<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Panorama de l’évolution du panislamisme de l’Empire ottoman à nos jours

25 novembre 2023

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Panorama de l’évolution du panislamisme de l’Empire ottoman à nos jours

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Une grande confusion plane autour de l’exacte définition du panislamisme et de ses origines. L’abondante littérature qui y a trait développe un nombre foisonnant d’interprétations toutes aussi variées que contradictoires. Afin de mieux cadrer notre sujet, concentrons-nous sur l’Empire ottoman sous le règne du sultan Abdul Hamid II (1876-1909).

Article paru dans le numéro 48 de novembre 2023 – Espagne. Fractures politiques, guerre des mémoires, renouveau de la puissance.

Le vocable « panislamisme » s’est largement démocratisé, en partie grâce aux travaux de Gabriel Charmes, journaliste français prolifique à la prestigieuse Revue des Deux Mondes où il publia deux articles sur la situation de la Turquie et la politique du califat qu’il intégra par la suite à son livre best-seller sous-titré « Le panislamisme ». Ce faisant, le panislamisme ne serait qu’une variante turco-islamique du panslavisme, ou encore du pangermanisme devenus pratique courante à l’époque.

Débat sur l’origine du terme

L’historien israélien spécialiste de l’Empire ottoman, Jacob M. Landau, distingue cinq piliers au fondement de cette idéologie : le calife, qui dirige la communauté dans son ensemble ; l’idée de l’universalité ; l’obéissance de tous les musulmans ; la solidarité entre tous les musulmans ; l’action collective. Et enfin, l’établissement d’un État panislamique, sorte de califat regroupant l’ensemble de la oumma, la communauté des croyants.

Bien avant son instrumentalisation par le pouvoir ottoman, le panislamisme puise sa source dans le premier âge de la renaissance arabe (Nahda), à l’aurore du XIXe siècle, au sein d’une élite intellectuelle libérale et moderniste. Le contexte de la pénétration européenne en terre d’Islam pousse les penseurs musulmans à réfléchir à un mouvement de solidarité et de fraternité supra national par-delà les frontières. On songe tout d’abord à la figure réformatrice de l’Égyptien Rifa’Al-Tahtawi (1801-1873), du Syrien Abd Al-Rahman l-Kawakibi (1855-1902), mais aussi et surtout de l’Iranien Djamal Al-Din Al-Afghani, véritable initiateur du réveil politique de l’islam, apôtre du combat anti-impérialiste avant l’heure et à l’origine du mouvement réformiste de l’islam sur lequel s’appuyait sa vision du panislamisme. Afghani a fondé la revue Al ‘Urwat al Wuthka (Le Lieu indissoluble) en 1884 qui servait de support à la diffusion de son combat pour le groupement des peuples musulmans sous un même drapeau et un même chef, le calife. Le combat d’Afghani consistait à s’opposer à l’ingérence européenne sur le terrain des idées, revendiquer l’égalité des musulmans vis-à-vis des Occidentaux, bref faire reconnaître la suprématie de la culture islamique et pouvoir imposer le califat dans le système international au sein du concert des nations.

Si la presse européenne popularise le terme à partir de la fin des années 1870, c’est pour mieux désigner le caractère subversif d’un nouveau panisme hostile à la colonisation. Mais en réalité, le panislamisme existait déjà depuis une décennie, car c’est au sein du mouvement libéral des Jeunes Ottomans, regroupés autour du grand poète et écrivain Namik Kemal (1840 -1888), qu’il est introduit. Influencés par le pangermanisme et le panslavisme, qu’ils traduisaient par « union des Germains » (Ittihad -i Cermen) et « union des Slaves » (Ittihad-i Slav), les Jeunes Ottomans évoquent l’expression Ittihad-i Islam, qui signifiaient pour eux « union des musulmans » plutôt que « union de l’islam ». Cette rhétorique d’union de l’islam en un tout réunifié s’inscrit dans le cadre consensuel puisque c’est par l’unité et la modernisation que l’Empire ottoman sera sauvé de la dislocation.

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En mettant l’accent sur la compatibilité de l’islam avec le progrès, en insistant sur la nécessité de se doter d’une Constitution d’inspiration libérale, les Jeunes Ottomans prônent la sécularisation et l’occidentalisation et entendent répondre à la crise d’identité provoquée par les Tanzimat.

En 1872, de retour d’exil à Istanbul, Namik Kemal publie dans son journal L’Ibret (L’Exemple), un article intitulé « L’union de l’islam » dans lequel il affirme que 200 millions de musulmans, possédant une religion et une culture communes, constitueraient une vraie force si leur accord parvenait à transcender les frontières de l’Empire ottoman. Un autre article du même journal prend l’exemple des unifications italienne et allemande ainsi que de l’union des Slaves sous l’égide de la Russie, pour inciter au renforcement des liens entre musulmans.

Le panislamisme émerge à l’aune du contexte de la victoire allemande sur la France en 1871 et surtout de la montée en puissance du panslavisme qui menace l’empire des Osman. À cela s’ajoute la progression du nationalisme européen en Inde, en Asie centrale, dans le Caucase, d’où les populations musulmanes appellent à l’aide le sultan qui se contente de leur accorder sa bénédiction et un soutien qui ne se concrétisera pas. Le développement des communications et de la presse joue un rôle notable dans la prise de conscience au sein de l’opinion publique ottomane de la détresse de leurs coreligionnaires. À côté de L’Ibret, le Basiret, journal fondé à Istanbul en 1870, accorde une large place à ces informations et pousse les dirigeants ottomans à agir. Une brochure intitulée L’Union des Musulmans (Ittihad-i Islam) publiée dans la capitale ottomane en 1873 connaît un vif succès. À cela s’ajoute les déplacements d’activistes en Turquie ottomane à l’instar de Djamal Al-Din Al-Afghâni qui se rend à Istanbul en 1870, puis en 1982, à l’invitation du sultan Abdülhamid.

Le Caire, nid d’espions et rêve du panislamisme. (c) pixabay

Une papauté islamique ?

Le panislamisme connaît un nouvel essor à la faveur de deux événements : l’accession au trône d’Abdülhamid en 1876 et la guerre russo-turque de 1877-1878. Le nouveau sultan réalise rapidement les gains politiques qu’il peut tirer de cette confrontation. Aussi, la Constitution qu’il promulgue en 1876 le désigne comme le calife suprême, protecteur de la religion musulmane. Ce califat mis à jour par ses soins deviendra ainsi une institution au service de ce que les Européens qualifient de panislamisme. Des Balkans à l’Afghanistan et aux Indes britanniques, le sultan ottoman engrange des soutiens et une popularité. S’il accuse des revers territoriaux en cédant la Bosnie-Herzégovine, la Bulgarie, Chypre, l’Égypte et la Tunisie, le califat permet au sultan de sauver la face. C’est toujours lui qui est nommé lors de l’appel à la prière. La souveraineté politique se meut en souveraineté nominale, ces régions perdues demeurent sur la carte de l’empire. Le panislamisme devient une réponse idéologique au recul territorial.

Sur les territoires demeurés sous son contrôle, le sultan développe une politique ambitieuse visant à rappeler la dimension religieuse de son pouvoir. Via ses relais au sein des confréries religieuses et des cheikhs sont construits des couvents en Syrie, en Irak, des brochures circulent en arabe évoquant l’obéissance au calife, des mosquées, des écoles, des fontaines, des hôpitaux sont érigés à la gloire du sultan. De grands travaux sont entrepris dans le Hedjaz, promu au premier rang des provinces de l’empire, avec sa capitale La Mecque. La construction d’une ligne de chemin de fer en témoigne. L’autre objectif d’Abdülhamid consiste à contrer le prosélytisme chiite en Irak, voir à « sunnitiser » les chiites qui ne reconnaissent pas l’autorité spirituelle du calife. C’est un échec. Pour arriver à ses fins, il fait venir à Istanbul en 1892 Djamal Al-Din Al-Afghâni qu’il retient plus ou moins captif dans son palais de Yildiz.

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Enfin, sur le plan extérieur, le sultan expédie au-delà des frontières de l’empire, oulémas et émissaires, se sert des réseaux confrériques (Nakchibendie au Caucase, Sénoussie en Afrique du Nord) pour étendre son influence, distribue des corans, ouvre des consulats ottomans, diffuse des journaux de propagande et des médailles. L’idée consiste à inciter les musulmans des colonies à se soulever contre les métropoles. Dans ce cadre, le panislamisme apparaît comme une arme dressée contre l’Europe autour de la personne du sultan-calife ottoman, lequel entend s’affirmer en pendant musulman de la papauté.

Mais aussi ambitieuse que soit sa politique d’instrumentalisation du panislamisme, celle-ci trouve ses limites, car le sultan sait pertinemment que sa marge de manœuvre est délicate. Privé de leviers économiques et militaires, le sultan entretient l’illusion d’un empire capable de tenir tête aux grandes puissances. Pourtant, comme le souligne l’historien François Georgeon, la politique califale d’Abdülhamid est avant tout une politique intérieure. L’enjeu est d’abord démographique. Accusant un inexorable recul dans les provinces européennes, le sultan mise sur une fraternité islamique arabo-turque pour pouvoir déplacer le centre de gravité de l’empire vers l’Anatolie et la Mésopotamie. Ce faisant, par les massacres proto-génocidaires de 1894-1896, il amorce le plan d’ingénierie démographique de l’espace anatolien au détriment des Arméniens. En outre, son instrumentalisation du panislamisme se pose à des fins de légitimation. Elle est une réponse au défi posé par les réformistes de l’empire, un effort de prévenir les divisions et les tentatives de sécessions venant d’éléments périphériques musulmans mais non turcs de l’empire, à savoir les Albanais, les Kurdes et surtout les Arabes.

Outrepassant son orientation spirituelle, le panislamisme est devenu une puissante doctrine politique doublée d’un programme d’action. Avec la révolution des Jeunes-Turques de 1908 qui porte au pouvoir une élite ultranationaliste, athée, gagnée par le positivisme et le darwinisme social, le panislamisme est détrôné par le panturquisme ; même si Mustafa Kemal s’en empare à nouveau afin de consolider son pouvoir en cherchant à gagner le soutien des Kurdes pour parachever le processus d’homogénéisation de l’Anatolie vidée de ses chrétiens. Une fois le danger écarté, le califat est aboli et remplacé par la République de Turquie. Le flambeau du panislamisme passe aux mains d’autres dirigeants du monde musulman.

Les conséquences de la chute du califat

La guerre sainte proclamée par le calife n’eut pas l’heur de susciter des échos auprès des populations musulmanes des empires coloniaux britannique et français. Mais plus généralement, la chute du califat, aboli par Atatürk en 1924, génère une vague d’inquiétude, une crainte de la laïcité, à laquelle répondent plusieurs mouvements. C’est le cas de l’organisation des Frères musulmans, fondée par l’Égyptien Hassan Al-Banna en 1928. À l’image d’Al-Banna, des penseurs d’Asie du Sud-Est comme du nord-ouest de l’Afrique s’engagent à combattre ce qu’ils ont appelé après la chute du califat la « faiblesse des musulmans » face à « l’hégémonie militaire occidentale et le défi de la modernité[1] ». L’idée de repenser le califat émerge auprès d’oulémas dans la plupart des pays musulmans. La mosquée Al-Azhar du Caire accueille en mai 1926 le premier congrès panislamique. Les débats fusent au sujet de la définition de l’institution califale. Le deuxième congrès du monde musulman se tient à La Mecque en juin de la même année. En 1928, le Hedjaz et le Nedjd passent sous le contrôle de la famille Al-Saoud qui entend faire de ces nouvelles conquêtes l’affirmation d’un avatar arabe du panislamisme. Se pose la question du devenir des lieux saints de l’islam, La Mecque et Médine. Les 69 délégués réunis à La Mecque ne peuvent qu’entériner l’affirmation des nouveaux maîtres des lieux. En 1931, un troisième congrès musulman se tient cette fois-ci à Jérusalem à l’initiative du mufti de la ville, Amin Al-Hussaini. La cause palestinienne, la lutte contre le projet sioniste atteignent une dimension centrale, un dénominateur commun du panislamisme. De ce congrès résulte un pacte, institué sous le titre de « Constitution de la conférence islamique générale », comprenant 17 articles. La situation instable de la Palestine à cette époque ne permet cependant pas à cette organisation de se développer dans le temps, et l’organisation disparaît rapidement. Une chose est certaine, la création de l’État d’Israël ouvre un nouveau chapitre dans l’histoire du panislamisme.

La fin du califat a contraint à repenser le panislamisme.

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Les Frères musulmans, matrice du néo-panislamisme

Voulant prévenir le « danger imminent et dévastateur » causé par l’impérialisme occidental, Hassan Al-Banna crée, avec les Frères musulmans, la première structure panislamique visant à devenir un parti de masse. L’islamisme ne peut être que politique. Attiré par le salafisme, Al-Banna se tourne vers le mode de vie des premiers compagnons du Prophète. La charia est pensée comme l’alpha et l’oméga de la société musulmane, une solution à tous les maux infligés par l’influence occidentale. La critique islamique des systèmes légaux et judiciaires construits sur le modèle européen, notamment par l’idéologue des Frères musulmans ‘Abd Al-Qadir ‘Awda, conduisit le mouvement à ignorer et à combattre toutes les lois contraires à la charia. La stratégie de Hassan Al-Banna était pensée en cercles concentriques, comme le rappelle Timothée de Rauglaudre : « Une réformation de l’individu musulman, élargie à la famille, puis à la société, puis à l’État à travers l’application de la charia, et enfin la conquête et l’islamisation de toutes les nations du monde[2]. » Assassiné par les services égyptiens en 1949, Hassan Al-Banna rentre dans la martyrologie du panislamisme, non sans avoir tissé la toile d’une remarquable nébuleuse. En 1951, son compatriote, le penseur salafiste Sayyid Qutb, prend la tête de la section de la propagande, ses écrits marquent durablement l’idéologie des Frères musulmans et par-delà celle de ses avatars salafistes djihadistes.

Aux yeux de Qutb, l’islam est menacé par l’ignorance et la modernité ; le retour aux vraies valeurs doit être guidé par une élite, conduite à mener les masses populaires sur le chemin de dieu. L’islam apporte une réponse complète aux problèmes politiques, sociaux ou économiques des sociétés humaines ; le statut de la femme doit être rabaissé ; la lutte contre les juifs demeure une priorité. La pensée de Qutb fera des émules au sein de la nébuleuse salafiste, quiétiste et djihadiste à travers le monde arabe. Elle s’impose comme pensée de référence du Maghreb au Machrek. Surtout, elle gagne en ampleur avec l’échec du panarabisme dans sa version nassérienne, conséquence de la défaite dans la guerre des Six-Jours en 1967 et de l’échec de l’unité arabe. Parallèlement, la montée en puissance de l’Arabie saoudite, forte de sa rente pétrolière gonflée par les retombées du premier choc pétrolier de 1973, et par l’accueil en masse dans les années 1950-1960 des opposants Frères musulmans à la dictature de Nasser, ont contribué en grande partie au rayonnement d’un panislamisme de nature wahhabite à visage arabo-égyptien, irrigué de pétrodollars. L’islamisation de l’Algérie a pour origine l’accueil massif d’instituteurs égyptiens sympathisants Frères musulmans, officiellement détachés par leur pays pour enseigner la langue arabe. On retrouvera deux décennies plus tard nombre de ces jeunes Algériens embarqués dans les rangs des volontaires de la légion arabe d’Afghanistan, sous la houlette des fondateurs et principaux dirigeants d’Al-Qaïda en 1987.

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Le panislamisme à l’heure du djihadisme

Idéologiquement, Al-Qaïda se réclame de penseurs radicaux tels qu’Abou Moussab Al-Souri, Abou Qatada, mais aussi Sayyid Qutb, dont le ton martial de son célèbre ouvrage Jalons sur la route de l’islam (1964) fut dûment repris : « L’islam est une lutte, une lutte ininterrompue. Ce n’est pas islamique que de faire des prières en chuchotant, de faire cliqueter le chapelet, de croire en les mots “ô mon Dieu tu nous protèges” et de penser que sa bienveillance tombera du ciel[3] », écrivait-il. Le frère de Sayyid Qutb, Mohamed Qutb, prit d’ailleurs la fuite et s’installa en Arabie saoudite après sa libération des geôles nassériennes pour devenir professeur d’études islamiques. Il fut l’un des grands promoteurs de la pensée de Sayyid Qutb dans la région. On sait qu’il fut le professeur d’Oussama Ben Laden à l’université. La chute des talibans en 2001 conduit Al-Qaïda à une mutation structurelle. Arborant la franchise Al-Qaïda, des cellules terroristes se décuplent dans le Maghreb, la péninsule Arabique, en Afrique et en Europe. Les groupes d’Abou Moussab Al-Zarquaoui en Irak, le Groupe Salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien ou les mouvements islamiques yéménites et saoudiens prennent ainsi entre 2004 et 2009 le nom d’Al-Qaïda.

Même s’il regroupe des mouvements aux origines fort différentes, ce maillage a ainsi permis la pérennisation des cellules clandestines comme du groupe principal, tous représentés par Ben Laden et Ayman Al-Zaouahiri, figures tutélaires calquées sur l’image du Prophète et de ses compagnons dans une projection eschatologique.

Aussi variées soient-elles, ces franchises régionales – Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Al-Qaïda en Irak (AQI), Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA)… – comme les chefs des mouvements alliés tel le mouvement Al-Chabab ou les talibans afghans dirigés par le mollah Omar se réclament de la même idéologie panislamiste et anti-occidentale.

De son côté, l’Organisation État islamique (EI) issue d’Al-Qaïda en Irak se veut aujourd’hui le dernier avatar du panislamisme. Si le mode opératoire et la logique de territorialisation ont créé un précédent, le substrat idéologique demeure inchangé et s’inscrit dans la continuité du panislamisme radical : rejet de l’héritage colonial et condamnation de partage franco-britannique du Moyen-Orient, négation des frontières étatiques jugées « factices », aspiration à réunifier la oumma sous l’étendard du djihad. L’EI promeut toujours le salafisme djihadiste, appelle à rompre avec les innovations blâmables (culte des saints, pèlerinages…) pour revenir aux fondamentaux de la religion sur la base des concepts du califat et de l’unicité de la religion (tawhid). Un islam reposant uniquement sur la sunna, la tradition. À l’instar des Frères musulmans, Daech prône une idéologie politique théocratique et révolutionnaire, et souhaite remettre en cause l’ordre établi au profit de la charia. De sa matrice ottomane aux djihadismes 2.0, le panislamisme a encore de beaux jours devant lui.

[1] John O. Voll, « Reform and modernism in the middle twentieth century », in Robert W. Hefner, New Cambridge History of Islam, vol 6. : Muslim and modernity: culture and society since 1880, Cambridge University Press, 2010, traduit par Abdelfattah Bitat, « Le Panislamisme et le défi de la modernité », article dans le cadre du séminaire d’études européennes générales : L’Europe et la Méditerranée, 2012, disponible en ligne : https://www.academia.edu/562705/Le_panislamisme, p.7.

[2] Timothée de Rauglaudre, « Les Frères musulmans, berceau idéologique du djihadisme », Le Journal international, 1er décembre 2015,

[3] « Frères musulmans », Encyclopedia Universalis, disponible en ligne : http://www.universalis.fr/encyclopedie/freres-musulmans/

À propos de l’auteur
Tigrane Yégavian

Tigrane Yégavian

Chercheur au Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), il est titulaire d’un master en politique comparée spécialité Monde Musulman de l’IEP de Paris et d’une licence d’arabe à l’INALCO. Après avoir étudié la question turkmène en Irak et la question des minorités en Syrie et au Liban, il s’est tourné vers le journalisme spécialisé. Il a notamment publié "Arménie à l’ombre de la montagne sacrée", Névicata, 2015, "Missio"n, (coécrit avec Bernard Kinvi), éd. du Cerf, 2019, "Minorités d'Orient les oubliés de l'Histoire", (Le Rocher, 2019) et "Géopolitique de l'Arménie" (Bibliomonde, 2019).

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