Les éditons Pierre de Taillac ont édité à la rentrée un superbe livre sur l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan qui, à travers 190 pages de photos et de textes, retrace toute l’histoire de cette école de la guerre.
Saint-Cyr n’a cessé depuis d’être l’école du commandement et de formation d’une partie des officiers français. L’évolution de son enseignement a suivi celui de la guerre et des contraintes imposées par les conflits. Pierre de Taillac publie un livre événement retraçant l’histoire de cette école dans un format de beau livre alternant textes de présentation et photos d’archive.
Ce livre est édité alors que la réforme de 2021 renomme Saint-Cyr « Académie militaire de Saint Cyr Coëtquidan ». C’est l’occasion de rappeler à ses élèves et au public la grande histoire de l’École.
Le 10 mars 1803, Napoléon Bonaparte confie à Jacques Nicolas Bellavène l’organisation, le commandement et la direction des études de l’École de Saint-Cyr, avec le titre d’inspecteur du Prytanée militaire. Le 7 janvier 1805, avec l’établissement de l’Empire, l’école devient École spéciale impériale militaire. C’est le 27 octobre 1805 que tombe au champ d’honneur le premier saint-cyrien, le sous-lieutenant Lafforgue. Un mois plus tard, à Austerlitz, plusieurs de ses camarades sont tués au cours d’une des plus éclatantes victoires napoléoniennes. Lorsque Louis XVIII arrive sur le trône en 1814, il raye d’un trait de plume les Écoles de Saint-Cyr ainsi que le Prytanée de La Flèche. Napoléon les rétablit toutes à son retour. Après Waterloo, les élèves sont renvoyés chez eux, les aigles sont brûlés. En 1818, le maréchal de Gouvion Saint-Cyr réinstalle l’École spéciale militaire à Saint-Cyr et la première promotion numérotée (1818-1820) voit le jour.
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Le livre suit ensuite toute l’histoire de l’École, au gré des agitations politiques. En 1830, les élèves officiers restent attachés aux Bourbon et Louis-Philippe nomme le général Baragay d’Hilliers commandant de l’École pour rétablir la discipline. Ce dernier, cordialement détesté pour sa sévérité, a donné son nom au « baraguey », prix que les élèves remettent au supérieur le moins apprécié. En 1851 en revanche, le retour de l’Empire ne suscite aucun émoi à l’École. Le 24 août 1855, lors d’un défilé militaire organisé en l’honneur de la reine Victoria, les saint-cyriens arborent sur leur shako un plumet rouge et blanc aux couleurs de la monarchie britannique. Le casoar est définitivement adopté. Plus tard, la défaite de 1871 montre le faible niveau de formation des officiers et désormais, chacun sera spécialisé dans un corps spécial (artillerie, infanterie, cavalerie, etc.). En 1884, l’École accueille les statues équestres des généraux Marceau et Kléber. La guerre de 14 est une hémorragie pour les officiers. La Seconde guerre mondiale quant à elle, aura de lourdes conséquences sur l’École. Dans un premier temps, Saint-Cyr se déplace en zone libre à Aix-en-Provence jusqu’en 1942. Les volontaires français arrivés en Grande-Bretagne sont installés au Pays de Galles et deviennent les cadets. À la fin de la guerre, le chef d’état-major de Lattre de Tassigny installe dans l’ancien camp breton de Coëtquidan les corps d’officiers, car Saint-Cyr l’école a été détruit lors des bombardements. En 1961, le général de Gaulle réforme Saint-Cyr. Deux écoles sont distinguées : l’École spéciale militaire (ESM) assure la formation des élèves officiers reçus sur recrutement direct, et l’EMIA pour préparer les anciens sous-officiers à devenir officier. Le reste du chapitre parle des différentes réformes qui ont suivies (EMCTA et EMAC).
Photos et documents d’illustration
Le livre montre ensuite par de superbes images la formation complète des élèves officiers. Entraînements au tir, sport intense, stages commandos, parachutisme ou stage en montagne, la vie des élèves est très active. La dernière partie explique les traditions de Saint-Cyr. Le drapeau, le casoar, la galette fièrement portée originellement par les élèves aux résultats médiocres, le 2S pour commémorer Austerlitz, etc. Enfin, les dernières pages sont consacrées aux officiers morts au champ d’honneur depuis 2000 : 11 d’entre eux ont péri au cours des différentes opérations de l’armée française témoignant ainsi de la permanence de la guerre.
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