Les missiles ont connu des progrès techniques de grande ampleur au cours de la dernière décennie. Plus rapides, plus puissants, ils sont aussi plus couteux et plus complexes à manier. Mais pour les forces armées, la maitrise technique des missiles est toujours capitale pour l’emporter.
Le missile peut être défini de manière synthétique et générique comme un projectile autopropulsé et doté d’un système de guidage, ce dernier point le distinguant de la roquette. En réalité, il faut parler de missiles au pluriel puisque le terme de « missile » couvre une réalité protéiforme :
- c’est une arme polyvalente (tactique, préstratégique, stratégique avec des charges conventionnelles ou nucléaires, voire sans charge et exploitant sa puissance cinétique pour détruire) ;
- c’est une arme utilisée par toutes les armées (Terre, Air, Mer) ;
- c’est une arme tirée ou susceptible d’être tirée depuis tous les milieux (Terre, Air, Mer, Espace (TAME)) pour atteindre des cibles situées ou évoluant dans tous les milieux : ainsi, un missile peut être tiré par un simple fantassin équipé d’une base de tir, partir depuis un silo ou être tiré depuis n’importe quel vecteur, aéronef avec ou sans pilote, navire ou sous-marin, plateformes terrestres, voire drone spatial évoluant en orbite basse dès lors que ce missile n’est pas une arme de destruction massive;
- c’est une arme dont la portée va de quelques kilomètres à une portée intercontinentale ;
- c’est une arme à vue ou non, à la trajectoire balistique ou de croisière ;
- enfin, c’est une arme dont la vitesse va de quelques centaines de kilomètre-heure à la vitesse hypersonique, c’est-à-dire supérieure à Mach 5.
Ajoutons à ce panorama synthétique le fait que si le missile a jusqu’à récemment été conçu comme une arme « tir et oubli » et « one shot » par essence se déplaçant immédiatement sur son objectif à compter de son tir, cette conception n’est plus tout à fait exacte au regard de ce que certains auteurs, comme Jean-Jacques Mercier, nomment les munitions rôdeuses (Cf Munitions rôdeuses, l’Europe déjà dépassée DSI HS 75 p 88 et s); cette dénomination révèle en fait une hybridation entre drone et missile que l’on peut qualifier soit de dronisation des missiles soit plus objectivement de missilisation des drones. Missilisation des drones, car il s’agit bien de doter ces armes téléopérées depuis des tablettes ou guidés par GPS ou par laser, mais disposant toujours d’une autonomie de vol endurante, d’une charge explosive afin de les jeter sur leur cible une fois identifiée; la « dronisation » d’un missile consisterait au contraire à introduire l’homme dans la boucle d’un missile existant via le télépilotage en raison d’un temps de vol endurant permettant de rechercher la cible avant de l’engager, ce temps de vol « recherche » étant distinct du temps de déplacement du missile vers son objectif.
Le missile, un moyen peu couteux pour des effets exorbitants
Le rapport comparatif entre le coût d’un missile, y inclus les drones tactiques jetables précités dits munitions rôdeuses, et le coût d’une cible est généralement très favorable au missile. Dans nombre de cas, il faut ajouter à ce comparatif de coûts, la disproportion favorable entre le moyen employé (missile) et l’ampleur des effets obtenus (les dommages matériels, humains, et l’effet psychologique). Ainsi, les dommages (matériels et humains) causés par un missile balistique mirvé à têtes nucléaires seront toujours supérieurs en valeur au coût de ce missile sans parler des effets stratégiques décisifs et psychologiques radicaux obtenus sur la population survivante : on se souviendra que la capitulation du Japon fut la conséquence directe du feu nucléaire.
À l’autre bout du spectre, côté tactique, il est aussi facile de démontrer que le coût d’un missile porté antichar de type Hot, coûtant 38 000 euros, ou MMP, coûtant 71 000 euros, sera toujours inférieur à l’effet qu’il peut produire sur un véhicule terrestre et, en particulier sur un char récent dont la valeur oscille selon les modèles (Abraham, Leclerc…) entre 8 et 9 millions d’euros. Sans nécessairement le détruire, un missile porté peut immobiliser un char d’assaut en tapant dans ses chenilles ce qui en fait ensuite une cible de choix pour l’appui feu aérien ou l’artillerie. Si le cas des munitions rôdeuses révèle des échelles de prix très variables et donc un comparatif coûts dépendant de la cible, l’efficacité opérationnelle de ces munitions, qui repose sur la dualité fonctionnelle « trouve et détruit » et la précision de destruction grâce à la caméra embarquée, comparée à l’artillerie même avec des obus guidés font de ces types de missiles ainsi que les catégorisent les États-Unis, des armes performantes.
On peut cependant avancer qu’une munition rôdeuse Harop fabriquée par IAI couterait environ 1,1 million de dollars, mais que ce type de missile a permis de manière opérationnelle la destruction de cibles à haute valeur ajoutée comme des batteries de missiles sol-air de défense antiaérienne S300 dont le coût unitaire, secret, est cependant estimé a minima à 200 millions de dollars. De la même manière, le coût d’un missile de croisière naval (environ 2,86 millions d’euros hors développement pour un MdCN produit par MBDA) sera toujours inférieur au coût d’un bâtiment de surface comme une frégate multi-missions (modèle Fr) dont le coût peut osciller entre 800 millions et 1 milliard alors même qu’un seul missile pourrait sinon le couler au moins le neutraliser en tapant dans son PC.
Et que dire d’un missile balistique et mieux encore d’un missile de croisière hypervéloce qui viendrait à frapper un porte-avions par le haut pour en neutraliser la plateforme ou qui le passerait par le fond en quelques minutes en tapant dans sa motorisation nucléaire ou sa soute à munitions sachant que si ce missile coûte plusieurs dizaines de millions d’euros un porte-avions comme le Charles de Gaulle aura coûté 3 milliards d’euros, le porte-avion nouvelle génération (PANG) coûterait environ 9 milliards d’euros, et le premier porte-avions du programme Gérald Ford coûterait 11,9 milliards d’euros. Et que le fait de passer par le fonds un tel bâtiment entraînerait non seulement la disparition symbolique d’une plateforme de projection de puissance, mais aussi la perte de nombreux marins ainsi que la perte des vecteurs (avions, hélicos, missiles…) se trouvant sur ce bâtiment. Certes, on avancera qu’un porte-avions n’est pas seul, qu’il fait l’objet d’un groupe aéronaval (GAN) chargé de le protéger des dangers du dessous et du dessus grâce à l’escorte d’un sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) et de plusieurs bâtiments en nombre variable chargés ici de la lutte anti-sous-marine, là de lutte anti aérienne, ici de patrouilleurs de l’avant, sans parler du ravitailleur et des autres équipements aériens de surveillance. Mais, si un GAN est encore un outil de diplomatie et de défense performant à l’égard de nations moyennes dépourvues de missiles hypersoniques de croisière, en l’absence de systèmes de défense anti-missile de croisières hypervéloces (y compris des systèmes de brouillage électronique), le porte-avions devient, face aux grandes puissances jouissant d’un temps d’avance technique en matière de missiles hypervéloces, une cible de choix vulnérable et un outil coûteux en perte de crédibilité stratégique.
La multiplication des missiles balistiques ou de croisières hypersoniques à charge conventionnelle ou nucléaire
La Russie s’est engouffrée dans un programme de missiles hypersoniques avec d’une part, le « Zirkon » qui est un missile naval de croisière qui atteindrait 8 fois la vitesse du son pour une portée de 500 km, avec d’autre part, le missile embarqué air-sol Kh-47M2 « Kinjal » évoluant à mach 10 et d’une portée de 2000 km à charge conventionnelle ou nucléaire, enfin avec le système Avangard. Délivré par un drone ou un avion bombardier en surplomb de sa cible, un missile hypersonique comme le Kinjal pourrait frapper n’importe quel objectif à terre ou en mer en quelques dizaines de secondes en interdisant toute capacité de réaction du centre opérationnel…Dans un article d’OPEX 360 du 9 novembre 2019, Laurent Lagneau rappelait que « Durant l’été, lors d’une audition au Congrès américain, le sénateur [indépendant] Angus King mit au supplice l’amiral Michael Gilday, alors appelé à prendre les rênes de l’US Navy, en lui demandant ce qu’il ferait dans le cas où le nouveau porte-avions USS Gerald Ford venait à être visé par un missile hypersonique d’autant plus difficile à détecter que, en volant à 6.000 km/h, il dégagerait un nuage de plasma absorbant les ondes radar. » Devant les difficultés de l’amiral à apporter une réponse convaincante, le parlementaire américain déclara « Je pense que cela soulève une question sur le rôle du porte-avions si nous ne pouvons pas trouver un moyen de contrer cette menace ».
L’information fut du reste prise au sérieux par les États-Unis qui ont rapidement décidé d’afficher leur puissance en testant le 8 août 2020 un prototype de missile AGM-183A développé par Loockeed Martin qui évoluerait à 20 fois la vitesse du son (environ 25 000 km/h) et serait embarqué sur un vecteur pour être lancé. Cet essai fit suite, par ailleurs, à la démonstration US du caractère opérationnel de leurs missiles balistiques intercontinentaux puisque le 4 aout 2020, les États-Unis annonçaient avoir testé avec succès un ICBM Minutemen III équipé de 3 ogives tirées depuis un Boeing E 6 et non pas depuis un silo : cet capacité d’emport n’est pas neutre puisque de balistique, un tel missile devient de facto un missile de croisière qui économise la phase de poussée ascendante pour finalement suivre une simple trajectoire descendante. Or, ces deux démonstrations sont intéressantes parce qu’elles réceptionnent deux idées : la vulnérabilité des missiles balistiques en phase ascendante au regard des missiles de croisière hypervéloces ; l’idée que le facteur temps, donc la vitesse de frappe, est redevenu un enjeu fondamental puisqu’il s’agit ni plus ni moins de figer l’ennemi, bref de le prendre de vitesse en détruisant le premier ses moyens voire en le vitrifiant, si l’on parle de missiles à têtes nucléaires, tout en respectant le principe de légitime défense.
Certes, à l’échelle d’un seul missile hypersonique de croisière à charge conventionnelle, cela n’est sans doute pas convaincant, mais à l’échelle d’une pluie de missiles hypersoniques, une telle démarche met en perspective une situation non pas inédite, mais nouvelle puisque les missiles V1, puis V2 présentaient durant la seconde guerre mondiale un danger similaire en raison de leur rapidité et de leur quasi « ininterceptabilité ». La détention de missiles hypersoniques est devenue aussi une préoccupation prioritaire de la Chine qui a mis au point le missile antinavire hypersonique balistique DF-21 développé en plusieurs versions, puis le DF 26, version améliorée du DF21, missile mirvé à têtes conventionnelles ou nucléaires d’une portée de 4000 km et évoluant à mach 10 : ce missile tiré depuis un tracteur érecteur lanceur (TEL) serait ainsi capable de frapper les îles stratégiques américaines de Guam et de Diego Garcia ! Mais, la Chine a aussi récemment développé trois autres missiles : d’une part, le missile de croisière hypersonique conventionnel DF-100 qui serait capable de couler des porte-avions ; d’autre part, le missile balistique intercontinentale à têtes nucléaires (de 3 à 10 têtes) DF41 dit Vent d’Est qui est un missile d’une portée de 14 000 km capables d’atteindre les États-Unis ; enfin, le missile balistique mer-sol nucléaire Ju-Lang 3 ou JL-3 (Vague géante en français) d’une portée de 12 000 km (à comparer avec la génération antérieure JL 2 d’une portée de 7 400 km) qui serait en capacité d’atteindre les États-Unis depuis les côtes chinoises mêmes si ce missile a vocation, pour des raisons stratégiques évidentes, à être tiré depuis un sous-marin. Enfin, à l’instar des États-Unis, la chine met au point des missiles anti-missiles balistiques et anti-satellites comme le DN3….
L’Inde, en réponse à la menace chinoise, déjà dotée du missile supersonique BrahMos évoluant à Mach 3, est en train de se doter en coopération avec la Russie d’un missile hypersonique BrahMos II antinavire testé avec succès en septembre qui serait propulsé à 30 km d’altitude grâce à un missile classique pour ensuite démarrer son moteur « scramjet hypersonic » capable de le faire évoluer à Mach 6.
En Europe, seule la France poursuit l’objectif d’un missile hypersonique non balistique venant s’ajouter aux missiles balistiques M51 NG armant les SNLE dont l’ogive peut contenir jusqu’à 10 têtes nucléaires à trajectoire indépendante. Sous l’impulsion du CEMAA alors en chair, le Général Denis Mercier, et de Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, l’ONERA et MBDA se sont vus confier les études amont destinées à la mise au point du missile ASN4G qui devrait atteindre Mach 8 : toutefois, ce missile serait uniquement à tête nucléaire et serait emporté par un vecteur piloté de type Rafale de la FAS ou encore de la FANu. Or, dans les deux cas, ce vecteur suppose pour être menaçant d’avoir le temps de décoller, bref d’être dans le ciel avant que le tarmac de sa base ou que son pont d’envol ne soit détruits : une destruction fulgurante et neutralisante que l’hypervélocité d’un missile de croisière à charge conventionnelle rend crédible. En outre quoique doté de systèmes multiples de défense (brouillage électronique, leurres…), le vecteur aérien, une fois en vol à une vitesse pouvant osciller entre 1350 (Rafale) et 1900 km heures (F35), pourrait être une cible facile pour des missiles hypervéloces intelligents Air-Air, mer-air ou sol-air à charge conventionnelle.
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Des missiles aux planeurs de croisière hypersoniques manœuvrants
En 2018, le président Poutine présentait le planeur hypersonique Avangard comme une arme absolue capable d’évoluer jusqu’à Mach 27 (33 000 km/h), une vitesse bien supérieure à celle qui est nécessaire pour évoluer en orbite basse par ailleurs. Tiré depuis Moscou, ce vecteur-missilisé, une sorte de drone jetable propulsé par un missile capable de changer d’altitude et de trajectoire serait ainsi capable de frapper New York en 15 minutes sachant que ce planeur pourrait emporter une tête nucléaire dont la puissance serait équivalente à plus de deux mégatonnes de TNT ! Étonnamment, l’Avangard semble être le résultat russe imprévu de la stratégie américaine de 2003 « prompt global strike » (PGS). Or, le PGS, qui ambitionnait initialement de frapper en moins d’une heure, n’importe quel point du monde a fait l’objet d’un nouveau rapport daté du 14 février 2020 intitulé « Conventional Prompt Global Strike and Long-Range Ballistic Missiles: Background and Issues » qui débute son propos en rappelant l’intérêt des membres du congrès en faveur du développement d’armes hypersoniques… afin que les États-Unis soient justement en capacité de frapper rapidement dans le monde entier. Or, cet objectif est probablement effectif avec la navette spatiale dronisée X37 B qui, évoluant pendant de très longs séjours en orbite basse à 28 000 km heures, est susceptible d’emporter des missiles hypersoniques qu’elle pourrait délivrer après sa rentrée dans l’atmosphère ! À cet égard, dans un article de la revue Capitale du 26 mars 2020, le journaliste Thomas Romanacce signalait que « Le 20 mars dernier, le Pentagone a annoncé […] la réussite du premier lancement d’une arme hypersonique américaine. Ces armes sont conçues pour se déplacer sur de longues distances, les rendant capables d’atteindre une cible n’importe où sur la planète en un temps record. Leur interception est presque impossible du fait de leur vitesse, mais aussi parce qu’ils peuvent être redirigés en cours de vol. L’engin lancé lors de ce test est qualifié de « planeur hypersonique ». En l’espèce, les États-Unis ont mis au point « […] un appareil équipé de réacteurs similaires à ceux des fusées utilisées dans la mise en orbite de satellites. L’engin pourra être propulsé à la limite de l’atmosphère avant de “planer” à haute vitesse jusqu’à sa cible. L’armée américaine prévoit de déployer ses premiers missiles hypersoniques d’ici 2022 ou 2023. Une version capable d’être lancée par sous-marin devrait même voir le jour en 2024. ».
Cette réaction américaine mérite d’être soulignée, car elle démontre la réaffirmation, sous une forme limitée au conventionnel, de la stratégie « prompt global strike » : ainsi le « planeur-missilisé » hypersonique est bien considéré pour l’heure comme l’arme fatale, celle qui conventionnellement (voire nucléairement) chargée est ininterceptable. Tout comme la Russie, la Chine s’est engouffrée depuis plus de 10 ans dans cette logique avec le drone planant hypersonique DF-ZF (Dongfeng) ou DF 17 capable d’évoluer à Mach 10 : propulsé via un missile balistique, ce planeur qui pourrait être doté d’une tête conventionnelle ou nucléaire susceptible d’évoluer à 60 km et planant pendant 1500 km environ serait la réponse chinoise pour déjouer les systèmes anti-missiles balistiques américains. À ceci, il faut ajouter le DF 41 « vent d’Est » chinois que nous évoquions plus haut. Quant à la France, la ministre des armées a validé en 2019 le projet V-Max piloté sous maîtrise d’œuvre de la DGA et confié à Arianespace : l’objectif est très clair, puisqu’il s’agit bien de se doter d’un vecteur planeur hypersonique qui serait propulsé lui-même par un missile, voire une fusée. Toutefois, nous n’en sommes qu’au début, et, de l’intention à l’effectivité opérationnelle, il faudra attendre.
L’hybridation des missiles : vers le missile de croisière planeur « dronisé » intelligent ?
Doté de systèmes électroniques durcis, guidé uniquement par une centrale inertielle améliorée par des programmes IA alimentés en données cartographiques, topographiques, météorologiques, etc., dotées de données tactiques (positions des systèmes de défenses mobiles ou structurels, etc.) et de données de reconnaissance thermique, acoustique et/ou de forme traitées par une IA profonde articulée avec des capteurs lui permettant de détecter et d’identifier les différents équipements ennemis à éviter, enfin préprogrammé pour rechercher sa cible mobile ou en mouvement, tout ceci en toute autonomie et sans l’assistance d’un satellite, le missile de croisière hypersonique, volant au plus bas pour passer sous les radars ou planant au plus haut en zone aérospatiale afin de frapper en piquet, dans tous les cas manœuvrable et évasif, bref « intelligent » ressemble de plus en plus aux aéronefs sans pilote : à ceci près que ce missile « hybridé » est conçu pour être autonome, car préprogrammé, évolue à une vitesse hypersonique au vu d’une trajectoire de « déception » imprévisible et qu’il est jetable par destination.
De plus, le missile de croisière hypersonique devient progressivement une arme de longue allonge, intercontinentale, qui nécessitera de moins en moins d’être porté par un avion ou tiré depuis un navire de surface, car ces vecteurs deviendront des cibles faciles pour d’autres missiles hypersoniques air-air, air-mer…etc. Les missiles de croisière hypersoniques seront donc de plus en plus exclusivement des engins tirés depuis des vecteurs difficiles à localiser ou à atteindre à l’instar des sous-marins de nouvelle génération à propulsion électrique biomimétique comme le SMX 31 E de Naval Group, en particulier des sous-marins « dronisés » dormeurs prépositionnés dans les eaux profondes, mais aussi par des vecteurs comme le drone aérospatial du type du X37 B. Modifiant profondément les règles du jeu de la guerre grâce à sa vitesse, qui déjoue les systèmes anti-missiles actuels, mais aussi les armes laser embarqué, et à sa portée, le missile de croisière hypersonique donne à son détenteur un temps d’avance et une capacité de fulgurance qui remet au gout du jour la guerre « éclair ».
Tirés simultanément en nombre depuis les fonds marins et/ou les hauts cieux, libérés par quelques drones sous-marins ou bombardiers évoluant initialement en orbite basse à 28 000 km heures, ayant à parcourir de quelques dizaines à quelques centaines de km pour atteindre leurs cibles, ces missiles pourraient former, en synchronisation et articulation de moyens de cyberattaque et de guerre électronique, le volet physique de la doctrine US du « Full spectrum dominance » comme première phase d’une stratégie d’écrasement et de sidération de l’ennemi dans la plus pure tradition de l’ « air land battle » sans l’engagement physique d’un seul homme sur le territoire ennemi.