Livres de la semaine – 30 juin

30 juin 2023

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Livres de la semaine – 30 juin

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Batailles de l’Antiquité, Chine, Russie, Méditerranée, histoire des drapeaux. Sélection des livres de la semaine. 

Sur la Chine

Henry Kissinger, De la Chine, Fayard, 2023, 15€. 

Fidèle à sa méthode, Henry Kissinger passe par l’histoire pour comprendre le présent. Il évoque donc la longue histoire de la Chine avant d’en venir aux soubresauts du XXe siècle. Le livre est surtout intéressant pour l’expérience partagée de Kissinger durant les moments où il fut au cœur du pouvoir américain. Ses années Nixon bien sûr mais aussi sa connaissance de l’administration Reagan. La politique chinoise des Etats-Unis s’éclaire donc sous un nouveau jour. On peut regretter qu’il ne soit pas mentionné de façon plus explicite qu’il s’agit d’une réédition, l’ouvrage étant paru en 2011. Cela n’enlève rien à son intérêt, mais permet de comprendre pourquoi les dix dernières années de la Chine ne sont pas évoquées, ni les changements idéologiques introduits par Xi Jinping.   

Roman

Ayn Rand, Nous les vivants, Les Belles Lettres, 2023, 23,90€. 

Ayn Rand est une femme complexe. Née en Russie en 1905, émigrée aux Etats-Unis en 1926, elle s’est imposée comme l’une des romancières les plus lues dans son pays d’adoption, connaissant un immense succès avec La Grève (1957). Ses romans abordent des sujets de philosophies politiques fondamentales, notamment sur la liberté humaine, l’action, la responsabilité et la place des individus au sein d’Etats dictatoriaux. Après une traduction de La Grève, Les Belles Lettres poursuivent leur traduction des œuvres de Rand avec ce premier roman, paru en 1936. L’histoire est celle d’une jeune fille, Kira, dont la famille revient à Petrograd en 1922. Elle y fait la connaissance de Léo, aristocrate anti-communiste. Une folle passion nait entre eux, qu’ils vivent tout en tentant d’échapper à l’URSS. De déboires en déboires, les deux jeunes gens se séparent. Kira rencontre ensuite Andrei, militant du PC, qui l’aide à subsister et à accéder aux privilèges octroyés par le parti. La fin du roman est tragique, aboutissant à la mort de Kira et de Léo. Fortement inspiré de sa vie personnelle, ce roman comprend déjà les thèmes chers à Rand, résumés sous le nom d’objectivisme. Une liberté radicale, où les personnes veulent vivre seules et indépendantes mais qui, rattrapées par l’amour, comprennent qu’elles ne sont rien sans les autres. Les personnages de Rand sont aussi torturés que la romancière. Ses romans conservent un fond de pessimisme sur la nature humaine qui donne souvent l’impression d’une voie sans issue. Il n’en demeure pas moins qu’Ayn Rand est l’une des très grandes romancières américaines du XXe siècle et que ses romans ont eu une grande influence sur la vie littéraire et intellectuelle du pays. 

L’Antiquité en batailles 

Gilles Haberey et Hugues Perot, Antiquités en six batailles, L’art de la guerre, 29,90 €. 

Le choc d’Athènes contre Sparte, des armées d’Alexandre contre celles de Darius, ou encore des Carthaginois contre les Romains résonnent dans nos mémoires comme de glorieuses épopées. Dans un récit captivant, les deux auteurs nous replongent au cœur de six batailles emblématiques de lAntiquité, qui ont structuré les rapports politiques entre les grands empires. On y découvre comment les chefs anciens ont inventé l’art moderne de la guerre, il y a deux millénaires, en combinant l’utilisation physique de l’homme et du cheval. Chaque bataille est présentée dans son ensemble, avec les différents fantassins et forces en présence. En se plongeant dans ce récit vivant, le lecteur peut revivre les batailles de Leuctres, de Cannes, de Gaugamèles ou encore de Massada et percer les secrets des grands chefs de l’Antiquité, d’Alexandre le Grand jusqu’à César en passant par Hannibal et Scipion. Surtout, le détail de chaque bataille permet d’évaluer les évolutions stratégiques au cours du temps, qui oscillent entre utilisation de la tarisse, du char de combat, de la phalange et de la mythique légion romaine. Un remarquable travail d’édition, nourri d’une riche iconographie, qui complète les précédents ouvrages de la collection. 

Méditerranée

Michel Murat, Antoine de Rosny, André Suarès, écrivain de la Méditerranée, Garnier, 2023, 32€. 

André Suarès (1868-1948) fait partie de ces écrivain des paysages et de la géographie. Homme de la Méditerranée, son œuvre est largement composée de pièces décrivant les choses vues et vécues : la Provence, Marseille, les villes italiennes, l’Espagne. Il manquait une étude précise de ces relations entre Suarès et la Méditerranée pour comprendre à la fois la genèse de son œuvre et son déploiement. C’est chose faite avec ce recueil d’études menées par plusieurs spécialistes de l’œuvre de Suarès. Chacune développe un détail et une partie du travail de l’écrivain, sur les villes, les pays traversés et aimés, la musique, le rapport à la terre, l’amour de la Renaissance italienne. Autant de thèmes qui démontrent la variété des approches de l’écrivain, l’étendue de sa culture classique, sa capacité à voir et à dire ce qu’il a vécu. Tout en étant résolument écrivain, l’œuvre de Suarès conduit son lecteur à appréhender les paysages et les choses vues, dans une optique à la fois littéraire et géographique.

Drapeau haut

Bertrand Galimard Flavigny, Histoire du drapeau de France et d’ailleurs, Perrin, 2023, 23€. 

Curieuse histoire que celle des drapeaux. Ils nous sont familiers, ils sont fondamentaux dans l’histoire politique et culturelle des pays et pourtant leur histoire est souvent mal connue. Il faut dire que le mythe et l’écriture politique l’emporte souvent sur la réalité, parfois plus prosaïque que la légende. Pourtant, ces morceaux d’étoffes disent beaucoup des guerres, des indépendances, des influences. Leurs formes, leurs couleurs, leurs symboles sont autant de langages et de signifiants qui racontent l’histoire des pays et des peuples qu’ils représentent. Le drapeau a une valeur symbolique et sentimentale qui dépasse son objet : brûler un drapeau, le fouler aux pieds, le prendre à l’ennemi ou l’exposer victorieux sont autant de gestes dont la portée est beaucoup plus importante que le simple fait de manier un bout de tissu. D’abord utile moyen de signalisation, sur les navires et dans les régiments, le drapeau en est venu à représenter un pays et son peuple, lui conférant une dimension beaucoup plus large. C’est cette histoire que décrypte Bertrand Galimard Flavigny, poursuivant ainsi ses études antérieures sur les décorations et les ordres de chevalerie, explorant ainsi l’imaginaire européen et ses entrelacs avec la politique. 

 

 

 

 

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