Livres de la semaine – 9 février

9 février 2024

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Livres de la semaine – 9 février

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Guerre au Moyen-Age, Poutine dans le texte, Raymond Aron, Corse et économie. Florilège des livres de la semaine.

Histoire de la guerre

Loïc Cazaux, Atlas des guerres au Moyen Âge, Autrement, 2024, 29,90€

La guerre au Moyen Âge est fondatrice. Elle apparaît comme le vecteur de puissance premier, aux fondements des États médiévaux.

Au Moyen Âge, la guerre entretient des mécanismes sociaux et fédérateurs dans la construction de tout État. En Orient, comme en Occident, les guerres participent à la construction des identités. Elles nécessitent une communauté soudée dans l’effort qui ressort grandie de la bataille. Les guerres civiles sont elles aussi à leur manière tout autant constitutive, en cela qu’elles mènent à reconsidérer les principes du fonctionnement de l’État et de la vie commune.

L’ouvrage ne se limite pas à la guerre européenne. De nombreuses cartes évoquent les guerres de Byzance, celles des Arabes, et les guerres en Asie. Comme pour tous les atlas de cette collection, les textes sont brefs et didactiques, les cartes fouillées et plusieurs abordent des thèmes originaux.

C’est un ouvrage indispensable pour les étudiants en histoire, comme pour tous ceux qui sont passionnés par l’histoire militaire et l’époque médiévale.

Lire Poutine

Elisabeth Sieca-Kozlowski, Poutine dans le texte, CNRS éditions, 2024, 25€

Comprendre les causes de l’invasion en Ukraine nécessite d’abord de comprendre les motivations des dirigeants russes. Plus que ça, de voir comment ces motivations se sont incarnées, depuis plusieurs décennies, dans le discours politique, avant d’aboutir à un conflit militaire.

En proposant la traduction de nombreux textes de Vladimir Poutine, l’auteur permet d’aller directement à la source de la pensée du président russe et donc de mieux comprendre ses motivations et sa rhétorique. C’est un indispensable travail de retour aux sources, pour étudier les mots employés, les expressions usitées, les évolutions idéologiques.

Aller aux textes permet ensuite de commenter et d’analyser en tenant compte des propos de Poutine lui-même et de son entourage proche. Il faut donc saluer ce travail essentiel de traduction, si important pour les chercheurs, car il permet de mettre à portée de mains des discours qui sont peu accessibles.

Raymond Aron

Alexis Lacroix, Le penseur des prochains jours: Raymond Aron, ce que nous lui devons, , Les presses de la Cité, 22€, 2024

La pensée de Raymond Aron s’impose aujourd’hui avec la résonance d’une loi de l’histoire. Véritable prophète politique, cet éminent penseur de l’école réaliste n’aura eu de cesse de son vivant, de s’attirer les foudres des intellectuels mus d’idéologisme, de droite comme de gauche. En révélant de ses travaux les aspects les plus saillants et les plus sulfureux pour son temps, Alexis Lacroix, historien de la philosophie et professeur de lettres modernes à l’université catholique de Lille, propose ici un ouvrage permettant d’actualiser la pensée de Raymond Aron au regard de notre époque.

Issu d’une famille juive vosgienne habitée des idéaux de la IIIe République et de 1789, Aron incarne dans les premiers temps de son existence la figure du jeune homme époustouflé par le modèle occidental. Lorsqu’il poursuit ses études en sociologie et en politique dans les années 1930 à Cologne, Aron est aux premières loges pour assister à la montée des idées nazies, et à ce qu’il nommera plus tard comme l’ennemi à l’essence du modèle démocratique libéral : l’irrationalisme politique.

Aron est donc forgé dans la nécessité de voir les choses pour ce qu’elles sont et non pour ce qu’elles devraient être. Borné à des considérations strictement géopolitiques, il prône, entre autres, «l’héroïsme de l’abandon» en Algérie française pour des motifs politiques inconnus de l’anticolonialisme de gauche. Lucide, il témoigna dans sa vie et dans son œuvre du défi qui allait s’imposer à l’Occident, et qui est aujourd’hui le nôtre, de renoncer à l’universalisme forcené tout en reconnaissant le particularisme et la pluralité des nations. Cette posture impliquant nécessairement d’envisager la guerre comme une éventualité certes indésirable, mais toujours probable. La lecture de cet ouvrage permet de s’imprégner des concepts et de la philosophie politique d’Aron.

Corse

Gilbert Stromboni, Dictionnaire insolite de la Corse, Cosmopole, 11€, 2019.

Définir la Corse implique de plonger immédiatement dans une superposition de termes géographiques : insulaire, montagneuse, méditerranéenne, paysanne, maritime, criminelle et sûre, hospitalière et chauvine… Tout autant de paradoxes géographiques et culturels qui s’enchevêtrent sur un «bloc surgi des eaux» comme l’écrivait Maupassant, qui ne dépasse pas les 9 000 km². Avec son Dictionnaire insolite, Gilbert Stromboni, corse de naissance et professeur agrégé de lettres modernes, éclaircit les éléments de langage propre à cette île singulière qui se situe au croisement des cultures européennes.

En passant par tous les registres, des mets locaux aux grands hommes qui ont fait l’histoire de la nation corse, l’ouvrage dit la vérité plus simplement qu’un traité académique et l’essentiel mieux que le discours d’un autochtone . Par la force de son éclectisme, ce dictionnaire permet d’avoir une approche à la fois historique et actuelle de cette île iconoclaste.

«I» comme «irrédentisme» marque du caractère corse, «B» pour «baroque», ce style qui jonche abondamment les rues de Bastia, ou A de « Aleria », première cité gréco-romaine de l’île de beauté, voilà comment s’articule la structure atypique de l’ouvrage qui permet de tracer un parcours riche alternant légèreté du style et du sujet et sérieux historique. Ainsi, sans verser dans la caricature ou le grossier, l’approche « insolite» permet de prendre du recul sur les mythes et artifices dont ce peuple que l’on a tendance à regarder de loin avec un ton balzacien est en réalité porteur. Il incombe donc au lecteur d’égrainer les mots qui retiendront au mieux son attention, de triturer la linéarité du livre, en bref, de l’appréhender avec la même chaleur fiévreuse que la générosité corse.

Economie

Bernard Landais, Macroéconomie, les fondamentaux, L’Harmattan, 14€, 2023.

L’économie est une science humaine qui occupe une place centrale dans nos activités. La discipline révèle l’importance des échanges et des relations humaines dans l’évolution d’une société. Pour comprendre les enjeux de cette discipline parfois galvaudée par une approche trop mathématique et désincarnée, le professeur émérite de sciences économiques Bernard Landais témoigne d’un ouvrage accessible et réaliste, utile aux étudiants et revigorant pour les initiés des graphiques et des courbes.

Ce manuel synthétique de façon claire et accessible les grands domaines de la macro-économie : la monnaie, les prix, le marché, permettant à tout un chacun de mieux comprendre le fonctionnement de l’économie.

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