Le territoire a imposé un contrôle des prix et un rationnement, et l’Azerbaïdjan a demandé l’autorisation d’installer des postes de contrôle frontaliers et douaniers sur la route qui le relie à l’Arménie.
Article paru sur Eurasianet. Traduction de Conflits
https://eurasianet.org/gas-restored-to-karabakh-but-road-remains-closed-for-fifth-day
Des coupures pas seulement énergétiques
Au cinquième jour du blocus azerbaïdjanais du Haut-Karabakh, l’approvisionnement en gaz naturel a été rétabli, mais les informations selon lesquelles la route serait à nouveau ouverte à la circulation se sont révélées prématurées et le territoire est resté coupé du reste du monde.
Les autorités locales, quant à elles, ont renforcé les dispositions de la loi martiale et créé un nouveau quartier général opérationnel pour gérer la situation d’urgence.
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Les dirigeants de la République autoproclamée du Haut-Karabakh ont annoncé le 16 décembre au matin que l’approvisionnement en gaz naturel avait repris. Le gaz avait été coupé le 13 décembre, laissant des dizaines de milliers d’habitants sans moyens de chauffer leurs maisons. Les responsables ont accusé l’Azerbaïdjan d’avoir coupé l’approvisionnement en gaz ; le gaz du territoire est fourni par l’Arménie, mais via un gazoduc qui traverse un territoire récemment repassé sous le contrôle de l’Azerbaïdjan.
Les rapports initiaux suggéraient que la route, qui est fermée depuis le matin du 12 décembre en raison d’une manifestation organisée par le gouvernement azerbaïdjanais, serait également ouverte.
« Je tiens à dire que la route pourrait être ouverte aujourd’hui aussi », a déclaré Ruben Vardanyan, le nouveau ministre d’État (un poste proche de celui de premier ministre) du territoire, après avoir annoncé que l’Azerbaïdjan avait rétabli l’approvisionnement en gaz. « Ils ont pris cette décision parce qu’ils ont senti quel genre d’erreur ils avaient commise, parce qu’ils étaient soumis à de fortes pressions tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Je tiens à remercier ceux qui nous ont soutenus dans différents pays. »
Quelques heures plus tard, cependant, les responsables sont revenus sur cette annonce.
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Au lieu de cela, les responsables azerbaïdjanais ont introduit de nouvelles exigences : que l’Azerbaïdjan soit autorisé à établir ses propres postes de douane et de contrôle frontalier sur le corridor de Lachin, la seule route reliant le Haut-Karabakh à l’Arménie et au reste du monde.
« La route de Lachin est récemment devenue un moyen de transport d’armes illégales et d’activités criminelles », a déclaréTural Ganjaliyev, un député azerbaïdjanais représentant le Karabakh, lors d’une séance du 16 décembre. « Ces abus doivent cesser et des postes de douane et de contrôle frontaliers appropriés doivent être établis à la frontière azerbaïdjano-arménienne. » Son appel a été repris par plusieurs autres membres du parlement et a répété les demandes formulées ces derniers jours par les manifestants azerbaïdjanais sur place.
Dans le même temps, les responsables azerbaïdjanais ont également annoncé l’échec des pourparlers avec la force de maintien de la paix russe chargée d’assurer la sécurité sur la route pour autoriser l’accès au territoire.
Alors qu’aucune issue à l’impasse n’est en vue, le Karabakh est soumis aux nouvelles dispositions de la loi martiale instaurée le 14 décembre par Arayik Harutyunyan, président de facto du Nagorno-Karabakh. Sous ce nouveau régime, il est interdit aux commerçants d’augmenter les prix de la nourriture, des médicaments et d’autres biens essentiels, et certaines procédures de rationnement ont été instaurées. Il est interdit aux consommateurs d’acheter plus de deux pains par trajet. De longues files d’attente se forment dans certaines stations-service.
Le 14 décembre, l’Arménie a fait appel à la Cour européenne des droits de l’homme pour lui demander d’appliquer des mesures contre l’Azerbaïdjan afin de débloquer la route. Le 16 décembre, le représentant arménien auprès de la Cour, Eshishe Kirakosyan, a indiqué que la CEDH avait donné à l’Azerbaïdjan jusqu’au 19 décembre pour répondre, après quoi elle prendra une décision.
Lilit Shahverdyan est une journaliste basée à Stepanakert.
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