Afghanistan, wokisme, histoire de la musique, guerre au Yémen, reportages et plongées dans l’histoire au programme des publications de cette semaine.
Retour en Afghanistan
Sept Mook, « Mémoires afghanes », 2023.
“Là, ils s’aperçoivent qu’ils ont sous les pieds toute une histoire dont ils ne soupçonnaient pas l’existence.” Dans ce deuxième tome des Mémoires afghanes, la revue Sept Mook nous ramène face aux taliban, « les turbans noirs » qui ont pour projet de détruire la culture et le patrimoine de l’Afghanistan en imposant leur vision univoque du Coran. Des journalistes et photojournalistes vous emmènent avec eux sur les sentiers du « pays des Cavaliers » ressusciter cette « mémoire assassinée ». Véritable journal de marche, l’on vous fait découvrir une culture oubliée, des paysages perdus, des modes de vie rançonnés, des réalités éludées. Composé de textes longs, de reportages et de photos, ce nouveau numéro de Sept Mook prolonge le projet initial de la revue d’apporter réflexion et temps long sur les sujets fondamentaux. Une façon, aussi, de remettre à l’honneur le métier de journaliste.
Musique en histoire
Hélène Daccord, Quand la musique fait l’histoire, Passés et composés, 2023, 22€.
Hélène Daccord peint dans ce livre une quinzaine de tableaux où la musique s’est immiscée dans l’histoire. Rostropovitch jouant devant le mur de Berlin abattu, musique du sacre de Napoléon, rôle de l’opéra dans les mouvements nationaux, la musique a accompagné la diplomatie et l’histoire politique, elle a été un instrument d’échange diplomatique, d’influence culturelle, d’affrontements, de résistances, de revendications sociales. La « diplomatie symphonique » a transcendé ce que le pouvoir des mots ou des armes ne pouvait traduire aux hommes. L’harmonie des instruments a ainsi plusieurs fois permis l’harmonie des hommes.
Regards sur le Yémen
Alexandre Lauret, La guerre et l’exil, Yémen 2015-2020, Les Belles Lettres, 2023, 23,50 €.
Lorsque la guerre civile éclate au Yémen en 2014, des milliers de personnes sont condamnées à quitter leur pays, à trouver un visa pour les plus chanceux, sinon de rester dans des camps de réfugiés des Nations-Unies. Alexandre Lauret a alors recueilli des centaines de témoignages de réfugiés, qu’il expose ici, chacun racontant à sa manière sa nostalgie, son histoire, ses sentiments. Ce livre représente « une mémoire collective humaine » qui essaie de ne pas se noyer dans les réalités de la guerre. Ce livre n’est pas une simple compilation de témoignages, mais est une réflexion évolutive sur la guerre à laquelle doit faire face l’homme, et surtout est l’histoire d’une quête humaine, avide de sens face au choix que la vie leur imposait : la perte de soi dans la honte de l’exil, ou la perte de sa vie au combat.
Chroniques orientales
Charles de Meyer, Pourquoi me persécutes-tu ? Chroniques d’un Orient martyr, La Nouvelle Librairie, 2023, 16€
Dans cette série de chroniques, Charles de Meyer, co-fondateur de SOS chrétiens d’Orient, rassemble ses regards vers l’Orient. Successions d’anecdotes, de rencontres, de réflexion sur les guerres et les drames, d’espoir comme moteur de la mission. Portées par une langue juste et souvent poétique, ses chroniques nous replongent dans les dix dernières années de sang et de poudre de cet Orient qui a vu s’accroître la persécution contre les chrétiens. Assauts de l’État islamique, trafics d’êtres humains, jeux des puissances, oubli de la communauté internationale. La perspective proposée est double. Ses voyages nous amènent au plus près des populations, au plus près des cœurs pour lesquels il se bat. De l’autre côté, Charles de Meyer nous invite à découvrir les lâchetés et le basculement d’un monde qui lui aussi disparaît, mais de façon plus pernicieuse. Ce livre est une invitation au combat, un combat pour les chrétiens d’Orient, mais aussi un combat contre soi-même. Plein de lucidité politique, de hauteur de vue, mais aussi de sens du terrain, Charles de Meyer nous invite aussi à l’espérance dans ce combat qui nous concerne tous.
Rire jaune
La revue des deux mondes, Le bêtisier du wokisme, été 2023, 20 €.
« Je me presse de rire de tout, de peur d’être obligée d’en pleurer » disait Beaumarchais, dans une citation qui donne les couleurs de ce livre. Face à la montée de l’idéologie woke, la Revue des deux mondes mêle perles et analyses afin de montrer le non-sens d’une doxa source d’injonctions absurdes, de tyrannies langagières et comportementales ou de délires égalitaristes, au détriment de ce qui avait pu être son objectif propre, à savoir une justice sociale. La revue monte au front pour analyser cette idéologie et ses origines, et pour étriller une « contestation très occidentale de l’Occident qui abolit les complexités de l’histoire et réduit l’individu à sa communauté d’appartenance ». Ce numéro d’été attaque le wokisme par la corrosion et le rire, une façon de le prendre dans les contradictions de son sérieux et ainsi de montrer ses dangers et ses limites.