 1998 au Conseil de sécurité sur « les causes des conflits et la promotion de la paix et d’un développement durable en Afrique » compte parmi plusieurs tentatives pour maintenir l’engagement de la communauté internationale en faveur de l’Afrique.
Il a proposé ses bons offices dans plusieurs situations politiquement délicates. Alors que les États-Unis veulent bombarder l’Irak, Kofi Annan parvient en 1998 à désamorcer la crise en obtenant de Saddam Hussein qu’il consente à un protocole autorisant les inspecteurs des Nations unies à visiter tout site suspect en Irak. Une de ses missions, en 1998, consista à promouvoir la transition à un pouvoir civil au Nigeria, puis un accord, en 1999, pour sortir de l’impasse entre la Jamahiriya arabe libyenne et le Conseil de sécurité au sujet de l’attentat de Lockerbie remontant à 1988. Il procéda à une action diplomatique en 1999 pour organiser une réaction internationale à la violence au Timor oriental, obtint la certification du retrait israélien du Liban en septembre 2000 et plusieurs autres efforts, depuis que la violence avait de nouveau éclaté, pour encourager les Israéliens et les Palestiniens à régler leurs différends par des négociations pacifiques s’inspirant des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité et du principe « la terre contre la paix ».
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En avril 2000, il a publié son rapport sur le millénaire intitulé « Nous les peuples : le rôle des Nations unies au xxie siècle », dans lequel il invite les États membres à s’engager en faveur d’un plan d’action pour l’élimination de la pauvreté et de l’inégalité, l’amélioration de l’éducation, la réduction du sida, la préservation de l’environnement et la protection des peuples contre les conflits et la violence. C’est de ce rapport que s’inspire la déclaration du millénaire adoptée par les chefs d’État et de gouvernement au sommet du millénaire, qui s’est tenu en septembre 2000 au siège de l’Organisation des Nations unies. Le 10 décembre 2001, le secrétaire général de l’ONU a reçu le prix Nobel de la paix. Lorsqu’il lui a décerné ce prix, le comité Nobel a noté que M. Annan avait joué un rôle déterminant pour ce qui est d’insuffler une nouvelle vie à l’Organisation. Le décernant également à cette dernière, il a dit que son intention était de proclamer que le seul chemin praticable vers la paix et la coopération mondiales passait par l’ONU. « J’ai essayé de placer l’être humain au centre de tout ce que nous entreprenons : de la prévention des conflits au développement et aux droits de l’homme », avait-il déclaré en acceptant le prix Nobel à Oslo. À son départ, il était un des dirigeants de l’ONU les plus populaires.