Dans un marché de l’armement en plein effervescence, un nouvel acteur a fait son apparition dans la cour des grands. Le Pakistan vient de décrocher un contrat d’exportation d’avions de combat JF-17 Block III avec l’Azerbaïdjan, d’une valeur globale de 1,6 milliard de dollars. Le contrat promet non seulement de renforcer les capacités militaires de l’Azerbaïdjan, mais aussi de projeter le Pakistan vers le devant de la scène des grands acteurs de l’industrie mondiale de la défense.
Le CAC/PAC JF-17 Thunder, en chinois FC-1 Xiaolong, « Dragon féroce », est un avion de combat léger, monomoteur et multi-rôle (l’interception, l’attaque au sol, la lutte anti-navire et reconnaissance aérienne) développé conjointement (et ainsi appelé JF, « Joint Fighter ») par le Pakistan Aeronautical Complex (PAC) et la Chengdu Aircraft Corporation (CAC) de Chine. Il a été conçu et développé pour remplacer les avions de combat de la troisième génération (notamment les Mirage) au sein de l’armée de l’air pakistanaise.
Avion de combat
Le JF-17 peut déployer diverses charges utiles, notamment des missiles air-air, air-surface et antinavires, des bombes guidées et non guidées, ainsi qu’un double canon GSh-23-2 de 23 mm. Propulsé par un Guizhou WS-13 / Klimov RD-93 (une version améliorée du réacteur du Mig-29) turbofan à postcombustion, il atteint une vitesse maximale de Mach 1,6. Le JF-17 est l’épine dorsale et le cheval de bataille de la PAF, complétant le Lockheed Martin F-16 Fighting Falcon à environ la moitié du coût – le coût unitaire estimé dans le contrat azerbaidjanais est d’environ 25 millions de dollars.
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Présence chinoise
58% de l’avion, y compris le fuselage avant, les ailes et la dérive, sont produits au Pakistan, tandis que 42% sont produits en Chine, l’assemblage final et la production en série ayant lieu au Pakistan. Cela veut bien entendu dire que cet accord bilatéral entre Islamabad et Bakou dépend d’un troisième parti : Pékin.
Ce contrat est l’aboutissement d’un très long processus. L’Azerbaïdjan a entamé des pourparlers avec le Pakistan au sujet du JF-17 en janvier 2008 avant de négocier directement avec la Chine en 2015 l’achat de plusieurs dizaines de JF-17. En 2018, Bakou et Islamabad ont renoué le dialogue et en décembre 2019, l’Azerbaïdjan a publiquement exprimé son intérêt pour ce contrat.
Au-delà de l’apport économique immédiat, cet accord renforce les liens entre le Pakistan et l’Azerbaïdjan et jette les bases de futures collaborations. Il met également en évidence la trajectoire ascendante du JF-17 Block III sur le marché international de la défense, établissant une nouvelle référence pour les exportations de défense du Pakistan. Dans un monde où les alignements géopolitiques et les capacités militaires sont en constante évolution, cet accord témoigne de la volonté du Pakistan de devenir un exportateur de plateformes d’armement ainsi que de l’ambition de l’Azerbaïdjan de moderniser ses forces armées sans tendre ses relations avec la Russie en achetant des plateformes occidentales voire américaines comme le F-16. La configuration actuellement en service dans l’armée de l’air pakistanaise est équipée d’avionique (radar, radio, ordinateurs, systèmes de guidage et de pilotage) et de missiles chinoises mais Bakou pourrait faire d’autres choix auprès des producteurs occidentaux ou turcs.
Ce resserrement des liens entre l’Azerbaïdjan et le Pakistan (et la Chine derrière elle) pousse l’Inde à soutenir l’Arménie et accélère un « mini guerre froide » dans le sud Caucase où les relations entre Bakou et Moscou se chauffent tandis que Paris et Washington semble essayer d’arracher Erevan à son alliance russe.
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