Parutions récentes : Allemagne, diplomatie, colonisation, Irak et djihadisme.
République de Weimar
Christian Baechler, Gustav Stresemann : Le dernier espoir face au nazisme, Passés Composés, 23 €.
La période de l’entre-deux-guerres a été décisive pour l’Allemagne, subissant de nouvelles frontières, séduite par un populisme dangereux et meurtrie par une crise économique sans précédent. Au cours de cette période trouble subsiste le nom d’un homme d’État allemand important : Gustav Stresemann.
Grand spécialiste de l’Allemagne, Christian Baechler nous livre un ouvrage sur le destin de cet homme d’État allemand controversé. Pendant plus de 25 ans, Gustav Stresemann participe à la vie politique, économique et sociale de l’Allemagne. Député du Reichstag à 28 ans, il crée et dirige le Parti populaire allemand avant de devenir chancelier puis ministre des Affaires étrangères. Il devient l’un des principaux acteurs de la tribune de Genève, depuis l’entrée de l’Allemagne à la Société des Nations (SDN). Cet homme est aussi celui qui reçoit le prix Nobel de la paix au côté d’Aristide Briand en étant l’artisan d’un rapprochement franco-allemand au sein du projet de construction européenne. Il choisit aussi de réviser le Traité de Versailles par le biais d’une politique de rapprochement avec la France. Gustav Stresemann apparaît alors comme un symbole du régime républicain et d’une Europe de la paix.
Le décès brutal et inattendu de Gustav Stresemann en 1929 est vécu en Europe comme une véritable catastrophe pour la paix. Ainsi, le 3 octobre 1929, jour de sa mort, la République de Weimar perd l’un de ses derniers défenseurs, avant de succomber peu à peu sous les assauts du nazisme.
Comprendre l’Irak
Myriam Benraad, L’Irak, par-delà toutes les guerres : idées reçues sur un État en transition, Le Cavalier Bleu Éditions, 13 €.
Berceau de l’humanité recouvrant une large partie de la Mésopotamie où l’écriture fut inventée il y a 5 000 ans, l’Irak a connu de violentes ruptures ces derniers temps : dictatures, guerre contre l’Iran, première et deuxième guerre du Golfe, occupation étrangère, rivalité avec l’Arabie saoudite ou la Turquie ou encore violence de l’État islamique. L’Irak se trouve ainsi au cœur d’une géopolitique caractérisée par d’incessantes luttes de pouvoir et d’influence. C’est un pays complexe pour celui qui songe à s’y intéresser de près. En tant que spécialiste du monde arabe et de l’Irak, Myriam Benraad met en lumière les différents aspects d’un pays que l’on connaît principalement par ses principaux clichés de l’époque actuelle.
Longtemps sous les projecteurs de l’actualité internationale, les évènements récents de l’Irak renvoient ainsi à une image d’Épinal de l’Irak, notamment celle d’un pays plongé dans une violence continue. Cependant, avant de sombrer dans le chaos, l’Irak fut l’épicentre d’une vie intellectuelle et politique vibrante, le carrefour des grandes civilisations. Myriam Benraad nous présente ainsi la riche histoire de l’Irak selon trois étapes décisives, la fondation du pays en 1921 sous l’impulsion du mandat britannique, le royaume d’Irak dès 1932 jusque l’avènement de Saddam Hussein en 1968. Dans un contexte de grande confusion, caractérisée par une abondance d’informations et une pénurie de sens, l’histoire de ce pays millénaire mérite un détour critique afin d’en saisir les enjeux actuels.
Afrique et djihadisme
Luis Martinez, L’Afrique, le prochain califat ? : La spectaculaire expansion du djihadisme, Taillandier, 20 €.
Quasi inexistants il y a vingt ans, les groupes djihadistes occupent aujourd’hui des zones entières au Mali, au Burkina Faso, au Niger et plus largement dans le golfe de Guinée. Ils profitent des troubles locaux pour faire leur les critiques des populations locales contre les gouvernements en place. L’enjeu est clair : l’instauration d’émirats islamiques et l’application de la charia. Observateur pour l’Union européenne en Afrique subsaharienne, Luis Martinez nous rappelle au travers de son ouvrage combien les potentiels bouleversements politiques de ces États africains sont un enjeu crucial de ce siècle.
À l’instar de la « guerre contre le terrorisme » mené par les Américains en Afghanistan pendant 20 ans, la France et l’Europe se sont engagées au Sahel dans une guerre aux objectifs incertains et ambigus, malgré une ambition initiale de lutter contre les groupes armés jihadistes dans toute la région. La réalité montre que cette présente militaire étrangère ne fait que renforcer le discours des groupes djihadistes en mobilisant les populations locales contre « l’occupant ».
Luiz Martinez a réalisé plus de soixante missions de recherche et d’enquête de terrains ces dernières années. Il nous explique avec précision comment l’une des régions les plus peuplées et les plus jeunes de la planète est devenue la cible d’un islam politique radical. Le défi à relever face aux djihadismes en Afrique est de taille et nous concerne tous.
Penser la colonisation
Driss Ghali, Une contre-histoire de la colonisation française, Jean-Cyrille Godefroy éditions, 24 €.
Alors que notre président considère la colonisation comme « un crime contre l’humanité » la question qui suit est évidemment : à qui profite le crime ?
Bien qu’on puisse aisément le croire, la France ne s’est pas enrichie grâce aux colonies. Voici une idée reçue que vient déconstruire Driss Ghali dans son dernier ouvrage. Spécialiste des relations internationales, l’auteur revient en détail sur l’histoire de la colonisation française pour en défaire les différentes idées reçues et autres simulacres. En effet, la colonisation est un sujet propice aux contresens et aux fausses vérités.
Par exemple, la France n’a pas considérablement investi dans son empire, faute d’argent et de volonté politique. La France n’est pas non plus venue détruire des pays en paix et prospères, mais elle a bien mis les pieds au sein de contrées déstabilisées par l’injustice et la pénurie. La « mission civilisatrice » de la France n’a en outre jamais été définie.
Alors que l’on connaît tout ou presque du déroulé de la colonisation, ses motivations véritables restent méconnues et ses conséquences mal interprétées. Cet ouvrage est ainsi essentiel pour mieux appréhender un sujet souvent soumis aux idées fausses et dont il convient de rétablir le véritable sens de l’histoire.
Les Justes
Justes parmi les nations. Tome 1 : Les réseaux de la liberté
À Nice désormais occupée par les Nazis, les réseaux de la liberté s’organisent pour sauver les Juifs des arrestations et de la déportation. Parmi eux, le « Réseaux Marcel » qui regroupe une partie du clergé local, notamment l’évêque de Nice. Echapper aux Nazis, exfiltrer les populations, les cacher, les préserver des arrestations. Ce sont plus de 500 enfants qui furent ainsi cachés dans des institutions religieuses et donc sauvés d’une mort probable.
La série initiée par cette BD retrace l’histoire de ces Justes. La BD est vivante, fidèle à l’histoire et permet de se plonger dans une période mal connue, même si de nombreux protagonistes furent déclarés « Justes parmi les Nations ».