<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Le Golfe de Porto, la merveille de l’île de Beauté #12

24 août 2023

Temps de lecture : 4 minutes

Photo :

Abonnement Conflits
Abonnement Conflits

Le Golfe de Porto, la merveille de l’île de Beauté #12

par

Des paysages à couper le souffle, une fusion harmonieuse entre mer et montagne, une vertigineuse corniche, il est difficile de trouver plus exaltant et féerique que le golfe de Porto. 

Le golfe de Porto est celui qui inspira Guy de Maupassant dans Le Monastère de Corbara. Comptant parmi les endroits les plus emblématiques de la Corse, il dévoile, au fur et à mesure des falaises et des hameaux à flanc de rocher, des panoramas absolument flamboyants.

Histoire d’un joyau

Coin de la Méditerranée, s’ouvrant sur la façade occidentale de la Corse, le golfe de Porto est partagé entre les anciennes pièves de Sia, sur le rivage nord, et de Salogna, sur le rivage sud, entre Ajaccio et Calvi. Le fond du golfe appartient à la commune d’Ota. Au sud, le village de Piana et son joli clocher baroque dominent un large plateau, à 450 mètres au-dessus du golfe. À l’ouest, les falaises du Capo Rosso veillent sur le large. Enfin, à l’est, les spectaculaires gorges de la Spelunca annoncent les splendeurs de la montagne corse. Pendant longtemps, cette région Porto-Piana est associée à un désert démographique. La prédominance des reliefs accidentés, la fréquence des épidémies, en particulier des pestes, les récessions économiques, telles que les disettes et les famines des XVIIe et XVIIIe siècles, et finalement l’histoire tourmentée de ce territoire, ont autrefois rebuté les hommes à s’y installer. Au Moyen-Âge, quelques communautés y prennent goût, mais la région est peu à peu abandonnée au milieu du XVIe siècle. C’est alors la seigneurie des Leca qui règne sur ce territoire. Impliquée dans les guerres de Cinarchesi, elle mène une longue période de conflits feudataires à la fin du XVe siècle. Un siècle plus tard, les Turcs assaillent régulièrement les côtes de la région, et éliminent des villages entiers, tels que Paomia ou Revinda. D’où la disparition progressive des habitants dès cette époque.

À lire également

La Corse géopolitique

De nos jours, il subsiste quelques édifices de la domination génoise, en particulier deux. Le fortin du village de Girolata, construit en 1551, concède à cette marine aux maisons de briques rouges un petit goût de bout du monde. Restauré en 1610, le fortin rappelle la capture et l’emprisonnement du célèbre pirate turc Dragut, en 1540. Et l’incontournable tour génoise de Porto, l’une des quatre tours carrées de l’île, est construite en 1552. Détruite par l’explosion d’une réserve de poudre, elle est rénovée en 1992.

Mais malgré ces fortifications, la côte du golfe de Porto a bien du mal à se défendre au XVIIe siècle. Par conséquent, les populations des villages de montagne, qui possèdent des terrains sur le littoral, font pression afin d’obtenir la construction de plusieurs édifices de défense. Ils rebâtissent ainsi une tour à Sagone, qui servira de dépôt de bois pour les habitants de la forêt de Valdu Niellu. Au début du XVIIe siècle, six nouvelles tours sont érigées. 

Le « golfe sanglant »

Le golfe de Porto est composé de roches volcaniques magmatiques. Il fait ainsi partie de la « Corse cristalline », qui couvre les deux tiers de l’île. Occupant la presqu’île de la Scandola, impressionnant massif de porphyre, il offre un très bel exemple de maquis. Ses eaux turquoise, ses îlots mystérieux, ses grottes inaccessibles sont l’habitat d’une riche vie marine : goélands, cormorans, aigles de mer côtoient ces côtes pittoresques. Dans son récit de voyage Excursions en Corse, édité en 1891, le prince et botaniste Roland Bonaparte évoque un paysage « féerique ». Après avoir franchir le petit col de la Croix, on découvre cette « muraille sanglante de granit rouge ». Les rochers noirs alternent avec les couleurs flamboyantes de cette nature sauvage. Une série de ravins aux pentes abruptes abrite une végétation luxuriante, qui dévale les versants jusqu’à la mer, telle une « cascade de verdure ». La route qui traverse cette région, appelée Calanche, fend une forêt de maquis dominée par une arête de rochers. S’allongeant étroite et tortueuse, en pic sur la mer, elle relie Galeria à Cargèse. C’est l’une des routes les plus vertigineuses de Corse.

À lire également

La Corse et le droit. Compte rendu de colloque

Parmi tant d’autres merveilles, le golfe de Porto détient des sites naturels d’exception. La réserve naturelle marine et terrestre de Scandola contient une éblouissante faune endémique et une flore lumineuse. Le hameau de Girolata, niché entre mer et montagne, surplombe les calanques de Piana. Le village de Porto, petite station balnéaire, offre une particularité avec sa tour génoise, carrée, alors que la plupart de ses homologues de l’île sont circulaires. Monument emblématique de la Corse, elle a été bâtie sur une roche de granit rouge, et offre ainsi une vue plongeante sur les ruelles escarpées bordées de petites maisons rouges, la plage de galets qui s’étend à ses pieds, et le golfe. Elle expose également aux yeux des habitants et des touristes un fabuleux panorama sur le Capu d’Orto, la montagne locale du golfe, ainsi que sur le lac éponyme.

Temps de lecture : 4 minutes

Photo :

À propos de l’auteur
Pétronille de Lestrade

Pétronille de Lestrade

La Lettre Conflits
3 fois par semaine

La newsletter de Conflits

Voir aussi

Pin It on Pinterest