<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> La villa gallo-romaine de Montcaret #16

17 août 2023

Temps de lecture : 4 minutes

Photo : Vue d’ensemble du fond de la piscine. Wiki Commons

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La villa gallo-romaine de Montcaret #16

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Site archéologique majeur de l’Aquitaine, la villa gallo-romaine de Montcaret est un témoignage unique de la vie aristocratique des premiers siècles en Périgord.

À flanc de coteau, dans un paysage vallonné, sur une hauteur de 30 mètres au-dessus de la Dordogne, la villa gallo-romaine raconte une histoire exceptionnelle. De magnifiques vestiges et de riches mosaïques à mi-chemin entre Saint-Émilion et Bergerac sont les derniers restes d’une résidence aristocratique rurale.

Une découverte spectaculaire

C’est au début du XIXe siècle que le site gallo-romain est mis au jour. En 1827, alors que le bourg, désireux de se munir d’un lavoir, creuse son sol, des murs et une mosaïque antique apparaissent. Puis, en 1873, lors du nivellement du terrain de la future gare, l’abbé Delpeyrat, curé de Montcaret, repère une tombe antique qu’il qualifie de tombeau, construite en tuiles d’argile, ainsi que deux urnes contenant les restes de l’incinération d’un enfant. L’un de ses élèves, Pierre Tauziac, s’intéresse à ces découvertes antiques et consacre alors ses efforts à la recherche archéologique sur Montcaret.

Le cimetière autour de l’église du village est creusé. De nouvelles mosaïques sont dévoilées, mais également des monnaies et des fragments de céramiques. Dans une tranchée ouverte dans le prolongement du cimetière sont extraites des monnaies de bronze émises sous les Antonins, les Sévères et les Constantiniens. Tauziac désire attirer l’attention des autorités publiques sur ses recherches. Mais déjà accaparées par les travaux sur les sites préhistoriques de Dordogne, celles-ci lui rient au nez. C’est alors qu’en 1919, le marquis de Fayolle, président de la société archéologique du Périgord, signale l’intérêt de Montcaret aux Beaux-Arts. L’année suivante, le ministère envoie Jules Formigé, architecte en chef des Beaux-Arts, diriger les fouilles autour de l’église. Ainsi, à l’ouest du cimetière sont décelés des tombes, des sarcophages monolithes et des cercueils de dalles, parfois superposés sur trois niveaux. Quelques objets datés de l’époque mérovingienne s’ajoutent à la collection : une francisque, une croix-reliquaire en bronze, une monnaie en bronze de Constantin, incluse dans un mur de soutien des mosaïques. De nombreux fragments de céramique sont éparpillés dans les niveaux inférieurs. Des coupelles portent l’estampille Eppiae, du nom d’un potier de Montans, dans le Tarn, des années 90 après Jésus-Christ. 

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En 1936, à 300 mètres à l’est du bourg, deux bassins sont découverts. D’abord convaincus qu’il s’agit d’une installation de meunerie, en raison de la détection d’une meule à grains à proximité, les chercheurs concluent finalement qu’ils constituent d’anciennes cuves viticoles servant au foulage du moût du raisin. De nombreux bassins similaires ont été dégagés en Gironde.  

Côté nord aménagé en abside.
Wiki Commons

Galerie 8 du côté est : mosaïques en nœud de Salomon Wiki Commons

Reliquat d’une civilisation

La plupart des vestiges partiellement dégagés entre 1921 et 1939 correspondent à la partie résidentielle de la villa. D’importantes mosaïques décorent de vastes salles de réception ainsi que des thermes privés agencés autour d’une cour spacieuse. Le tout est organisé sur plusieurs terrasses juxtaposées, et occupe une longue zone, scindée en deux par le chemin qui dessert l’église. La majorité des mosaïques, en pierres du pays et en tesselles de terre cuite, correspondent à la dernière période d’occupation de la villa. Ornée de remarquables pavements, son ampleur et sa décoration architecturale, sur une surface totale de 2 200 mètres carrés, sont tout à fait typiques des demeures des élites de l’Empire romain. Trois éléments caractéristiques transparaissent : une grande salle d’apparat de près de 330 mètres carrés, avec une salle à manger aux décors préservés, un péristyle entourant un jardin intérieur, futur site de l’église romane médiévale, et une importante aile thermale. Sans compter des dépendances agricoles, dont les deux bassins font partie. Érigée aux environs du Ier siècle, la villa fut habitée jusqu’au Ve siècle.

Côté nord aménagé en abside.
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Sa position de choix, sur le surplomb de la Dordogne, la met à l’abri des inondations et des vents du nord. Approvisionnée en eau par des sources résurgentes, elle est située à proximité du tracé de la voie antique reliant Bordeaux à Périgueux. Au Moyen-Âge, l’église du village, bâtie par des moines bénédictins, tire parti des matériaux et des décors de l’opulent palais seigneurial antique. Ces ruines révèlent la tendance à la monumentalisation adoptée par l’aristocratie gallo-romaine et wisigothique, ainsi qu’une mutation de l’empire romain : d’abord lieux de villégiature et de production agricole, ces palais ruraux deviennent ensuite des espaces de représentation sociale et des centres de redevance fiscale.

Détail du pavement mosaïqué.
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Pétronille de Lestrade

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