Livre – Les Polonais en France au lendemain de la seconde guerre mondiale (1944-1949). Histoire d’une intégration

29 mars 2020

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : La France, terre d'exil des Polonais au XXe siècle, Auteurs : Mateusz Slodkowski / SOPA Images/SIPA, Numéro de reportage : SIPAUSA30191843_000003.

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Livre – Les Polonais en France au lendemain de la seconde guerre mondiale (1944-1949). Histoire d’une intégration

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A l’heure où la Pologne s’apprêtait à devenir une République populaire, nombre de ses habitants choisissent la France pour terre d’exil. Alors que la Seconde Guerre mondiale se termine, laissant derrière elle nombre de difficultés politiques et économiques, les migrations s’accentuent. C’est dans ce contexte particulier que la communauté polonaise en France voit sa taille s’amplifier, ce qui n’est pas sans poser de problématiques sociales importantes.

 

Selon le recensement de 1946, on comptait 423 470 Polonais sur le territoire français, qui constituaient alors plus de 24% des étrangers résidant en France, pourcentage plus élevé qu’avant le 3 septembre 1939. Les Polonais constituent alors la deuxième communauté étrangère, position tenue jusqu’au début des années 1950. Curieusement, peu d’ouvrages ont porté sur cette question, d’où l’intérêt de ce livre fort documenté, et solidement charpenté de Pawel Sekowski, docteur en histoire moderne et contemporaine de Sorbonne Université et docteur en sciences humaines (histoire) de l’université Jagellonne de Cracovie (Pologne). Auteur et éditeur scientifique de deux ouvrages, il analyse la situation et l’histoire de la communauté polonaise en France dans ses dimensions sociale, politique et culturelle, dans cette période de l’après-guerre, qui a été la période de la plus grande activité de la population polonaise en France dans les domaines de la politique et de la vie associative au cours de tout le XXe siècle. C’était un temps de grande incertitude, au moment où la Pologne n’avait pas encore totalement basculé dans le communisme. Au cours de l’entre-deux-guerres, sur 1013 000 émigrés polonais, environ 400 000 (39,9%) choisirent la France comme pays de destination, nombre auquel il faut ajouter les Polonais arrivés directement d’Allemagne.

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Quelle intégration à la société d’accueil, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, pour les Polonais immigrés et fixés en France dans l’entre-deux-guerres ? Sa recherche se concentre essentiellement sur l’histoire et la sociologie de l’immigration, l’histoire des réfugiés en Europe, l’histoire politique et sociale de la Pologne et de la France pendant et après la Seconde Guerre mondiale. Il passe en revue les divers aspects de ce processus progressif concernant, dans sa grande majorité, des hommes et des femmes relevant du statut des « travailleurs étrangers » dans les années 1944-1949, processus qui fut accéléré par les années d’hostilités et le contexte particulier de l’après-guerre. La situation de la communauté immigrée des Polonais en France, son statut et les évolutions survenues en son sein sont étudiés dans leurs dimensions à la fois sociales, politiques et culturelles. Une place prépondérante est accordée à l’analyse de trois phénomènes caractéristiques de la vie des Polonais en France, « facteurs du maintien de la polonité » : l’enseignement polonais, l’aumônerie polonaise et surtout la vie associative des Polonais en France. Ces éléments sont présentés dans la perspective du rapatriement (reemigracja) organisé par les autorités polonaises de Varsovie et du conflit politique profond qui surgit entre les partisans du nouveau gouvernement de la Pologne populaire (dominé par les communistes) et les militants anticommunistes polonais en France. La période étudiée constitue un véritable tournant dans le processus de l’intégration sociale des Polonais en France, notamment pour la « deuxième génération » des immigrés, ceux-ci devenant, de plus en plus, Français d’origine polonaise.

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Mais au-delà de cette étude sur la communauté polonaise, l’auteur s’étend également sur les rapports diplomatiques établis entre le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) et les divers représentants polonais, Comité de Lublin (CPLN), gouvernement en exil à Londres, Paris ayant finalement reconnu, le 29 juin 1945, le gouvernement provisoire d’unité nationale. A cette époque, la classe politique française dans son ensemble se prononçait pour un rapprochement avec la nouvelle Pologne populaire, alliance conçue en vue de contrôler l’Allemagne, une disposition qui ne résista pas à l’apparition de la guerre froide, celle-ci ayant eu pour effet de scinder l’immigration polonaise en divers courants antagonistes. La création du Congrès de la Polonia de France en 1949 cimenta durablement une partie importante des immigrés, et l’apport de la deuxième génération dans le monde associatif polonais en France s’avéra considérable. Du fait des naturalisations, le nombre de Polonais ne cessa de tomber, passant à 269 269 personnes en 1954, perdant leur deuxième place au profit des Espagnols, ne représentant plus que 15,2% de l’ensemble des étrangers.

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À propos de l’auteur
Eugène Berg

Eugène Berg

Eugène Berg est diplomate et essayiste. Il a été ambassadeur de France aux îles Fidji et dans le Pacifique et il a occupé de nombreuses représentations diplomatiques.

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