<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Les districts industriels, centre d’innovation et cœur économique de l’Italie

18 août 2022

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Photo : Une femme travaille dans la fabrique de chapeaux de Borsalino. Crédits: AP Photo/Antonio Calanni

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Les districts industriels, centre d’innovation et cœur économique de l’Italie

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Les districts industriels italiens représentent un modèle socioéconomique fondamental pour l’économie et pour le rayonnement du « made in Italy » dans le monde. Leur modèle productif est suivi avec grande attention par les investisseurs internationaux pour son dynamisme et sa capacité d’innovation.

Les districts industriels italiens jouent un rôle clé dans le développement de l’économie et dans la création de la valeur ajoutée du pays. C’est bien dans les districts qu’on trouve l’excellence en termes de compétences, innovation et dynamisme. Bien que l’Italie soit naturellement pauvre en ressources minérales et qu’elle soit un grand importateur d’énergie, la spécialisation et les compétences apportées par ses districts ont permis de la positionner parmi les premiers au monde en termes d’excédent commercial. Sur 90 milliards d’euros d’excédent (hors énergie), 90% proviennent de ses districts industriels.

L’histoire des districts industriels italiens commence après la Seconde Guerre mondiale, grâce au développement économique qui a explosé dans les années 1950-1960, puis s’est consolidé dans les années 1970. Dans cette période, en Italie et dans le monde, une nouvelle demande de produits pour la personne et pour la maison (meubles, chaussures, accessoires) s’affirme, à laquelle le tissu économique répond avec la naissance de zones de production très spécialisées et hautement disponibles en main-d’œuvre, dans laquelle sont fabriqués ces produits ou pièces qui servent à les composer. Dans les années 1980, la concentration d’entreprises autour des districts a renforcé leur positionnement sur le marché mondial.

Où se situent les districts

À ce jour, il existe environ deux cents districts industriels, composés de 280 000 entreprises et environ 2 millions d’employés organisés dans les quatre zones géographiques :

Nord-Ouest : avec une quarantaine de districts répartis entre le Piémont et la Ligurie, ces districts se caractérisent par un fort dynamisme, davantage axé sur la spécialisation plutôt que sur la concentration géographique. Un cas d’excellence est représenté par le centre de haute technologie de Ligurie.

Nord-Est : considéré comme la zone d’excellence dans la diffusion du modèle de district italien, le Nord-Est compte plus de 40 districts, environ 27% du total italien, et représente une zone industrielle en constante expansion.

Centre-Nord : il compte plus de 30 districts, représentant plus de 22% du total national. Les secteurs particulièrement importants sont ceux de la filière du cuir, de la chaussure, de la céramique, du textile et de l’habillement.

Sud : les districts représentent un peu plus de 10 000 entreprises, capables de fournir du travail à près de 140 000 personnes. La Campanie est représentative de cette zone à forte compétitivité où coexistent des districts importants comme celui du secteur aérospatial de Naples, deuxième par importance après celui de la Lombardie, mais premier par le nombre d’emplois, et celui de Pomigliano d’Arco, basé sur la présence du groupe Fiat.

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Innover pour évoluer

L’organisation des districts dans les différentes régions du pays nait, au départ, du savoir-faire artisanal des petites entreprises familiales situées dans le même lieu. La concentration géographique de la production a permis à de nombreuses entreprises de partager le risque industriel et de le lier à un développement harmonieux avec l’environnement local. Le fort ancrage socioculturel à un territoire restreint favorise d’abord une circulation rapide du savoir-faire et la naissance d’une identité économique commune. La possibilité d’exploiter certaines ressources, qu’elles soient environnementales ou sociales, a permis aux entreprises des districts de développer une culture industrielle importante. Puis, grâce aux investissements dans le capital humain, dans l’innovation et dans la modernisation industrielle, les districts ont atteint un niveau de compétitivité et d’excellence de premier plan. Nombreux sont ceux qui sont devenus des leaders mondiaux dans leur secteur comme le district de la mécanique en Émilie-Romagne, le district pharmaceutique dans le Latium, le district de la chaussure pour femme de Brenta en Vénétie ou le district de l’orfèvrerie de Valenza dans le Piémont. Un des aspects fondamentaux de la réussite du système industriel des districts est constitué par l’innovation. Ce puissant levier de croissance représente le point commun à tous les districts. Cet aspect est confirmé par le nombre de brevets déposés : les entreprises des districts disposent de plus de brevets que les entreprises extérieures aux districts.

La forte présence d’investisseurs étrangers

Grâce à cet écosystème vertueux, les districts ont su attirer sur leurs territoires de nombreux investisseurs étrangers qui ont choisi de s’y implanter en créant de nouvelles filières productives à travers des joint-ventures ou par des acquisitions. Parmi les investisseurs étrangers les plus présents, il y a les États-Unis suivis par la France et l’Allemagne. Dans le secteur de la mode et de l’habillement, rappelons le leadership français qui a constitué au fil des années une filière productive dans le Piémont, en Lombardie, en Vénétie et en Toscane. La présence dans les districts de grandes entreprises nationales et internationales a permis aussi les créations de nouvelles entreprises, voire de spin-off industriels.

En contre tendance à la mondialisation qui pousse les entreprises vers une compétitivité principalement fondée sur la délocalisation de la production dans des pays où la main-d’œuvre est à moindre coût, les districts industriels ont plutôt misé sur leur valeur ajoutée pour se positionner sur le marché de haut de gamme. Cette approche non seulement a permis un meilleur rendement financier, mais aussi de protéger leur filière productive et les emplois dans le pays.

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Photo : Une femme travaille dans la fabrique de chapeaux de Borsalino. Crédits: AP Photo/Antonio Calanni

À propos de l’auteur
Edoardo Secchi

Edoardo Secchi

Entrepreneur, investisseur, conseilleur économique. Président fondateur d’Italy-France Group et fondateur du club Italie-France.

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