Livre – Je suis un village. Petite introduction à l’architecture

29 juillet 2020

Temps de lecture : 4 minutes

Photo : (c) Paul Henri Degrande /Pixabay

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Livre – Je suis un village. Petite introduction à l’architecture

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Faire découvrir et comprendre l’organisation des paysages aux plus jeunes. Telle est l’ambition réussie de ce livre publié à la librairie des écoles.

La petite collection « Je suis », permet d’approcher une discipline à travers un sujet concret : la forêt pour l’écologie, le pain au chocolat pour l’économie, l’étoile pour l’astronomie. Dans Je suis un village, les auteurs nous initient de fort belle manière, non pas tellement à l’architecture comme l’indique le sous-titre, mais plutôt à l’histoire du paysage. L’organisation de l’ouvrage est bien pensée. Après une courte préface résumant le propos du livre et explicitant la démarche, 18 grandes illustrations commentées permettent d’observer l’évolution d’un village imaginaire français, depuis la Préhistoire jusqu’à aujourd’hui. Une grande frise chronologique, richement illustrée, et un glossaire récapitulent et complètent l’ensemble.

L’histoire des villages

L’histoire de notre village débute il y a environ 17 000 ans autour de quatre éléments : une rivière, un gué, une colline et une forêt. À l’époque néolithique, une tribu s’y sédentarise. Des maisons et des champs apparaissent. L’érection d’un monument funéraire, le dolmen, matérialise l’aspect communautaire et pérenne de cette fondation. La forêt commence à reculer. Pendant l’Antiquité, les Gaulois aménagent et fortifient la colline qui devient un oppidum. La paix romaine permet aux habitations de se redéployer dans la plaine. Un fanum romain remplace le sanctuaire gaulois et la pierre de la colline est utilisée pour construire un pont et embellir le village. Un grand domaine agricole, la villa, et un réseau de chemins apparaissent.

Après la chute de l’Empire romain, la forêt a gagné du terrain et les habitants se sont regroupés sur le vieil oppidum, laissant à l’abandon de nombreuses constructions. Les premières croix chrétiennes ont surgi. Un processus de fortification et de christianisation du paysage s’engage à l’époque médiévale. Le château à motte et sa palissade laissent bientôt la place à un donjon et à des fortifications en pierre. Les portes de la ville s’inscrivent désormais dans le paysage. L’église et son cimetière s’agrandissent. Un monastère est édifié en périphérie et participe aux défrichements. L’activité économique marque aussi le panorama : moulin à eau puis à vent, champs, place du marché avec sa halle. À l’époque moderne, l’influence du pouvoir royal se fait de plus en plus sentir. Une route royale, un nouveau pont de pierre et un relais de poste améliorent les liaisons avec le reste du royaume. La paix relative favorise l’abandon des douves et la transformation du château suivant la mode donnée par la cour.

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La fin du XVIIIe siècle marque le début de profonds changements. Avec la Révolution française, l’église est vandalisée et une partie du château est brulée. De nouveaux symboles politiques voient le jour. Bientôt, la mairie et l’école communale font leur apparition. Plus encore, l’industrialisation bouleverse le paysage. Une fabrique avec une machine à vapeur est construite au bord de la rivière. Une gare ferroviaire est inaugurée au XIXe siècle, reliée au bourg par une allée ombragée. Un square apparait. Les maisons d’ouvriers et les belles demeures des industriels caractérisent les nouveaux quartiers. Au XXe siècle, un monument aux morts s’élève sur la place du village. Les apparitions du bitume et de la pompe à essence puis des parkings et des lotissements sont révélatrices du développement de l’automobile. La zone urbanisée s’étend de plus en plus. Les loisirs, le tourisme et les services (électricité, téléphone…) prennent une place grandissante dans le paysage. La population et les terres agricoles diminuent. Aujourd’hui, la ligne ferroviaire a disparu, les ronds-points et les zones d’activités se sont multipliés. Des éoliennes s’élèvent. Des ruines sont patrimonialisées.

Un grand intérêt pédagogique

Les atouts pédagogiques de ce petit livre sont nombreux. Il permet de donner aux enfants un ensemble de connaissances et de repères historiques fondamentaux : grandes périodes historiques et leurs principales caractéristiques paysagères, événements importants (révolution néolithique, chute de l’Empire romain, Révolution française…), vocabulaire précis (Atrium, donjon…). Il offre également la possibilité d’amorcer une réflexion sur l’Histoire : quelles ruptures et quelles continuités historiques retrouve-t-on dans le paysage ? Pourquoi certains éléments disparaissent ou sont abandonnés ? Pourquoi d’autres subsistent ou sont conservés ? Quelle est la place de l’environnement, des sciences et des technologies, du politique, de l’économie ou de la culture dans l’évolution de nos paysages ? Enfin, en replaçant le paysage dans une perspective historique, cet ouvrage permet au lecteur de considérer l’héritage dont il dispose et sa responsabilité dans son utilisation aujourd’hui et demain. Une lecture fructueuse donc, que les enfants et leurs parents pourront compléter avec L’Histoire du paysage français de Jean-Robert Pitte.

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La Librairie des Écoles 

La Librairie des Écoles est un éditeur de manuels scolaires et de livres éducatifs pour les enfants des écoles primaires. Il travaille à faire connaitre des méthodes pédagogiques explicites et réputées internationalement pour leur efficacité (Singapour, Kumon, Montessori, etc.). La maison édite aussi des ouvrages éducatifs d’histoire, de sciences ou de littérature, remarquables par leur clarté, leur sérieux et la qualité de leurs illustrations. Dans Alexandre le Grand, par exemple, les sources historiques qui permettent à l’auteur de construire son récit sont clairement notifiées. L’enfant rencontre ainsi Plutarque, Arrien ou encore Diodore de Sicile.

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À propos de l’auteur
Laurent-Sébastien L'Huillier

Laurent-Sébastien L'Huillier

Agrégé d'histoire, professeur au lycée Jeanne d'Arc de Mazamet.

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