Renseignement, guerre à l’Est, Syrie, philosophie de la guerre, communautarisme, les livres de la semaine.
Agitations à l’Est
Roland Pietrini, Les Sentinelles oubliées – Le renseignement humaine derrière le rideau de Fer, Éditions Pierre de Taillac, 16,90€
Ancien officier du renseignement français durant la Guerre Froide, Roland Pietrini nous offre ici un ouvrage dans le but de remettre à l’honneur ces hommes de l’ombre, ces « sentinelles oubliées » qui entre 1947 et 1991 ont rempli des missions de renseignement particulièrement dangereuses de l’autre côté du Rideau de Fer.
C’est au cœur des pays de l’Est, ces ennemis membres du pacte de Varsovie que le lecteur suit ces missions ayant pour but de suivre les mouvements, évolutions et intentions de l’ennemi. Membres de la Mission Militaire française de liaison près du haut commandement soviétique en Allemagne (MMFL) qui pouvaient se déplacer « librement » de l’autre côté, le livre retrace leurs missions tant sur les réussites que sur les échecs, parfois fatals…
L’auteur marque aussi l’évolution des membres de la MMFL au sein d’un métier pas comme les autres, qui n’est pas inné et dont la préparation est aussi importante que la mission en elle-même où les dangers sont bien sûr nombreux, traqués par la Stasi, le KGB dont l’acharnement est d’une intensité incomparable.
Accompagné de nombreuses photos prises durant les différentes missions et documents officiels venant des deux camps, traversez le pont des espions de Glienicke et venez découvrir cette page méconnue de notre histoire récente.
Philosophie de la guerre
Henri Hude, Philosophie de la guerre, Economica, 23€
Peut-il exister une guerre juste ? Cette notion est-elle défendable aujourd’hui et pourquoi ? C’est le premier thème qu’aborde Henri Hude dans cet ouvrage philosophique écrit autour de plusieurs manières d’aborder la guerre et ses solutions point par point.
Normalien et docteur en philosophie, Henri Hude nous livre ici une réflexion qui résonne particulièrement avec l’actualité et la notion de la guerre en général. Un livre concis qu’il qualifie comme étant dans la lignée de Sun Tsu et de Clausewitz et résumant quinze années de réflexion.
Analysant les différents points de vue de la guerre mais aussi les différentes solutions (ou déclencheurs comme le Léviathan) qu’il a identifié, l’auteur nous éclaire particulièrement sur les conditions de ces solutions de paix à travers une analyse de ses différents courants de pensées acteurs des guerres, qu’ils appartiennent au temps présent ou aux exemples historiques.
Ainsi entre religion, pacifisme, laïcité, Absolu et impérialisme, Henri Hude nous livre une réflexion poussée sur les différentes manières d’appréhender la guerre, en partie dans le but de l’éviter et d’y trouver des solutions de paix.
Le communautarisme au Levant
Fabrice Balanche, Syrie Liban, communautarisme et pouvoir, Presses universitaires Rhin et Danube, 24€
Maître de conférences en géographie HDR, Fabrice Balanche est un expert reconnu de la Syrie et du Moyen-Orient. Prenant le communautarisme comme axe de lecture, il nous livre une analyse de la situation parfois trouble de ces deux pays du Moyen-Orient.
Trop longtemps délaissé comme grille de lecture, le communautarisme est pourtant fondamental pour analyser des pays où les communautés sont nombreuses, du fait de leur histoire et de leur position géographique au carrefour des civilisations comme le sont la Syrie et le Liban. En effet, ces cultures vouent une grande importance à la communauté qui est le ciment de leur société et le centre de leur vie quotidienne et donc par-dessus tout leur identité première.
Fabrice Balanche retrace ainsi l’histoire des communautés présentes sur ces territoires depuis le début du XXe siècle, et plus précisément depuis leur création par la Grande-Bretagne et la France en 1920. Fort d’une expérience de terrain, il analyse le rôle qu’elles ont eu ou parfois qu’on leur a donné au cours du siècle écoulé dans le développement de ces pays et les évènements qu’ils ont connu. De nombreuses cartes en couleurs viennent agrémenter la réflexion pour une meilleure compréhension et une meilleure visualisation de la situation de cette région complexe.
La première police politique
Alexandre Sumpf, Okhrama, la police secrète des tsars 1883-1917, Les Éditions du Cerf, 24€
Bien moins connue que ses descendants, Okhrana s’avère être une des premières polices politiques de l’histoire moderne. Bien avant le KGB, le FSB et autres NKVD et Tchéka, la puissance politique des Tsars avait déjà des agents sous ses ordres chargés d’espionner, filer et provoquer dans le but de protéger le pouvoir en place.
Spécialiste de l’histoire russe, Alexandre Sumpf nous livre un ouvrage important sur cette première police secrète ayant eu un quartier général en plein cœur de Paris pour ses opérations à l’étranger. Retraçant son histoire, son organisation et ses méthodes, l’auteur explique en détail le recrutement, les missions et la vie de ces agents secrets de la Russie tsariste en partie responsables de la lutte contre les révolutionnaires jusqu’à sa disparition et son remplacement par la Tchéka en 1917 au lendemain de la Révolution russe.
En effet l’Okhrana a été active durant la période où les idées communistes sont fortement relayées et suivies partout en Europe et la Russie n’y échappe pas comme on le sait.
Malgré la fin tragique du tsarisme, l’Okhrana connu également des succès importants ses presque 35 années d’existence et su créer un véritable réseau qui comme tout service de renseignement et d’influence, n’était pas uniquement composé d’agents russes.
Entre influence, complots, manipulations et faux documents, de Paris aux neiges sibériennes, de la Loubianka aux bords de la mer Baltique, plongez au cœur de l’histoire méconnue, et pourtant très riche et mère de nombreuses autres, de ces agents de l’ombre.
