Grande comme deux fois la Belgique, se rapprochant davantage d’un lac d’eau salé, la mer d’Aral se situe à cheval entre deux pays d’Asie centrale, le Kazakhstan pour sa partie nord et l’Ouzbékistan au sud, au centre d’un espace désertique nommé la dépression aralo-caspienne ou touranienne.
Elle doit son nom aux nombreuses îles qu’elle contenait, le mot « aral » signifiant île en kazakh. Aujourd’hui en grande partie asséchée, elle se divise principalement en trois lacs : occidental, oriental (parfois à sec), et celui de Barsakelmes. Outre les éléments climatiques actuels, cet assèchement est principalement dû au détournement des deux fleuves Amou-Daria et Syr-Daria qui alimentaient la mer d’Aral, en vue de la production massive de coton dans la région durant l’ère soviétique. Ce phénomène est considéré comme l’une des plus importantes catastrophes environnementales du siècle dernier, la mer d’Aral ayant vu sa taille réduite de 75 % depuis 1960.
Bien évidemment elle se trouve être au cœur de nombreux enjeux, tant écologiques qu’économiques, géopolitiques et même sanitaires.
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Au-delà des 75 % de surface perdus, ce sont également 90 % de volume qui ont disparu augmentant fortement la salinité (équilibrée auparavant par l’eau douce des deux affluents) et faisant disparaître de nombreuses espèces endémiques et les ressources halieutiques de manière générale, ce qui nuit à la population environnante, vivant principalement de l’agriculture et de la pêche. Cette salinité combinée aux forts taux de pesticides ont également impacté les espèces terrestres, divisant leur nombre par deux.
Permettant autrefois à 40 000 personnes de vivre et d’en faire vivre trois fois plus, le manque d’accès à l’eau a provoqué une hausse de la pauvreté, poussant une grande partie de la population à l’exode vers les villes ou même les pays voisins.
La santé des populations locales se trouve également impactée par la forte utilisation de pesticides, polluant les sols, l’eau potable, mais aussi l’air, ce dernier également contaminé par la forte production industrielle, provoquant des taux anormalement élevés de cancers, d’anémies, de tuberculoses et de mortalité infantile.
Face au problème de ce que l’on nomme parfois aujourd’hui « le désert d’Aral », le Kazakhstan a décidé depuis son indépendance d’agir, en construisant le barrage de Kokaral dans le but de faire « revivre » le nord de la mer d’Aral et prévoyant la réintroduction d’espèces de poissons. Un problème persiste, puisque ce barrage concentre l’effort uniquement sur la partie kazakhe, avec une politique agricole ouzbek toujours concentrée sur le coton et puisant toujours autant d’eau que sous l’ère soviétique. Les deux États souhaitant revenir aux activités d’antan, une coopération autour de cette question serait envisageable. Articuler développement économique et développement écologique est désormais l’objectif du Kazakhstan, afin d’assurer le futur des populations locales, sans nuire à son environnement.
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