Les États-Unis vont annoncer des sanctions contre la Russie en représailles au piratage massif de SolarWinds

14 avril 2021

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : U.S. President Joe Biden speaks in the East Room of the White House in Washington, D.C., U.S., on Thursday, April 15, 2021. Credit: Andrew Harrer / Pool via CNP Photo via Newscom/cnpphotos213499/CNP/NEWSCOM/SIPA/2104152345

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Les États-Unis vont annoncer des sanctions contre la Russie en représailles au piratage massif de SolarWinds

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Les États-Unis vont annoncer des sanctions contre la Russie en représailles au piratage massif de SolarWinds

 

Bloomberg via South China Morning Post, 15 avril 2021

Traduction Alban Wilfert pour Conflits

L’administration Biden s’apprête à prendre des mesures à l’encontre d’entités et de particuliers russes. Ces sanctions constituent des représailles pour des fautes présumées, en particulier le piratage de SolarWinds et les actes visant à perturber les élections américaines, selon des personnes au fait de la question.

D’après l’une de ces personnes, qui a tenu à rester anonyme en raison du caractère sensible de l’affaire, les Etats-Unis ont prévu de sanctionner une douzaine de personnes, parmi lesquelles des responsables du gouvernement et des services de renseignement, et une vingtaine d’entités. Les sanctions devraient être annoncées dès ce jeudi 15 avril.

D’autres mesures prévues par l’administration Biden viseraient à interdire aux institutions financières américaines de négocier de nouvelles dettes émises par la banque centrale, le ministère des finances et le fonds souverain russes, selon l’une de nos sources. Les États-Unis devraient également expulser du pays jusqu’à 10 fonctionnaires et diplomates russes, ont indiqué deux de ces personnes.

Les sanctions suivent de quelques jours la mise en garde de Joe Biden à Vladimir Poutine, selon laquelle les États-Unis défendraient leurs intérêts. Les tensions sont également vives en raison du récent renforcement des forces russes près des frontières avec l’Ukraine, geste qui a incité l’OTAN à se joindre mardi aux États-Unis et à l’Union européenne pour appeler Poutine à la désescalade.

Dans le même temps, M. Biden a évoqué, lors de son entretien téléphonique avec M. Poutine, l’idée d’un sommet entre les deux dirigeants pour discuter des problèmes auxquels font face Moscou et Washington. La perspective d’une telle rencontre a fait grimper le rouble à son plus haut niveau en trois mois par rapport au dollar, les investisseurs comptant sur un sommet pour désamorcer les tensions et atténuer le risque de nouvelles sanctions.

La communauté américaine du renseignement a évalué et conclu, avec une assez grande certitude, que Poutine et le gouvernement russe ont permis et dirigé des actes visant à influencer l’élection de 2020. Selon l’une des personnes interrogées, certaines des mesures prévues visent les médias contrôlés par les services de renseignement russes et accusés d’avoir semé la désinformation pendant la campagne de 2020. D’autres mesures visent des personnes et des entités qui opèrent en dehors de la Russie sur ordre de Moscou.

Les sanctions feraient suite à un examen ordonné par M. Biden lors de son premier jour complet en fonction, portant sur quatre domaines clés concernant la Russie : l’ingérence dans l’élection de 2020, les rapports faisant état de primes russes sur les soldats américains en Afghanistan, l’attaque de SolarWinds et l’empoisonnement du chef de l’opposition russe Alexei Navalny.

L’administration a bien annoncé des sanctions contre des responsables russes au sujet de Navalny le mois dernier, mais n’a pas encore pris de mesures dans les trois autres domaines.

La Russie a rejeté à plusieurs reprises les accusations selon lesquelles elle s’immiscerait dans les élections, empoisonnerait ses détracteurs ou proposerait des primes pour le meurtre de soldats américains. Le ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré la semaine dernière que la Russie riposterait à toute nouvelle sanction, instrument qu’il a qualifié d’« idiot ».

Parmi les personnes visées par la prochaine série de sanctions figurent des individus et des entités accusés par les États-Unis d’avoir permis à l’Internet Research Agency, une ferme à « trolls » d’internet liée au Kremlin qui a mené une opération coordonnée sur les réseaux sociaux afin de venir en aide à la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016.

Les mesures prises en réponse à la cyberactivité malveillante de SolarWinds viseront une demi-douzaine d’entités liées aux services de sécurité russes, selon l’un de nos informateurs. Les annonces de ces mesures sont également attendues dès jeudi. Les États-Unis s’apprêteraient également à désigner le service de renseignement extérieur russe comme l’ordonnateur de cette campagne, a ajouté cette personne.

L’attaque des pirates informatiques qui ont compromis un logiciel largement utilisé par la société SolarWinds Corp, basée au Texas, a porté atteinte à plus de 100 entreprises américaines et à neuf agences gouvernementales avant d’être découverte par une société de cybersécurité.

Les sanctions de cette semaine pourraient être suivies d’autres actes. Les États-Unis envisagent d’autres mesures, visant notamment les obligations émises par la Russie.

A lire aussi : La Russie, l’épouvantail de l’Europe occidentale

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Le South China Morning Post est l'un des plus anciens journal d'Asie. Il a été fondé en 1903 à Hong Kong. La marque possède aujourd'hui de nombreux titres de presse et diffuse en Chine continentale, à Hong Kong et dans le reste de l'Asie. C'est l'un des principaux journaux de langue anglaise de la région.

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