Depuis une décennie, les relations entre l’Italie et l’Afrique se sont intensifiées. Le sommet Italie-Afrique de janvier à Rome en témoigne avec l’annonce du Gouvernement de Giorgia Meloni du « plan Mattei pour l’Afrique », plan visant à soutenir le développement des infrastructures et du commerce. De nouvelles ambitions qui coïncident avec un intérêt grandissant du pays pour le continent africain.
Malgré la proximité géographique, l’Afrique n’a jamais vraiment été une priorité pour la diplomatie italienne qui depuis l’après-guerre a toujours préféré se concentrer sur les États-Unis et l’Europe. Résultat, l’Italie a très peu investi dans les relations avec ce continent. Cependant, les choses ont changé au cours des dix dernières années. L’intérêt grandissant des puissances mondiales, comme la Chine et la Russie, a transformé le continent africain en un nouvel échiquier de la géopolitique et de l’économie mondiale. L’Italie a donc décidé d’entrer dans ce jeu et le gouvernement de Giorgia Meloni a annoncé que la politique étrangère italienne était prête à se tourner vers l’Afrique.
Lors de la conférence Italie-Afrique, qui s’est tenue à Rome dimanche 28 et lundi 29 janvier, au Sénat, Meloni a annoncé un nouveau « Plan Mattei pour l’Afrique », du nom du projet de développement et de coopération conçu par Enrico Mattei dans les années 1960. Ce plan se concentrait sur le secteur énergétique, autour duquel une synergie constructive pourrait être construite entre les pays africains riches en ressources et les compétences technologiques et managériales italiennes.
Un nouveau « Plan Mattei »
C’est la même intention avec laquelle le nouveau Plan a été approuvé le 3 novembre dernier par le Conseil des ministres pour une durée prévue de quatre ans. Le Plan a été présenté dans un cadre institutionnel de haut niveau, lors de la conférence inaugurée par le Président de la République, Sergio Mattarella, en présence de nombreux chefs d’État et de gouvernement de la plupart des pays africains.
Le Plan Mattei vise à renforcer le partenariat entre l’Italie et les pays africains à travers le décaissement, au cours des quatre prochaines années, de fonds d’une valeur de 5,5 milliards d’euros, visant à stimuler davantage d’investissements tant du secteur privé que du secteur institutionnel. Les investissements se concentreront sur les secteurs de l’éducation et de la formation, de la santé, de l’agriculture, ainsi que de l’énergie et de l’accès à l’eau. À ce sujet, quelques exemples de projets pilotes que l’Italie a lancés ou lancera dans la prochaine période seront :
Le suivi du projet sur l’agriculture en Algérie
Le réaménagement des infrastructures scolaires en Tunisie
La construction d’un centre d’excellence de formation professionnelle au Maroc sur le thème des énergies renouvelables
La construction d’un pôle agroalimentaire au Mozambique et d’une zone de production de céréales et de légumineuses en Égypte
L’amélioration de l’accessibilité aux services primaires en Côte d’Ivoire
Le développement de certains projets d’eau en Tunisie, au Congo et en Éthiopie, ainsi qu’une chaîne d’approvisionnement en biocarburants au Kenya
L’achèvement des infrastructures de connexion (essentiellement énergétiques) entre les continents européen et africain.
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Présence économique et échanges commerciaux
Pour analyser l’évolution de la présence économique italienne en Afrique, il suffit d’analyser la décennie 2013-2023. En 2013, pour toute l’Afrique subsaharienne, il n’existait qu’un seul bureau de l’Agence ICE (l’Agence italienne pour le commerce extérieur), et c’était celui de Johannesburg, en Afrique du Sud, en 2023, les bureaux de l’ICE en Afrique subsaharienne sont passés à huit : Accra (Ghana), Addis-Abeba (Éthiopie), Dakar (Sénégal), Lagos (Nigeria), Luanda (Angola), Maputo (Mozambique) et Nairobi (Kenya) Johannesburg (Afrique du Sud).
Concernant les échanges commerciaux entre l’Italie et l’Afrique, en 2022 ont été d’environ 70 milliards d’euros, surtout grâce aux importations en provenance d’Afrique qui, passées de 24 à 47 milliards d’euros, ont presque doublé. Les achats de matières premières, notamment énergétiques, ont été d’une grande importance, accentuant le rôle de pays fournisseurs comme l’Algérie, la Libye, l’Égypte, dans la partie nord-africaine, et l’Angola, le Mozambique, le Gabon, le Ghana, le Congo, dans la partie sud du Sahara. L’importation exponentielle de l’énergie en provenance d’Afrique est due à la ferme volonté de l’Italie de réduire sa dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie. En fait, le pays est le pays européen qui a jusqu’à présent le plus réduit la part des hydrocarbures russes de 40 à 25 % du total. Quant aux exportations italiennes, elles ont atteint un record de 21,3 milliards d’euros. L’Italie est le deuxième pays importateur au monde de produits africains et le onzième pays exportateur.
Bien qu’il soit trop tôt pour voir l’évolution du « Plan Mattei pour l’Afrique », l’Italie peut compter néanmoins sur sa forte capacité d’interlocution et d’adaptation avec les pouvoirs locaux et sur son réseau d’entreprises très active en Afrique, notamment dans le secteur énergétique, les infrastructures ainsi que dans la mécanique ou encore dans le secteur spatial. Tout récemment, un « Protocole d’accord » a été signé au Caire, un accord de collaboration entre l’Agence spatiale italienne et l’Agence spatiale égyptienne, EGSA. L’objectif du Protocole est de renforcer la coopération dans le secteur spatial entre l’Italie et l’Égypte, afin d’encourager les investissements à long terme et de faciliter les investissements des industries du secteur.
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