Retard dans les vaccinations, suspensions du vaccin AstraZeneca, reconfinement total ou partiel de certaines régions, l’Union européenne ne parvient pas à sortir de la crise de la covid, alors que les Etats-Unis et l’Asie sont en passe de la laisser derrière eux.
Texte original à retrouver ici.
Traduction Alban Wilfert pour Conflits
L’actualité européenne liée au Covid-19 semble ne faire qu’empirer. Lundi, l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne ont emboîté le pas à quelques petits pays de l’Union européenne en suspendant l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca, par crainte d’éventuels effets secondaires. Cette suspension risque de perturber les programmes de vaccination de l’Union Européenne et d’entamer la confiance de l’opinion publique envers les vaccins en général, à l’heure où de nombreux pays européens font face à une nouvelle accélération des infections. Après que l’Italie a réimposé des mesures de confinement dans une grande partie du pays lundi, les investisseurs redoutent de nouveaux retards dans la vaccination et le maintien de taux d’infection tenaces, qui signifieraient le prolongement des mesures de confinement et, par là même, des délais plus longs avant la reprise économique dans l’UE. Dans le cadre d’un scénario défavorable réaliste, à quel point la situation peut-elle s’aggraver ?
Après un démarrage tardif des programmes de vaccination de l’UE et trois mois de déficit d’approvisionnement, la fourniture de doses de vaccin à l’UE devrait s’accélérer considérablement au cours du prochain trimestre, ce qui est rassurant. La Commission européenne ne publie pas de calendrier de livraison à l’échelle de l’UE, mais un certain nombre de gouvernements nationaux ont dévoilé, individuellement, leurs calendriers prévisionnels de livraison. De fait, Bruxelles répartit les vaccins qu’elle a obtenus entre les pays membres de l’UE en fonction de leur nombre d’habitants. Il est dès lors possible de prévoir les livraisons des mois à venir à l’échelle de l’UE. Le graphique ci-dessous, extrapolé à partir des calendriers de livraison mensuels publiés par le gouvernement français, montre que les livraisons devraient être triplées, et même davantage, au deuxième trimestre.
Pour être exact, les livraisons cumulées des trois premiers vaccins approuvés – Pfizer, Moderna et AstraZeneca – devraient marquer un passage de 10,7 doses pour 100 personnes à la fin du mois de février à 24,5 à la fin mars, puis à 94,6 à la fin juin. Pour chacun de ces vaccins, deux doses sont nécessaires par personne. Le vaccin de Johnson & Johnson, pour lequel une dose unique suffit, a été approuvé le 11 mars, ce qui contribuera à accélérer encore plus les livraisons. Les doses de ce vaccin n’arriveront pas avant la mi-avril, mais Johnson & Johnson devrait avoir livré 12,3 doses par personne d’ici la fin juin.
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Par conséquent, si les producteurs de ces quatre vaccins respectent les calendriers actuels, ils pourraient avoir livré 106,9 doses pour 100 résidents de l’UE d’ici juin. Etant donné que trois de ces quatre vaccins nécessitent deux doses, jusqu’à 59,6% de la population de l’UE pourraient, théoriquement, être entièrement vaccinés d’ici à la fin juin.
Le nombre réel de personnes vaccinées ne sera pas aussi élevé. D’une part, les systèmes de santé nationaux européens ne sont pas parvenus à administrer la totalité des doses qui leur ont été livrées. Selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies, sur les 62,2 millions de doses livrées aux pays européens jusqu’au 15 mars, seules 75 % ont été effectivement administrées.
À ce stade, la suspension du vaccin d’AstraZeneca, qui pourrait être prolongée dans le pire des cas, pose un important problème. En revanche, c’est le vaccin Pfizer, dont le taux d’administration est le plus élevé à ce jour, qui connaîtra la plus grande part des hausses de livraisons prévues. Pour l’heure, 86% des doses Pfizer livrées ont été administrées, contre 59% pour Moderna et 46% pour AstraZeneca.
Ainsi, même s’il est clair que l’UE n’aura pas entièrement vacciné sa population d’ici l’été, la campagne de vaccination devrait avoir pris suffisamment d’ampleur pour que les gouvernements soient plus enclins à lever les restrictions avant la saison estivale. Par conséquent, on peut raisonnablement espérer un assouplissement progressif des restrictions à partir du deuxième semestre, suivi d’un fort rebond économique au troisième, conformément au scénario initialement prévu.
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