L’Armée de Terre participe à la protection de la population via notamment la Brigade des Sapeurs-pompiers de Paris et la Sécurité civile. Entretien pour comprendre les missions et les actions de chacun.
Le chef de bataillon Benoît (Formation militaire de la Sécurité civile) et le chef de bataillon Hervé (BSPP) sont officiers stagiaires à l’École de Guerre-Terre. Complexes et variées, leurs missions couvrent la gestion de crise, les interventions lors de catastrophes naturelles, les accidents technologiques, et bien plus. Ils partagent aussi les nouveaux défis liés aux changements climatiques et aux risques croissants en milieu urbain, notamment avec la construction du Grand Paris et la montée des immeubles de grande hauteur. Leur témoignage révèle l’organisation, l’entraînement et les moyens techniques mis en œuvre pour assurer la sécurité des populations en France et parfois bien au-delà de ses frontières.
Propos recueillis par Jean-Baptiste Noé.
Cet entretien est un résumé écrit du podcast réalisé avec les deux officiers de l’EDG Terre, à retrouver ici.
JBN. Pourriez-vous nous expliquer brièvement ce qu’est la sécurité civile ?
EDG-T. Je sers dans les formations militaires de la sécurité civile depuis huit ans, au sein d’unités terrestres. Ces unités sont différentes des Canadairs et des hélicoptères, qui sont gérés par du personnel civil du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer. Nos unités d’instruction et d’intervention de la sécurité civile (UIISC), qui composent les Formisc, appartiennent à l’armée de Terre et à l’arme du Génie. Elles interviennent sous la tutelle du ministère de l’Intérieur pour des missions de sécurité civile lors de catastrophes naturelles, technologiques et pour la gestion de crise.
JBN. La sécurité civile dépend donc du ministère de la Défense ?
EDG-T. En effet, nous sommes des militaires sous statut du ministère des Armées, mais nos missions sont dirigées par le ministère de l’Intérieur. Nous apportons un renfort aux sapeurs-pompiers lors de missions de sécurité civile.
JBN. Parlons maintenant des sapeurs-pompiers de Paris. Il existe différentes catégories de pompiers. Vous, en tant que membre de la BSPP, avez un statut militaire, contrairement aux autres pompiers, hormis ceux de Marseille.
EDG-T. Oui, tout à fait. La Brigade des sapeurs-pompiers de Paris est une unité militaire. Comme les Formisc, elle dépend de l’armée de Terre et de l’arme du Génie, mais elle est placée sous la responsabilité opérationnelle de la préfecture de police de Paris. La BSPP intervient à Paris et dans les départements de la petite couronne (92, 93, 94).
JBN. Quelles sont vos missions spécifiques dans la sécurité civile ? Intervenez-vous sur des accidents de la route, des feux de forêt, ou encore des accidents ferroviaires ?
EDG-T. Nos missions se divisent en quatre catégories principales :
- Gestion de crise, en renfort des sapeurs-pompiers lors de gros événements.
- Interventions en cas de catastrophes naturelles (tremblements de terre, feux de forêt, inondations).
- Gestion des accidents technologiques (nucléaire, radiologique, bactériologique et chimique).
- Assistance aux populations sinistrées, lors d’événements particulièrement graves.
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JBN. Quels sont les moyens techniques dont vous disposez ?
EDG-T. Nous avons des véhicules et équipements similaires à ceux des sapeurs-pompiers, comme des camions-citernes pour les feux de forêt. De plus, nous disposons de moyens spécifiques, tels qu’un hôpital de campagne déployable qui a récemment été utilisé en Libye après les inondations de 2023.
JBN. Les interventions à l’étranger sont-elles fréquentes ? Qui décide de ce type de déploiement ?
EDG-T. Oui, sous l’égide du Mécanisme Européen de Protection Civile, qui coordonne l’aide des pays membres lors de catastrophes internationales. Chaque pays propose des détachements, et le pays sinistré choisit ceux dont il a besoin.
EDG-T. Pour compléter, la BSPP intervient rarement à l’étranger. Cependant, de petits détachements peuvent être associés aux Formisc pour des missions spécifiques.
JBN. En termes de formation, à quel moment un militaire choisit-il la sécurité civile ou les pompiers de Paris ?
EDG-T. Le choix se fait lors de l’école d’application du Génie, avec un classement des régiments, dont la sécurité civile et la BSPP font partie.
JBN. Le matériel utilisé nécessite un entraînement spécifique. Comment vous préparez-vous pour conduire les camions, manipuler les tuyaux et autres équipements ?
EDG-T. La BSPP consacre des créneaux quotidiens à la préparation opérationnelle, un élément fondamental pour acquérir les réflexes et savoir-faire nécessaires à toutes les interventions.
JBN. Le Plan blanc est souvent évoqué en cas d’urgence. Pouvez-vous expliquer de quoi il s’agit ?
EDG-T. Le Plan blanc est un dispositif de mobilisation des moyens hospitaliers en cas de crise majeure, pour redistribuer les victimes sur plusieurs hôpitaux et libérer des plages horaires pour les opérations d’urgence.
JBN. Et pour ce qui est de la menace NRBC (nucléaire, radiologique, biologique et chimique), êtes-vous préparés à faire face à ce type de risques ?
EDG-T. Oui, la BSPP dispose d’une unité NRBC spécialisée, capable de répondre à ce genre de menace, que ce soit dans le cadre d’attentats ou d’accidents industriels.
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