La nouvelle exposition qui vient d’ouvrir ses portes au musée de l’Armée (Invalides) sur les duels permet de revenir sur l’histoire et l’évolution du duel, de l’Antiquité jusqu’à nos jours.
Qui se bat en duel ?
Si les duels sont principalement associés, de nos jours, à des usages strictement aristocratiques, ces derniers connaissent en réalité des formes très diverses. Hommes ou femmes, nobles ou roturiers, bourgeois ou ouvriers, les duels ne se limitent pas à un outil de la noblesse pour régler des comptes, même si cette « violence ritualisée » est surtout portée et théorisée par les classes sociales supérieures. Mais, à travers les siècles, on retrouve des duels dans toutes les couches de la société, du duel roturier du XVIIIe siècle aux combats d’« apaches » parisiens du XIXe siècle. Cette multiplicité de la facette du duel est bien représentée à travers l’exposition, contrastant avec la pratique plus commune de rencontres duellistes entre aristocrates, hommes de lettres ou politiciens.
De la même manière, si le duel porte en lui un caractère à dominance masculine, on peut noter aussi la présence de grandes duellistes féminines à travers l’histoire. Intimement lié à la notion de genre, le combat était surtout prisé des jeunes hommes qui y voyaient un rite de passage à l’âge adulte au cours duquel le jeune combattant prouve sa valeur en démontrant son courage. La femme, quant à elle, est souvent l’objet même du combat. Pourtant, certaines duellistes féminines sont mises à l’honneur par le musée de l’armée, comme l’actrice Julie d’Aubigny, plus connue sous le nom de « la Maupin ».
Enfin, le duel connait une place spéciale dans la mentalité des militaires, car ils témoignent de l’idéal chevaleresque qui anime les officiers et les troupes qui se préparent au combat. C’est pour ça que, bien qu’aboli, le duel reste toléré au sein de l’armée et l’enseignement de l’escrime est même obligatoire pour les officiers jusqu’à l’aube de la Première Guerre mondiale.
Les formes du duel
À travers les siècles, la coutume du duel a évolué et a connu de multiples mutations. Sa pratique s’est non seulement étendue à différents milieux sociaux, mais a aussi connu différents modèles permettant de « classer » les duels.
Le duel antique est une représentation héroïque que l’on retrouve déjà dès l’Antiquité dans des œuvres comme l’Iliade ou la Bible. À travers ces « duels de champions », deux héros représentant chacun une ville et son armée s’affrontent pour la victoire et la gloire. Cette représentation héroïque sera surtout popularisée au Moyen-Âge, où l’on retrouve le même système lors des joutes.
Le duel : un véritable rituel
Si le duel a connu de nombreuses formes à travers les siècles, son caractère précis et ritualisé doit répondre à de nombreuses règles permettant d’assurer l’équité du combat. Les deux duellistes doivent être égaux devant la mort pour que la vérité puisse s’exprimer. De même, la présence de témoins se veut aussi être une règle indispensable du duel. Ces derniers sont les garants de la bonne tenue du combat ainsi que de l’équité entre les combattants et leurs armes, et à ce titre jouent un rôle aussi important que les duellistes. Le dernier élément présent est le médecin, qui permet en cas de blessure grave d’arrêter le duel et ainsi éviter toute violence inutile.
Malgré l’attention portée à l’égalité des chances à travers l’utilisation de mêmes armes, chaque duelliste possède sa botte secrète, qui peut lui permettre de prendre le dessus et vaincre son adversaire. Mais cette égalité ne sera pas réellement atteinte lors des duels à l’épée, car celles-ci peuvent différer en poids et en taille. Il faut attendre l’apparition des duels au pistolet pour que le duel atteigne une véritable équité des chances. Au cours de ces derniers, l’on tire au jugé, sans véritablement viser, abandonnant le résultat au destin.
Le duelliste ou la figure héroïque
Très rapidement, le duelliste est associé à la figure du héros qui, au-delà des diverses motivations, y voit surtout un élément de courage et d’honneur. C’est ainsi qu’il est perçu dans les nombreuses œuvres d’art à l’effigie des duels. La littérature en particulier a longtemps fait l’éloge de héros qui triomphent par l’épée, tels que Achille, le roi Arthur ou encore d’Artagnan. Ainsi le combat permet de renforcer l’idéal du héros tout en restaurant une dignité que l’on considère bafouée.
À l’inverse, celui qui fuit le duel est un lâche, un bon à rien, mis au ban de la société.
Le duel et l’État
« Le duel n’est autorisé que dans les cas avérés d’homicides, trahisons et autres griefs, violences ou maléfices. » Ordonnance de Philippe Le Bel