<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Le Fort de la pointe-de-diamant : une œuvre du successeur de Vauban #11

12 août 2023

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Le Fort de la pointe-de-diamant : une œuvre du successeur de Vauban #11

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Ouvrage de défense original et moderne de la ceinture défensive du plateau de Langres, c’est l’un des lieux phares de l’association Arcade.

C’est un habitant de la région qui est l’auteur de la réhabilitation du monument. Il y a 12 ans, le fort de la pointe-de-diamant tombait à l’abandon, croulant sous la végétation luxuriante qui s’emparait de ses murs et sous les détritus qui emplissait ses fossés. Quelle triste fin pour un ouvrage si habilement stratégique. Certes, il n’a jamais servi, mais fut plutôt utilisé comme dissuasion durant les premières guerres de l’époque contemporaine.

L’œuvre du successeur de Vauban

La région n’est pas la plus attirante. La Haute-Marne compte des températures très chaudes l’été, très froides l’hiver. De nos jours, le nombre d’habitants diminue ostensiblement chaque année. Les jeunes et les touristes la désertent de plus en plus. Le fort est encore plus isolé. Il ne dispose encore ni d’eau ni d’électricité. Il constitue un lieu patrimonial idéal pour Arcade, mais également un travail de longue haleine.

Pourtant, c’est là que le général Séré de Rivières pointe son choix. Le nom de Raymond Adolphe Séré de Rivières est aujourd’hui tombé dans l’oubli, enclavé entre deux pontes de l’architecture défensive française : Vauban et son « pré-carré » au XVIIe siècle, et Maginot et sa « ligne » au XXe siècle. Pourtant, il conçut ici un ouvrage d’une remarquable ingéniosité, tout comme Douaumont, autre fort de son imagination. Aux confins de la Champagne, de la Franche-Comté et de la Bourgogne, cet éperon rocheux bordé à l’est par la vallée de la Marne et à l’ouest par celle de la Bonnelle est un site militaire idéal très tôt remarqué. Langres joue un rôle local prépondérant jusqu’à l’annexion de la Franche-Comté au XVIIe siècle. 

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En 1814, un rapport du général Haxo faisant suite à la défaite de Napoléon préconise la mise en état d’une place forte « moderne » en Haute-Marne. Une lutte d’influence entre Chaumont et Langres sévit jusqu’à ce que Langres soit finalement retenue. La cité étant de plus en plus vulnérable, il est donc décidé d’ériger des forts détachés sur la ligne de crête. Ainsi, le fort de la Pointe de Diamant, de taille réduite, occupe une hauteur identifiée comme fondamentale à tenir dans les premiers plans de transformation de la place forte en 1868. Après la guerre franco-prussienne de 1870 durant laquelle l’ennemi s’était rendu jusqu’aux environs de Langres, Séré de Rivières mène donc les travaux du petit fort, entre le 28 octobre 1874 et le 1er avril 1877. Avec le fort de la Bonnelle, il participe à la défense du plateau ouest de Langres. En joignant ses feux à ceux du fort de Saint Menge, il contrôle la vallée de la Marne et la route de Chaumont.

Par décret du 21 janvier 1887, le ministre de la Guerre Georges Boulanger renomme tous les forts, batteries et casernes des noms d’anciens chefs militaires. Par conséquent, le fort de la Pointe de Diamant devient le fort Defrance, du nom du général de la Révolution et de l’Empire Jean-Marie Defrance. L’appellation est gravée sur le fronton à l’entrée encore aujourd’hui. Mais le 13 octobre de la même année, le successeur de Boulanger au ministère, Théophile Ferron abroge le décret.

En 1915, le fort est désarmé pour permettre à ses pièces d’artillerie de rejoindre le front. En 1944, les troupes américaines font sauter la casemate à tir indirect afin de tester leurs explosifs, avant d’attaquer les fortifications de la frontière allemande. Aujourd’hui, le fort est propriété privée. De nombreux évènements y sont organisés, tels que les feux de la Saint-Jean ou bien le marché de Noël.

Un fort du XIXe siècle

Le fort de la Pointe de Diamant constitue l’un des ouvrages de la ligne de défense principale de la vallée de Langres. Par ce système défensif, Séré de Rivières remplace les fortifications bastionnées de Vauban. La distance entre deux forts est d’environ 6 kilomètres, soit la distance équivalente de la portée du canon rayé.

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D’une superficie de 13 hectares seulement, l’ancien fort Defrance détient une capacité de 350 hommes. Sa compacité entraîne l’implantation du magasin à poudre très proche du casernement, au moment de sa construction. Situé à l’ouest de la place forte, il peut couvrir de ses feux la ligne ferroviaire Chaumont-Paris ainsi que la route de Châtillon-sur-Seine. À une hauteur de 460 mètres, il participe tout autant à la défense rapprochée qu’à la défense éloignée de Langres. L’ouvrage ne pouvant pas battre depuis sa position les vallées de la Marne et de la Mouche, on lui adjoint donc la batterie de Humes.

Le fort de la Pointe de Diamant est un fort à cavalier conventionnel. L’artillerie y est placée à l’air libre, le personnel et les munitions étant protégés dans des traverses-abris. Les bâtiments en maçonnerie sont recouverts d’une épaisse couche de terre, matériau de défense typique de la fin du XIXe siècle. De première génération, il est de forme quasi rectangulaire, défendu par deux caponnières doubles.

Une fois l’entrée franchie, on débouche sur une petite cour entourée de trois locaux, dont l’un servait de logement aux officiers. Le magasin à poudre dispose d’une capacité de stockage de 100 tonnes, soit 27 tonnes en barils et 72 tonnes en caisse. L’esplanade de 2,5 hectares offre une vue imprenable sur les remparts de la ville de Langres.

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