Sport, diplomatie, Seconde Guerre mondiale et guerres d’Italie, sélection des livres de la semaine.
Focus sur une année importante
Cyril Azouvi et Julien Peltier, 1942, Passés Composés, 35€.
L’année 1942 est considérée comme une année charnière dans la Seconde Guerre mondiale, un tournant à bien des égards. En effet sur les théâtres de guerre les Alliés reprennent une initiative certaine après une domination allemande pour l’Europe et japonaise pour le Pacifique, par le biais de victoires importantes, mais aussi d’innovations techniques elles aussi importantes.
Elle marque aussi les débuts de la Résistance et l’industrialisation du projet d’extermination des Juifs par l’Allemagne nazie. Autant d’éléments qui marqueront durablement les sociétés du Vieux Continent.
Le journaliste Cyril Azouvi s’associe au Data designer et historien Julien Peltier pour conter ici l’année 1942 dans tous ses aspects. Du Pacifique à l’Afrique du Nord en passant par le front de l’Est et la mise en place de la Solution finale, l’histoire y est brillamment racontée, épaulée par une iconographie et une infographie importantes, permettant de mieux la comprendre tout en nous plongeant au cœur des évènements.
Avec un dernier chapitre portant sur la Résistance, les auteurs nous guident jusqu’à la Libération aux côtés de personnages illustres tels que Jean Moulin.
Conquêtes italiennes
Sous la direction de Didier Le Fur, Les guerres d’Italie. Un conflit européen, Passés Composés, 25€.
S’étalant sur une période de 65 ans (1494-1559), ce que l’on nomme les « guerres d’Italie » furent une succession d’affrontements ne furent pas seulement une lubie des monarques français voulant conquérir leurs voisins transalpins, divisés à l’époque en plusieurs royaumes, duchés et républiques autonomes (Gênes, Milan, le Vatican, Venise…).
Dans ce récit complet, Didier Le Fur et les auteurs qui l’accompagnent retracent les origines et conséquences qu’ont eues ces guerres sur toute l’Europe. En effet, elles ne concernèrent pas seulement la France et les royaumes italiens, mais aussi l’Espagne impériale, le Saint-Empire, la Suisse et même l’Empire ottoman, qui cherchent eux aussi à accaparer une partie de ces territoires.
Ces mêmes auteurs ont la particularité de provenir de toutes les régions d’Europe concernées afin d’apporter leur vision de cette histoire et les connaissances les plus récentes, offrant ainsi différentes approches et une vision plus complète de cette période.
Au cours des 14 chapitres qui composent cet ouvrage, les auteurs nous livrent donc l’implication de chacun des acteurs qui participèrent à ces guerres européennes, États comme personnages historiques (François 1er, Charles Quint, Machiavel…) et qui bouleversèrent profondément la péninsule italienne.
Diplomatie
Gérard Araud, Histoires diplomatiques. Leçons d’hier pour le monde d’aujourd’hui, Grasset, septembre 2022, 315 p., 22€
Il a été la voix de la France en Amérique et à l’ONU. Gérard Araud, ambassadeur retraité, nous offre un ouvrage original, intitulé « Histoires diplomatiques » reposant sur le principe d’un survol spatio-temporel à la recherche des grands moments diplomatiques qui ont structuré l’histoire de l’Europe et du monde. Utrecht, Vienne, Versailles et plus récemment 2003 lors du discours de Dominique de Villepin à l’ONU.
Chaque chapitre étant accompagné d’une méditation sur la diplomatie (qui n’est ni la stratégie ni la géopolitique) mais une activité éminemment morale puisqu’elle doit selon Araud être entièrement ordonnée à la recherche de la paix, quitte à faire la guerre. « Il n’est de guerre indispensable que défensive. Une bonne politique réaliste est une politique pacifique »(p. 304).
Un ouvrage qui met l’accent sur la nécessaire place des diplomates dans la politique étrangère, pour éviter que « la négociation prenne la place de la condamnation ; le diplomate celle du militant. » Il s’agit de trouver la force de lutter contre les passions ou les préjugés pour essayer d’introduire un minimum de rationalité dans la gestion des relations internationales. À l’heure où la Russie, comme l’avait déjà compris il y a un siècle Vladimir Soloviev, utilise son exceptionnalisme slavophile dans une fuite en avant messianique, gardons-nous d’idéologiser notre position. Gérard Araud avertit : il s’agit d’ « éviter le pire, ce pire que les hommes portent en eux et chérissent particulièrement quand ils peuvent le travestir en morale et en droit. »
F.P
Sport
Lukas Aubin et Jean-Baptiste Guégan, Atlas géopolitique du sport, Autrement, 2022, 24€.
Un nouveau venu dans la collection des atlas Autrement, et c’est le sport qui s’y colle. Les liens entre sport et politique ne sont plus à démontrer. À l’origine, activité physique et athlétique, le sport est devenu un business dont les conséquences sur le territoire sont importantes. Villes partenaires des grandes événements sportifs, États qui souhaitent disposer des Jeux olympiques et des courses de F1, le sport apporte visibilité et renommée. Dans la compétition politique que se mènent les États, accumuler les médailles est une façon de se montrer et de démontrer face aux autres la vitalité de sa puissance. Comme à l’accoutumée, les atlas Autrement présentent une grande variété de cartes et de croquis qui permettent de mettre à jour les dynamiques et les actualités du sujet traité.
