La rétrospective Nicolas de Staël proposée par le Musée d’Art Moderne de Paris fait découvrir l’évolution picturale de l’artiste, ses influences et sa réflexion artistique. Une exposition majeure, à retrouver jusqu’au 21 janvier 2023.
Nicolas de Staël, Musée d’Art Moderne de Paris
Antibes, des aplats de couleur, des épaisseurs de peinture qui captent la lumière, un trait de vie achevé à seulement 41 ans, Nicolas de Staël (1914-1955) est à la fois très connu et mal connu. La rétrospective que lui consacre le Musée d’Art Moderne de Paris permet de mieux saisir le travail de l’artiste et l’évolution de son œuvre. Russes blancs en exil en Pologne, ses parents y meurent en 1919. Orphelin, il est confié par sa marraine à une famille qui vit à Bruxelles. Là, il
Y découvre la peinture, les maitres flamands et les artistes contemporains. Il y effectue sa formation puis part sur les routes d’Europe découvrir d’autres cieux et d’autres paysages. Il vit à Nice et à Paris, rue Gauguet, où il installe son atelier, un puits de lumière de 8 mètres de hauteur sous plafond. Il y rencontre d’autres artistes parisiens, se marie, fonde une famille.
Une peinture en évolution
La prouesse de Staël est de faire sans cesse évoluer son art pictural, ce que montre très bien l’exposition, l’accrochage étant chronologique. Travail de l’encre de Chine sur papier blanc à ses débuts, portraits, paysages, puis abstraction et aplats de couleur. Au plus fort du mouvement abstrait, dans les années 1950, Staël n’hésite pas à revenir au figuratif, comme cette toile immense d’un match de football au Parc des Princes (1952). Peintre prolifique (plus de 200 créations annuelles), il peint ses sensations, ses émotions, ses rencontres. Voyage au Maroc, en Sicile, avec femme et enfants, d’où il revient avec des croquis qu’il travaille ensuite en tableaux. Si les œuvres du début de sa carrière sont sombres, avec des teintes noires et grises dominantes, la couleur et la lumière sont de plus en plus présentes au fil des années.
Jusqu’à découvrir le Sud, grâce à son ami René Char, où la lumière du soleil le frappe, modifie ses perceptions, son regard sur les couleurs.
En 1953-54, il revient au figuratif, peint des vases, des paysages, des natures mortes. Il se promène en Normandie, à Paris, en Provence et transcrit sur la toile ses impressions et ses sensations. Ses œuvres se vendent jusqu’aux États-Unis et sont saluées par les critiques. Jusqu’au drame du 16 mars 1955. Harassé par son travail et la peinture, séparé de sa femme, épris d’une autre femme, il travaille comme un fou et se noie dans ses créations, jusqu’à son suicide. Il laisse derrière lui des dizaines de toiles inachevées, des croquis, des esquisses et une œuvre immense qui suit ses évolutions techniques : spatules, pinceaux, gaze de coton pour diluer les couleurs. Une extrême sensibilité qui lui a permis de créer l’une des œuvres les plus originales des années 1940-1950.
Une exposition rétrospective
Ce sont plus de 200 œuvres qui sont exposées au MAM, traçant une trentaine d’années de travail, illustrant les interactions, les influences, les évolutions picturales d’un artiste dont l’œuvre continue de fasciner et d’inspirer.