Livre – Histoire des Etats-Unis, de 1492 à nos jours.

23 janvier 2022

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Photo : Livre - Histoire des Etats-Unis, de 1492 à nos jours. Crédit photo : Unsplash

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Livre – Histoire des Etats-Unis, de 1492 à nos jours.

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Écrire une histoire complète des États-Unis, des origines à juin 2021, tel est le défi relevé par l’auteur, qui retrace en quelque 1300 pages le chemin parcouru par ce pays au destin exceptionnel. Les traits fondamentaux de l’histoire, de la géographie et de la culture des Etats-Unis sont à rechercher dans les profondeurs de leur passé. Ces traits, qui apparaissent dès la période coloniale, sont les vecteurs de ce livre, à savoir l’espace, la croissance, la diversité, l’inventivité et la violence.

D’abord, l’espace. Dès la Révolution, les treize colonies nouvellement indépendantes couvrent une vaste zone côtière. Certains, en Europe, doutaient du succès à long terme d’une république sur un territoire aussi vaste… De plus, les Etats-Unis de l’époque sont confrontés à un continent encore mal connu, mais dont ils soupçonnent l’immensité. Tout au long du XIXe siècle, les Américains ont exploré, conquis, peuplé et maîtrisé cette immensité continentale grâce à la technologie du rail, du télégraphe et des armes à feu. C’est leur première conquête de l’espace.
Cette expansion territoriale est alimentée et soutenue par une croissance phénoménale – surtout démographique, mais aussi économique – qui durera toute l’histoire du pays. L’Amérique attire des millions d’immigrants. Cette immigration forte, bien que fluctuante, perpétue et accentue une extraordinaire diversité qui, ne l’oublions pas, était déjà une caractéristique de l’Amérique britannique et des premiers États-Unis.
En incorporant des territoires d’abord continentaux, puis insulaires, grâce à l’expansion impériale et ultramarine de la fin du XIXe siècle, les États-Unis ont également absorbé des populations différentes de la base originelle et intégré leurs histoires et leurs héritages dans le récit national. Ainsi, les États-Unis sont nés de l’Amérique britannique, mais leur expansion territoriale fait que leur histoire est désormais ancrée dans d’autres passés régionaux et culturels, ayant incorporé 2 millions de km2 du Mexique après 1848. D’où l’extrême importance, dès l’origine, des spécificités des colonies, puis des États. Les États-Unis, malgré un fort vernis unificateur et uniformisateur, sont aussi une somme d’histoires, un kaléidoscope de traditions et de spécificités identitaires liées au peuplement et à la géographie. Si la diversité la plus marquante est ethnique, la diversité des territoires reste fondamentale.
L’inventivité, fruit d’une passion pour la technologie et la nouveauté, reste une autre caractéristique des États-Unis et du peuple américain. Dès la fin du XVIIIe siècle, l’Amérique est une expérience, au sens anglais du terme, incarnée par la révolutionnaire Constitution de 1787 et des figures telles que Benjamin Franklin et Thomas Jefferson. Tout au long de leur histoire, les États-Unis ne cesseront jamais d’inventer et d’expérimenter. La religion, qui ne remplace en aucun cas les autres caractéristiques fondamentales, reste un élément essentiel, bien que fluctuant, de l’histoire américaine de la période de la fondation à nos jours. Enfin, mais c’est un point crucial, ce modèle d’expansion – territoriale, économique, technologique – a toujours été accompagné d’une grande violence. Violence des guerres – notamment contre les Amérindiens -, des conquêtes, des spoliations, des déportations, des maladies, des éléments naturels, de l’esclavage, de la ségrégation, de l’exploitation, du crime, de la peine de mort, de l’incarcération de masse et de la pauvreté.
L’Amérique a donc toujours présenté un double visage. Celui du rêve de richesse, de l’eldorado des premiers temps, du Nouveau Monde de l’espoir, des opportunités, des nouveaux départs et d’une certaine liberté, mais aussi celui de la brutalité de la conquête, de la dureté de l’exploitation d’une main-d’œuvre massive et en constante évolution, d’une concurrence impitoyable et effrénée, et d’inégalités sans cesse croissantes. Le postulat de cet ouvrage est que l’histoire des États-Unis et de la société américaine n’est qu’imparfaitement connue du public français, et au-delà du public francophone, notamment dans sa complexité. Dans un cadre chronologique articulé autour de grands événements, l’approche qui a été privilégiée dans cet ouvrage est socioculturelle, même si tous les aspects de cette histoire sont étudiés. L’ouvrage offre un panorama des Etats-Unis à travers le temps, avec des gros plans sur la société américaine à une période donnée et des vignettes biographiques de personnages, connus ou inconnus. L’histoire des Etats-Unis est également analysée dans son contexte global, et non comme isolée du monde, suivant un destin particulier.
Toutes les grandes étapes de l’histoire américaine, devenue mondiale après 1917, sont retracées dans toutes ses dimensions politiques, économiques, culturelles et géopolitiques. À partir de 1992, après la chute de l’URSS, les États-Unis deviennent la seule grande puissance, l’hyperpuissance, présidant à un monde unipolaire pendant une décennie. Nous entrons dans l’ère de la mondialisation, dont ils seront les principaux artisans jusque dans les années 2000.  Près de 300 pages sont consacrées à cette dernière période charnière, qui se termine dans l’épilogue « une démocratie attaquée » par l’entrée de Joe Biden à la Maison Blanche. L’année 2020 est aussi l’année d’un nouveau recensement décennal. Selon ce recensement, la population américaine est de 332,6 millions d’habitants, soit une augmentation de 7,4 % depuis 2010, l’une des plus faibles depuis les années 1930, décennie de la Grande Dépression.
Les États-Unis ont connu une croissance décennale supérieure à 35 % à plusieurs reprises au XIXe siècle, et cette croissance était proche de 20 % dans les années 1950 et supérieure à 10 % dans les années 1960-1970, 1970-1980 et 1990-2000. Il s’agit donc d’un déclin significatif. La population immigrée, en partie seulement grâce aux mesures de Trump, a augmenté de manière beaucoup moins marquée (4,9 millions) dans les années 2010-2020 que dans les années 1980 (5,6), 1990 (11,3) et 2000 (8,8). La proportion de la population américaine qui est née à l’étranger reste cependant constante et toujours comparativement élevée, à 13,7 %, contre 14,7 % en 1910, époque des grandes vagues d’arrivées de migrants aux États-Unis, et 4,7 % dans les années 1970, le chiffre le plus bas du XXe siècle. Les migrants en provenance d’Amérique latine sont toujours les plus nombreux, 22,5 millions contre 14 millions en provenance d’Asie, mais c’est cette dernière population qui a le plus augmenté au cours de la décennie (+ 2,8 millions contre + 1,3 million pour les Latino-américains). Les États où la proportion de la population immigrée est la plus élevée sont toujours la Californie (26,7%), New York (22,4%), la Floride (21,1%), le Texas (17,1%) et l’Illinois (13,9%). Toutefois, cette population se répartit plus largement dans le pays, avec une très forte augmentation (plus de 30 %) dans des États qui attirent traditionnellement peu de migrants, comme le Kentucky, la Caroline du Sud ou les deux Dakotas. Entre-temps, le 20 janvier 2021, le président Biden et le vice-président Harris prennent leurs fonctions lors d’une sobre cérémonie placée sous le signe de la pandémie (près de 350 000 morts en 2020 et 79 000 pour le seul mois de janvier 2021), devant un maigre public masqué et distancié, et en l’absence de Trump, qui gracie 73 fonctionnaires condamnés pour corruption, dont son stratège de 2016 Steve Bannon, avant de quitter la Maison Blanche, une situation très inhabituelle (une première depuis 1869) pour une passation de pouvoir codifiée dans le détail. Le vice-président sortant Mike Pence et les anciens présidents Bill Clinton, George W. Bush et Barack Obama sont présents. Biden prononce un discours aux forts relents historiques, consensuel et volontairement apaisant, voire protecteur, après le tumulte du 6 janvier et alors que le procès en impeachment contre Trump est encore à venir. « C’est le jour de l’Amérique. C’est le jour de la démocratie. Un jour d’histoire et d’espoir, de renouveau et de détermination », a-t-il déclaré dans son discours d’ouverture. « La démocratie est fragile », a-t-il prévenu, mais « à cette heure, mes amis, [elle] a prévalu ». « Sur ce sol sacré où, il y a seulement quelques jours, la violence a cherché à ébranler les fondations mêmes du Capitole, nous nous rassemblons comme une seule nation, sous le regard de Dieu, pour effectuer le transfert pacifique du pouvoir comme nous l’avons fait pendant deux siècles. » Il poursuit : « L’histoire américaine ne dépend pas d’un seul d’entre nous, ni de certains d’entre nous, mais de nous tous. » Il a ajouté, faisant écho à un thème crucial de cette histoire, exprimé textuellement dans la Constitution de 1787 : « Nous, le peuple » qui recherche une union plus parfaite. Revenant au contexte du moment, il promet rapidité et efficacité, « en cet hiver de périls et de possibilités ». Puis il se souvient : « Peu de moments dans l’histoire de notre pays ont été plus stimulants ou plus difficiles que celui que nous vivons actuellement ».
Cette somme, qui contient 125 pages de notes, de bibliographies et de nombreuses cartes écrites dans un style clair, robuste et toujours soutenu, fera certainement date.
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À propos de l’auteur
Eugène Berg

Eugène Berg

Eugène Berg est diplomate et essayiste. Il a été ambassadeur de France aux îles Fidji et dans le Pacifique et il a occupé de nombreuses représentations diplomatiques.
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