<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Les sites palafittiques des Alpes, 4 000 ans d’histoire #20

21 août 2023

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Les sites palafittiques des Alpes, 4 000 ans d’histoire #20

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La France détient plusieurs de ces témoignages exceptionnels de la vie quotidienne des hommes du Néolithique.

Les sites palafittiques des Alpes sont un ensemble de vestiges d’habitations lacustres préhistoriques, bâties autour des lacs et des marais des Alpes. Datés de 5 000 à 500 avant Jésus-Christ, ils fournissent un aperçu de taille sur le rythme journalier dans l’Europe alpine du Néolithique et de l’âge de bronze.

Découverte d’une civilisation 

Sur une série de 111 sites connus, répartis dans six pays européens, seul un petit nombre a fait l’objet de recherches fouillées. Ils constituent les fonds d’une étude approfondie sur les premières sociétés agraires de la région. Des informations très précises ont pu être recueillies sur leur agriculture, l’élevage, le développement de la métallurgie, et ce sur une période de plus de quatre millénaires. Les palafittes désignent des habitations sur pilots, reliées à la rive au moyen d’une passerelle.

Découverte au XIXe siècle, cette « civilisation lacustre » autrefois fantasmée se dessine désormais bien plus nettement. Ils caractérisent des gisements de première importance pour la connaissance des sociétés européennes de la Préhistoire récente. En 1854, l’abaissement temporaire du niveau des lacs alpins à la suite d’une sécheresse fait émerger sur les rives du lac de Zurich des pieux en bois, ainsi qu’un abondant mobilier de céramiques et d’outils de pierres. Ces « villages sur pieux », « palafitti » en italien, sont alors rapidement datés d’une période intermédiaire entre les âges glaciaires et les temps antiques. Les savants prennent conscience que l’histoire de l’espèce humaine et de ses civilisations se révèlent sous leurs yeux, et englobe une profondeur chronologique bien plus importante que ce que l’on croyait auparavant. On appelle ces sites spectaculaires des « stations lacustres ». Ils suscitent un intérêt croissant dans la France du Second Empire, et soulèvent des interprétations aujourd’hui remises en question, à une époque où la discipline scientifique préhistorique n’en est encore qu’à ses balbutiements.

Reconstruction d’une maison palafittique au parc du Laténium à Hauterive en Suisse.

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En 1856, des sites sont à leur tour signalés sur le lac d’Annecy, puis sur le Bourget, à l’occasion de la mise en place des enrochements de la voie ferrée. La « fièvre lacustre » gagne bientôt la Savoie, devenue française en 1860. 

Les sites y sont encore recouverts par l’eau, la « pêche aux antiquités lacustres » est donc menée depuis des barques. Des milliers d’objets sont extraits des lacs et constituent alors les fonds de collections privées ou publiques, avant que l’intérêt populaire pour ces découvertes palafittiques ne s’estompe progressivement. En 1862, le géographe français Élisée Reclus émet un rapport sur les résultats des fouilles en Suisse, se réjouissant de ce décèlement d’un peuple oublié, ancêtre des Gaulois. Lors d’une exceptionnelle baisse du niveau des lacs en 1921 s’opère un regain d’intérêt. Au terme des années 1930, des premières plongées en scaphandre sont accomplies dans le lac d’Annecy et le Léman.

Les Hommes des lacs

Grâce à la technique de la dendrochronologie, les morceaux de bois récoltés sont datés à l’année près. Les sites palafittiques ont ainsi fourni des sources archéologiques tout à fait exceptionnelles, concédant une compréhension clarifiée de villages préhistoriques entiers. Ils révèlent également des détails sur les routes commerciales de silex, coquillages, or, ambre et poteries à travers les Alpes et dans les plaines. Et avec, des témoignages des moyens de transport, au moyen de pirogues et de roues en bois, certaines étant restées complètes, avec des essieux pour charrettes à deux roues, datant d’environ 3 400 avant Jésus-Christ. Elles comptent parmi les plus anciennes préservées au monde. Les tissus remontés à la surface constituent les plus anciens textiles d’Europe. Le cumul de ces témoignages a fourni un aperçu unique sur les modes de vie et les établissements résidentiels d’une trentaine de groupes résidentiels différents.

Habitat palafittique de l’âge du bronze, reconstitué en Allemagne, au nord-ouest du lac de Constance.

Ces sites, érigés au bord des lacs, des rivières et des marais, ont été recouverts par la montée des eaux. Par conséquent, les pieux et autres éléments organiques ont été parfaitement bien conservés, à l’abri de l’oxygène. Grâce à ces restes remarquables, les scientifiques notent à quel point les premiers hommes étaient doués pour le travail du bois. Les poteaux sont plantés profondément dans le sol mou et saturé d’eau, et forment les éléments porteurs des toits et des murs. Ils soutiennent parfois des passerelles, des ponts, des palissades et des pièges à poissons. L’utilisation des pilotis en bois comme fondations des maisons permet de se protéger des inondations, d’accéder aux températures fraîches des eaux peu profondes des lacs et rivières, et de s’isoler des rigueurs de l’hiver. Le type le plus courant du bâtiment résidentiel est la cabane bâtie à partir de rondins fendus de forme triangulaire et enfoncés dans le sol. Cette construction efficace permet aux maisons de se fondre parfaitement dans l’environnement naturel. Les murs sont faits de combinaisons de pierres et de bois, et les toits de gazon ou de chaume. 

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Ces bâtiments comptent entre un et trois étages. Ils servent alors de logements résidentiels, ou bien d’entrepôts ou d’ateliers. De multiples objets de valeur ont été découverts : des peignes en os et en ambre, des outils de tissage, du matériel agricole, des statues votives, des outils de chasse, des récipients en bois, des filets de pêche. Ces reliques nous permettent d’épiloguer sur la vie quotidienne de ces hommes des premiers temps. L’agriculture et l’élevage constituent leur principale source d’alimentation. Les bovins, porcs, moutons et chèvres sont élevés pour leur viande, leur os et leur peau, tout comme force de travail. Ils cultivent des céréales et légumineuses, des poids, du lin ainsi que des plantes produisant de l’huile et des fibres. Durant le Néolithique, l’orge, l’épeautre et l’amidonnier sont utilisés en cuisine et pour la production de bières. L’épeautre, le millet, les haricots et les lentilles sont ajoutés au menu à l’âge du bronze, soit vers 2 000 avant Jésus-Christ. En plus de la chasse et de la cueillette, la pêche demeure très fréquente, comme en témoignent certains équipements adéquats, tels que des bateaux ou des pagaies.

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