La Pologne et la France sont de ces grands pays européens à l’histoire riche et ancienne. Frères d’armes dans l’adversité, ils ne se sont jamais fait la guerre. Ils renouent aujourd’hui avec leur histoire commune à travers le soutien conjoint qu’ils apportent à l’Ukraine.
Article paru dans la Revue Conflits n°51.
Texte réalisé par Paulin de Rosny
Depuis l’élection de Henri de Valois au trône de Pologne et le mariage de Louis XV avec Maria Leszczyńska, les Polonais ont une place particulière dans le cœur des Français. En 1795, lors du troisième partage de la Pologne, la nation polonaise est privée de son territoire, divisé entre la Russie, la Prusse et l’Autriche. C’est par le traité de Tilsit de 1807, par lequel la Prusse perd la moitié de ses territoires, que Napoléon Ier redonne à la Pologne une place en Europe : il crée le duché de Varsovie, agrandi en 1809 aux dépens de l’Autriche. Cependant, le duché est occupé dès 1813, lors de la retraite de Russie, et le congrès de Vienne de 1815 restaure le partage de la Pologne. Y éclatent alors deux insurrections manquées contre le pouvoir russe, en 1831 et 1863. Jusqu’en 1870, la Pologne connaît une grande émigration, et Paris devient un vivier polonais important, accueillant notamment le compositeur Frédéric Chopin et le poète Adam Mickiewicz.
Les différentes guerres qui ont opposé Français et Allemands expliquent également la présence de tombes françaises en Pologne. Lors de la guerre franco-prussienne de 1870-1871, comme lors de la Première Guerre mondiale, de nombreux soldats français y sont envoyés en captivité.
Pendant la Grande Guerre est créée en France une armée polonaise autonome. Lorsque la Pologne recouvre son indépendance en 1919, cette « armée bleue » – du nom des uniformes bleu horizon dont elle était équipée – est transférée en Pologne avec du matériel français. Le jeune État polonais, rapidement menacé dans ses frontières par son voisin bolchévique, est alors soutenu par la France, qui envoie une mission militaire pour conseiller l’état-major polonais et lui permettre de remporter la victoire en 1921. Sous le IIIe Reich, enfin, sont construits en Pologne de nombreux camps nazis : les camps ordinaires de prisonniers de guerre, ainsi que les camps de concentration et d’extermination, dont celui d’Auschwitz-Birkenau.
Ainsi, les raisons de la présence française en Pologne sont multiples, et de nombreux lieux de mémoire témoignent sur le sol polonais des liens forts que nos deux nations ont entretenus à travers l’histoire.
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