[colored_box bgColor= »#f7c101″ textColor= »#222222″]Cette recension a été publiée dans le numéro 4 de Conflits. Si vous souhaitez acheter ce numéro, rendez-vous sur la e-boutique de Conflits en cliquant ici.[/colored_box]
C’est au milieu du XIXe siècle que l’historien britannique J.F.C. Fuller publie ses Batailles décisives du monde occidental. Reflet de son époque, celles-ci étaient toutes des batailles remportées par les Occidentaux. Longtemps les orientalistes avaient négligé les faits militaires des sociétés non occidentales. Cela se justifiait, pour certains, par le fait qu’elles avaient été aisément vaincues au xixe siècle par l’Europe. Il fallut la victoire de Mao en 1949 pour que l’on s’intéressât à l’antique stratège chinois Sun Zi, pourtant traduit en français avant la Révolution française. On peut aussi s’étonner qu’il n’y ait aucune étude, avant ces dernières années, consacrée à l’histoire militaire de l’Empire ottoman qui fit trembler l’Europe de la chute de Constantinople (1453) au second siège de Vienne (1683) ou sur l’empire qui a connu la plus longue durée, celui des Byzantins.
L’excellent ouvrage d’Arnaud Blin, un des stratégistes les plus remarquables de sa génération, auteur entre autres d’un Tamerlan (Perrin, 2008) tout à fait original, remet en perspective les batailles à l’échelle du monde non occidental et cherche à déterminer en quoi elles ont été décisives.
Son choix, discutable comme tout choix, a le mérite de réhabiliter des batailles considérées généralement comme secondaires parce qu’elles n’ont pas engagé de gros bataillons. Parmi celles-ci, la plus importante n’est-elle pas la chute de Tenochtitlan/Mexico en août 1521 par une troupe d’Espagnols de moins de deux mille hommes, renforcés par des contingents indiens désireux d’en finir avec la tyrannie aztèque ? En une opération combinée terrestre et lacustre dirigée par un capitaine de génie alliant le sens politique, la diplomatie et la stratégie – sans même évoquer le courage physique – un empire est abattu. L’Amérique latine aura ainsi été constituée comme un « extrême Occident » par une poignée d’Ibériques.
Comment ne pas appeler décisives les victoires non connues du public occidental de Yarmouk et de Qadisiya (636/637) remportées par les Arabes récemment islamisés, qui leur donnent la possession pérenne du Levant au détriment de l’Empire romain d’Orient ainsi que de l’Irak et de la Perse islamisée après la chute de la dynastie Sassanide (641) ?
Bien sûr, Arnaud Blin aborde des batailles qui nous sont plus familières et dont l’impact ou les conséquences ont été importantes : Gaugamèles (- 331), Zama (- 202), les champs Catalauniques (451), Lépante (1571), la Moscowa (1812) ou Stalingrad (1942-1943). Mais il ne néglige pas d’autres affrontements concernant des sociétés autres comme celle d’Ain Jalut (1260) où les Mamelouks donnent un coup d’arrêt à l’extraordinaire et foudroyante conquête mongole.
Cette mondialisation de la bataille répond admirablement à l’élargissement culturel dont nous avons besoin.
G.C.
Arnaud Blin, Les Batailles qui ont changé l’Histoire, Éditions Perrin, 2014, 395 pages 23,90 €
Recension parue dans notre n°4 : « Les #Batailles qui ont changé l’#Histoire« , de Arnaud Blin http://t.co/Lx9l69Ygwv pic.twitter.com/691NvNiUP6
— Revue Conflits (@revueconflits) 29 Avril 2015
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Crédit photo : huile sur toile de Louis-François Lejeune, 1822. Collections du château de Versailles. Source : The Bridgeman Art Library (cc)