La ‘Ndrangheta continue d’exercer ses activités mafieuses en Italie et désormais de plus en plus en Europe. Elle s’infiltre en France et en Allemagne, déstabilisant les États, menaçant leur sécurité. cette montée en puissance impose aux États une réelle prise de conscience afin d’éviter l’enracinement trop profond des structures mafieuses.
Au déclenchement de l’opération anti-mafia calabraise « Rinascita Scott », le 19 décembre 2019, il y avait dans les propos du procureur italien Nicola Gratteri quelque chose de Sisyphe, ce héros grec condamné par les dieux à inlassablement pousser un rocher au sommet d’une montagne : « C’est une journée historique pour la Calabre. Il s’agit du plus gros coup de filet depuis celui qui avait mené au maxi-procès de Palerme »[1]. Certes, l’opération contre la ‘ndrangheta présente des résultats exceptionnels tant par le nombre d’individus arrêtés (334), que par le degré de coopération enregistré avec les partenaires européens allemands, suisses ou encore bulgares. Malheureusement, la référence au maxi-procès de Palerme de 1986, qui donna lieu à la condamnation de 475 affidés de la Cosa Nostra sicilienne, trahit surtout la persistance du phénomène mafieux malgré les coups de boutoir de l’appareil judiciaire anti-mafia transalpin à son encontre, depuis près de quarante ans.
Là réside tout le paradoxe de la lutte anti-mafia ; car avant d’apparaitre sous les traits d’organisations en provenance de Sicile, de Calabre ou de Campanie et des Pouilles qu’il conviendrait d’affronter distinctement, lutter contre la mafia impose de démanteler les schèmes, les réflexes, les habitus qui dénient jusqu’à l’existence même de la mafia, de facto de la lutte. Reléguer la mafia à une somme de folklore et de « comportements particuliers »[2] ou bien la circonscrire à la « question méridionale »[3], revient à admettre au mieux une réalité socio-culturelle mais jamais à reconnaitre des acteurs organisés. Cette attitude de « négation »[4] se retrouve chez les chercheurs et tous les agents de l’interaction criminelle : chez la victime, chez le « gendarme » et chez, comble de l’ironie, le délinquant lui-même. Pour preuve, la retranscription des conversations d’un parrain calabrais de la famille Mancuso de Limbadi, mis sur écoute dans le cadre de l’opération « Rinascita Scott », apparait particulièrement évocatrice : « La ‘ndrangheta n’existe plus !… Autrefois oui, à Limbadi, à Nicotera, à Rosarno… c’était la ‘ndrangheta ! […] Parce que la vraie ‘ndrangheta, ce n’est pas ce qu’ils disent… »[5].
Il ne faut cependant pas s’y tromper, l’accumulation des preuves pénales et la production des connaissances scientifiques qui en résulte, permet d’isoler une organisation mafieuse qui perdure malgré les lamentations des vieux parrains.
Mis à part ces contingences environnementales qui minent l’appareil judiciaire anti-mafia, l’annihilation de ces organisations criminelles a été rendue de plus en plus complexe à mesure que les ramifications mafieuses se sont déployées au-delà de leurs pré-carrés criminels, territoriaux et sociologiques. Outre le contrôle des natifs et diasporas par le racket et l’extorsion, le crime organisé italien a investi le marché de l’importation et de la distribution de l’héroïne, puis de la cocaïne. L’accumulation incidente de capital a érigé la baronnie mafieuse en véritable « board » de multinationale. À ses hommes de main et partenaires criminels se sont donc agrégés de nouveaux profils issus du monde de l’entreprise, voire de la politique, qui accompagnent et facilitent l’insertion d’une deuxième, voire troisième, génération mafieuse embourgeoisée. Figure de proue de cette hybridation mafieuse, la ‘ndrangheta dispose de l’organisation idoine pour profiter de la libéralisation et de la mondialisation des échanges comme l’illustre le surnom dont l’a affublé l’ancien rapporteur de la commission parlementaire italienne anti-mafia, Francesco Forgione : « La mafia liquide »[6]. Francesco Forgione fait ainsi référence à la « société liquide » de Zygmunt Bauman qui définissait ainsi un nouveau type d’organisation qui valoriserait la poursuite par chacun de ses membres de son propre intérêt comme unique facteur de cohésion sociale[7]. En effet, le lien de sang qui unit les affidés de la ‘ndrangheta leur permet d’évoluer en autonomie et selon les opportunités de chacune des familles sans remettre en question la cohésion de l’organisation.
Afin de vaincre la ‘ndrangheta, l’appareil répressif italien se retrouve donc confronté à un véritable nœud gordien : démêler les rouages d’une organisation malgré le secret et l’omerta. A contrario d’Alexandre le Grand, les enquêteurs et magistrats font preuve de patience dans leur lutte anti-mafia en accumulant avec minutie des données judiciaires grâce aux techniques d’interception et aux collaborateurs de justice cependant assez rares au sein de la ‘ndrangheta.
Reconnaitre la ‘ndrangheta comme une organisation unique et unie conduit à identifier les attributs de sa puissance
Les organisations mafieuses telles que la ‘ndrangheta présentent des caractéristiques de puissance qui justifient leur étude sur le terrain de la géopolitique. Pionnier de la géopolitique criminelle, le commissaire Jean-François Gayraud a mobilisé et adapté les outils d’analyse de la puissance des États aux organisations mafieuses[8]. Dans la continuité des travaux de Raymond Aron, il s’agit ici d’appréhender la puissance de la ‘ndrangheta à partir des trois attributs retenus dans Paix et Guerre entre les Nations[9] : la conduite stratégique et le réseau des partenaires ; les ressources matérielles et humaines ; la capacité de susciter l’adhésion auprès des populations.
Une organisation calabraise articulée en réseau international
Il n’est plus possible de dénier à la ‘ndrangheta son caractère uni et vertical depuis l’arrêt rendu par la Cour de cassation italienne le 17 juin 2016, à l’occasion du procès « Crimine », qui reconnait une organisation opérant « … sur le territoire de la province de Reggio di Calabria, sur le territoire national et à l’étranger, constituée de nombreuses locali, caractérisée par des structures détachées intermédiaires, articulée en trois « mandamenti » et dotée d’un organe collégial de direction dénommé « la Provincia » »[10]. Une locale est un agrégat de clans voisins alliés et structurés autour de familles –‘ndrine– dominantes qui administrent et produisent l’activité mafieuse sur un territoire donné. Par exemple, la locale du village de San Luca, dans la province de Reggio, réunit dix ‘ndrine[11]. Lorsque les ‘ndrine de San Luca rencontrent un différend ou lorsque la conduite de leurs activités nécessitent une coordination de l’ensemble des locali de Reggio, elles pourront demander la réunion de la « Provincia de Reggio » où siègent toutes les locali de la province, réparties en trois circonscriptions : les « mandements » tyrénnhien -la « Piana »-, ionnien -la « Montagna »- et de Reggio même. Si les ‘ndrine de San Luca souhaitent régler un contentieux ou des affaires qui impliquent les locali des autres provinces de la Calabre[12], ils pourront le faire à l’occasion de la procession de la Madone de Polsi qui a lieu tous les 2 septembre dans le village de San Luca et qui réunit l’ensemble des chefs de l’organisation, comme ont pu le démontrer les carabiniers dans le cadre de l’opération « Crimine » avec preuves judiciaires à l’appui en date du 2 septembre 2009. Enfin, certaines familles de la locale de San Luca disposent d’une autorité historique qui leur permet de siéger au sein de la « Santa »[13], organisation secrète au sein même de la ‘ndrangheta, et qui regroupe les familles les plus influentes de la province de Reggio, souhaitant influencer le monde politico-administratif par des opérations de corruption, voire d’intimidation[14].
Les illustrations de fonctionnement de la ‘ndrangheta évoqués ci-dessus valent, non seulement pour expliquer l’administration interne du territoire calabrais par l’organisation mafieuse, mais aussi pour envisager sa projection internationale. Car à l’instar de seigneurs féodaux, les familles implantées au pays ont un droit de ban sur leurs affidés, le plus souvent des parents, qui sont implantés à l’étranger et font office de vassaux. Tel l’empire de Charles Quint sur lequel le soleil ne se couchait jamais, la ‘ndrangheta dispose de cellules actives sur les tous les fuseaux horaires : en Amérique du nord[15] à Brooklyn, South Bend ou Toronto ; en Amérique centrale[16], à Saint-Domingue, Mexico ou au Costa Rica ; en Amérique du sud[17], à Caracas, Bogota ou Montevideo ; en Australie[18], à Sydney, Melbourne ou Perth ; en Afrique[19], à Casablanca, Dakar ou Lomé ; en Europe[20], à Madrid et Londres, Amsterdam et Limbourg.
Les ‘ndrine calabraises n’ignorent pas non plus la France et l’Allemagne dont les cas vont être analysés et comparés ici. L’évaluation empirique de l’infiltration mafieuse sur un territoire-sujet facilite la compréhension de la fonction générale des territoires pour la ‘ndrangheta. En ce que l’Allemagne et la France constituent l’ossature géographique, démographique et économique de l’Europe de l’Ouest, leur balisage permet d’évaluer l’exportation de la ‘ndrangheta sur l’ensemble des territoires limitrophes c’est-à-dire l’Italie du nord et l’Espagne ou encore la Suisse et le Bénélux. En outre, le recensement des activités mafieuses sur les territoires allemands et français conduit à en évaluer la teneur et corroborer ou non le spectre de la colonisation mafieuse prégnant dans le débat public en Allemagne et ignoré en France.
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Le rôle des territoires allemand et français dans l’organisation de la ‘ndrangheta
La direction judiciaire anti-mafia italienne a recensé quatre opérations impliquant la ‘ndrangheta qui ont visé le territoire français en 2019[21] : trois opérations ont conduit à l’arrestation de fugitifs de la ‘ndrangheta recherchés en Italie ; une opération vise un réseau d’importation de stupéfiants. La tendance est relativement stable ces cinq dernières années avec environ deux opérations par an qui conduisent soit à la capture d’un fugitif soit au démantèlement d’une filière d’importation de stupéfiants ou de blanchiment. Sur l’ensemble des onze opérations italiennes contre la ‘ndrangheta impliquant le territoire français de 2015 à 2019, huit amènent les enquêteurs sur la Côte d’Azur notamment à Vallauris. Lorsqu’elle est circonscrite à la région PACA, l’activité mafieuse apparait là aussi relativement stable avec environ 10% des dossiers traités chaque année par la Juridiction interrégionale spécialisée de Marseille qui impliquerait la ‘ndrangheta. Sur les six opérations révélant un trafic de stupéfiants, cinq ont identifié des flux en provenance de l’Espagne à destination de l’Italie et démontré le rôle de plaque tournante de Vintimille et de la côte ligure. Du côté allemand, il y a eu en 2019 deux opérations italiennes contre la ‘ndrangheta impliquant le territoire allemand ce qui reflète là aussi la moyenne statistique de ces cinq dernières années, à l’exception de l’année 2018 qui représente un pic d’activité judiciaire inégalé, avec pas moins de sept opérations sur les treize enregistrées sur l’ensemble de la période de 2015 à 2019. Sur l’ensemble de ces treize opérations, sept conduisent à l’arrestation de fugitifs, quatre à la découverte d’activités de blanchiment sur le territoire allemand et deux au démantèlement d’un réseau de stupéfiants. La répartition géographique de ces opérations est équilibrée sur un grand ensemble sud-ouest avec l’ensemble des länder affectés[22], particulièrement la Rhénanie-du-Nord Westphalie avec une surreprésentation de la ville de Duisbourg et de ses environs avec quatre opérations sur les treize recensées.
Les récurrences géographiques et matérielles des activités de la ‘ndrangheta sur les territoires allemand et français, qui ont été succinctement présentées ci-dessus sur la période de 2015 à 2019, permettent de corroborer plusieurs hypothèses quant à la fonction que ces territoires occupent pour l’organisation calabraise en tant que lieux de refuge, de chasse et de plaisir[23]. Outre la fonction stratégique de ces lieux, l’organisation renforce son assise à l’aide de son réseau de partenaires criminels.
En premier lieu, l’Allemagne et la France sont intégrées dans une cartographie criminelle des lieux de refuge des fugitifs calabrais. Ces flux de fugitifs sont enregistrés à partir des années 1980 et coïncident avec l’intensification de la lutte anti-mafia en Italie. Ils sont dynamisés de manière conjoncturelle par des luttes intestines au sein des ‘ndrine de l’organisation. Ainsi, la police française concoure à l’arrestation de 63 fugitifs italiens[24], toutes mafias confondues, qui s’étaient réfugiés sur la Côte d’Azur sur la période de 1991 à 1995 à la suite de la Seconde Guerre de la Cosa nostra sicilienne (1981-1982)[25] et de la Seconde Guerre de la ‘ndrangheta (1985-1991)[26]. La Côte d’Azur représentait en effet un lieu privilégié de refuge du fait des relations historiques avec le tissu criminel corso-marseillais depuis l’époque de la French Connection. Aujourd’hui, les fugitifs calabrais arrêtés en France sont pour la plupart affiliés à des ‘ndrine implantés dans les régions de Ligurie, Piémont et Lombardie qui profitent de la proximité géographique avec la Côte d’Azur. Côté allemand, les flux de réfugiés sont identifiés dans les villes industrielles de la Ruhr où nombre d’habitants de Reggio, de Crotone et de l’ensemble du versant ionien de la Calabre, notamment de la commune de San Luca, ont émigré depuis les années 1950[27]. Afin de tromper la vigilance des enquêteurs italiens, les fugitifs calabrais n’hésitent pas à investir des lieux plus reculés que leurs bassins traditionnels d’implantation sur les territoires allemand et français. En septembre 2019, la police française identifie et interpelle un auto-entrepreneur en nettoyage de bâtiment, domicilié à Arzon en Bretagne depuis janvier 2018, qui était en réalité un boss affilié de la famille Barbaro-Papalia qui rayonne notamment sur la ville de Buccinasco dans les environs de Milan[28]. La diversification territoriale des flux de fugitifs se retrouve en Allemagne avec, par exemple en mars 2018, l’arrestation en compagnie de sa famille d’un fugitif de la ‘ndrina Gallico en centre-ville de la capitale de la Sarre, Sarrebruck[29]. Elle s’explique par une autonomisation croissante des familles calabraises qui disposent de leurs propres capacités logistiques à l’étranger notamment pour assurer l’importation de stupéfiants.
En deuxième lieu, l’Allemagne et la France représentent des territoires de chasse c’est-à-dire des lieux qui favorisent les infractions relatives au trafic de stupéfiants, notamment de cocaïne. En effet, les familles calabrais disposent d’un contrôle historique de l’importation en gros en Europe et de la distribution de cocaïne aux divers groupes criminels du continent du fait de leurs relations privilégiées avec les cartels sud-américains. La géographie calabraise du trafic de cocaïne est anarchique et dispersée selon les opportunités de chacune des ‘ndrine qui sont placées en concurrence et qui disposent de réseaux d’importation établis ou éphémères en fonction de leurs ressources et leurs capacités de projection à l’étranger. Cependant, l’historique du trafic de cocaïne en Europe peut être jalonné à l’aide de plusieurs repères chronologiques qui facilitent l’appréhension des cas allemand et français. L’année 1990 marque la marginalisation du trafic d’héroïne au profit de la cocaïne, et par là même des laboratoires de la Côte d’Azur[30]. L’arrestation, en 2004, à Madrid du courtier calabrais le plus influent Roberto Pannunzi illustre le rôle devenu incontournable des ports espagnols dans le trafic de stupéfiants[31]. Cette année marque également un renforcement des contrôles portuaires et routiers en Espagne afin d’enrayer la menace terroriste ce qui conduit à la diversification et la valorisation du transit de la cocaïne par les ports de la rangée nord-européenne et l’Allemagne[32]. Ainsi réintégrés dans une géographie européenne des flux de cocaïne, la Ruhr représente un territoire incontournable pour l’importation de la drogue depuis les ports de la rangée nord-européenne, dont Le Havre, et la Côte d’Azur une voie terrestre alternative au transit maritime de la cocaïne depuis l’Espagne vers l’Italie.
En troisième lieu, les territoires allemand et français représentent pour les familles calabraises des lieux de plaisir autrement dit des espaces d’attractivité financière qui leur permettent de réinjecter dans l’économie légale leurs profits illicites. L’historique des flux de blanchiment identifiés sur les territoires français et allemand est directement corrélé à l’évolution du trafic de stupéfiants. La marginalisation du trafic d’héroïne et les réseaux logistiques qui en découlent sur la Côte d’Azur donne lieu au tarissement de ce filon de blanchiment au début des années 1990. Pendant près d’une décennie, les mafieux calabrais, associés à leurs partenaires napolitains, ont bénéficié du système de sous-délégation de change des chèques italiens en jetons, institué au sein des casinos français[33]. Outre le marché de l’immobilier espagnol qui constituera, à partir des années 1990, une manne de blanchiment incontournable qui coïncide avec l’essor du trafic de cocaïne encore plus lucratif que l’héroïne, la conjoncture historique va offrir aux ‘ndrine calabraises une nouvelle opportunité d’accession à l’économie légale à savoir la chute du mur de Berlin. Certes, l’Allemagne de l’Ouest offrait déjà de réelles opportunités de blanchiment à travers la constitution de réseaux historiques de restaurants italiens au sein de la diaspora, notamment de San Luca, mais l’effervescence économique liée à la réunification du pays va permettre l’accession aux grands projets financiers et immobiliers dans les Länder de l’est, notamment à Erfurt en Thuringe[34]. Par exemple, en 2015, des journalistes allemands révèlent l’existence d’un réseau financier détenu par un clan calabrais à travers sa société « the Erfurt Group » qui avait réalisé à travers ses comptes bancaires ouverts à San Marin, le rachat pour une valeur de 110 millions d’euros d’une vingtaine d’entreprises et d’une trentaine de restaurants en Allemagne et en Italie, notamment à Rome[35]. Cet exemple est particulièrement illustratif de la dimension multinationale et financiarisée de la ‘ndrangheta qui profite aujourd’hui de son exportation territoriale en Italie du nord et en Allemagne, mais aussi en Suisse, pour accéder aux zones franches de l’économie européenne à savoir un espace figuré en losange qui comprend la Suisse au cœur et à chaque extrémité Monaco, le Liechtenstein, le Luxembourg et San Marin.
Outre la fonction stratégique que les territoires allemand et français revêtent pour la ‘ndrangheta, les clans calabrais interagissent avec un réseau de partenaires criminels qui confortent leur rayonnement sur ses territoires notamment dans le trafic de stupéfiants. Le démantèlement régulier de filières impliquant la France et l’Allemagne démontre l’imbrication des clans calabrais avec les deux autres criminalités organisées les plus actives dans le marché européen des stupéfiants à savoir, d’un côté, les groupes albanais spécialisés dans la marijuana et l’héroïne et, de l’autre côté, les groupes nord-africains spécialisés dans le haschich. Avec les albanais, les relations partenariales sont quasi-intégrées[36]. Si les relations partenariales des calabrais avec les trafiquants de haschich nord-africains sont avérées, elles semblaient jusqu’alors cantonnées à un troc de cocaïne et de haschich qui était organisé depuis l’Espagne. Cependant, les dernières opérations menées sur la Côte d’Azur par les autorités italiennes, avec le concours de leurs homologues français, démontrent un degré d’intégration jusqu’ici insoupçonné. En effet, en 2015, l’opération « Trait d’union » a conduit au démantèlement d’un réseau exportateur vers l’Amérique latine de haschisch marocain qui était ensuite échangé contre de la cocaïne acheminée, à destination de la métropole, à bord d’un voilier qui a été intercepté au large de l’île caraïbéenne de Saint-Martin. Si le réseau était commandité par la famille calabraise des Magnoli qui est implantée à Vallauris et affiliée du clan des Gallico-Molé de Gioia Tauro, il était également constitué de membres français du narcobanditisme des cités[37]. Confronté à une « crise de croissance »[38], le narcobanditisme français des cités serait ainsi incité à renforcer ses liens avec les clans calabrais afin de développer son offre de stupéfiants, mais aussi afin de diversifier ses filières de blanchiment notamment en Ligurie qui constitue un pré-carré d’influence calabraise[39].
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Les ressources humaines et matérielles de la ‘ndrangheta et leurs implications sur les territoires allemand et français.
La ‘ndrangheta dispose de ressources humaines qui s’articulent entre soldats affidés et partenaires externes insérés dans les tissus socio-économiques. Ces ressources sont inégalement réparties entre les différentes familles et au sein de chacune d’entre elles émerge un nouveau type d’affidé. Au niveau des ressources matérielles, celles-ci s’articulent entre le capital financier accumulé de manière licite ou illicite et le capital d’infrastructures et d’entreprises qui facilitent l’infiltration territoriale notamment à l’étranger.
Les ressources humaines de la ‘ndrangheta sont estimées en fonction de sources variables qui mettent l’accent ou non sur la dimension internationale de l’organisation. En 2019, la cour d’appel de Catanzaro[40] a identifié en Calabre près de 4000 affidés répartis en 166 familles alors même que le FBI identifiait près de 6000 membres dans le monde entier, dès 2014[41]. Cependant, la fourchette totale des effectifs de la ‘ndrangheta doit probablement être revue à la hausse compte tenu de l’identification de 800 à 1000 affidés rien que sur le territoire allemand[42]. En France, il n’existe pas d’évaluation quantitative qui corrobore une implantation de même ordre[43]. En outre, la répartition des effectifs entre familles est inégale selon la puissance respective de chacune d’entre elles[44]. Au-delà des affidés qui constituent le noyau dur de l’organisation, les clans s’appuient sur des partenaires criminels [voir supra], mais aussi sur un réservoir d’acteurs issus du tissu socio-économique local qui offrent leur « concours externe » à la ‘ndrangheta[45]. L’existence en Calabre de ce réseau de partenaires externes dans l’administration publique, l’entreprise et la politique locale constitue un indice de la diversification des ressources humaines de la ‘ndrangheta et la montée en gamme d’une seconde, voire aujourd’hui d’une troisième génération mafieuse pleinement insérée dans le circuit professionnel légal[46]. Si la mutation du capital humain de la ‘ndrangheta apparait difficilement appréciable en Allemagne et en France, la rémanence du lien d’association mafieuse n’interdit pas à l’avenir d’envisager une imbrication toujours plus forte des nouvelles générations d’affidés dans le tissu socio-économique de ces territoires.
Les données relatives aux ressources matérielles de la ‘ndrangheta doivent être appréhendées avec circonspection dès lors que son chiffre d’affaires réel repose sur des activités ignorées et que les saisies judiciaires réalisées conduisent dans certains cas à des surévaluations de capital[47]. Pour autant, en 2014, l’institut italien de sondage Demoskopika a évalué le chiffre d’affaires de l’organisation calabraise à 53 milliards d’euros soit 3,5 % du PIB italien[48]. Si, selon cette étude, le trafic de stupéfiants représente sa première source de revenus à hauteur de 24,2 milliards d’euros, la ‘ndrangheta conforte son statut d’organisation poly-criminelle en réalisant ses activités dans le blanchiment (19,6), le racket et l’usure (2,9), les appels d’offres (2,4) ou encore les jeux, les trafics d’armes, de déchets et d’énergies vertes[49], la prostitution, la contrefaçon ou encore l’immigration irrégulière[50]. La conjoncture relative à la crise épidémique en cours a confirmé, lors du confinement sanitaire de l’Italie, l’existence de fonds propres détenus par les clans en Allemagne et rapatriés en Calabre à des fins usurières[51]. Mais les ressources matérielles de l’organisation ne sont pas seulement financières et reposent également sur un réseau d’entreprises légales mafieuses qui fournissent un apport logistique aux filières illicites et permettent l’acquisition de revenus légaux rapides et d’appoint y compris en France et en Allemagne[52]. Ces sociétés s’inscrivent dans le cadre d’un modèle entrepreneurial standardisé par les clans mafieux et notamment mis en lumière par l’économiste Clotilde Champeyrache[53]. Ainsi, les sociétés légales mafieuses ont comme point commun des organigrammes réduits et exercent un panel d’activités diversifiées, mais qui ne nécessitent pas d’apport technologique. Elles ont recours à des prête-noms qui assurent le contrôle officiel de l’entreprise, mais privilégient une organisation sociétaire en propriété mutuelle ce qui permet un contrôle partagé, sélectif et interchangeable de l’entreprise. De telles entreprises sont périodiquement démantelées en France notamment dans le secteur du bâtiment[54].
La capacité de la ‘ndrangheta à agir en Allemagne et en France sans susciter le rejet des opinions publiques.
La capacité de la ‘ndrangheta de susciter ou contraindre à l’adhésion ne vaut que pour les populations calabraises de Calabre et, dans une certaine mesure, de la diaspora calabraise, mais non auprès des populations qui lui sont étrangères notamment françaises et allemandes. A contrario, la puissance de la ‘ndrangheta à l’étranger est plutôt corrélée à sa capacité à ne pas susciter le rejet et à ne pas mobiliser à son encontre.
Le juge Paolo Borsellino avait qualifié de « crimes essentiels » les infractions qui se rattachent distinctement au contrôle mafieux du territoire à savoir le racket -ou « pizzo »-, le chantage, l’extorsion de fonds, la séquestration de type enlèvement et les assassinats. Si les familles mafieuses ont entrepris des projets de colonisation notamment dans le nord de l’Italie[55], le comportement qu’elles présentent en Allemagne et en France démontre une approche fonctionnelle du territoire et non une volonté hégémonique. En tous les cas, la greffe mafieuse est rare tant elle apparait conditionnée par une somme de facteurs conjoncturels qui facilitent la réceptivité de la population cible à l’offre de protection mafieuse et de facteurs structurels relatifs au degré d’ouverture à la concurrence du marché économique local et de la taille de la circonscription électorale visée[56]. En réalité, les activités de contrôle du territoire proprement mafieuses de la ‘ndrangheta ne sont pas sujettes au même degré d’internationalisation que ses activités propres à la criminalité organisée[57]. À ce jour, il n’y a pas d’exemple de commission de ces « crimes essentiels » en France[58] et en Allemagne ni la preuve de l’infiltration d’une municipalité allemande ou française par la ‘ndrangheta comme cela a pu être le cas en Australie[59]. En revanche, la volonté de contrôler la diaspora est bel et bien avérée et se manifeste notamment en Allemagne à travers l’incitation et la mise sous pression des restaurateurs calabrais pour imposer certains produits alimentaires[60]. Il n’y a pas de tel exemple en France, mais rien n’empêche de le supputer. Par ailleurs, l’investissement mafieux dans le domaine agroalimentaire traduit la valorisation d’un contrôle indirect et moins violent des populations qui prend le pas, au moins en dehors de la Calabre, sur un contrôle mafieux de nature séculière et militaire.
La ‘ndrangheta apparait moins encline à adopter en dehors de la Calabre des comportements violents dans son contrôle fonctionnel des territoires ce que Francesco Forgione qualifie de « stratégie de bas profil d’exposition »[61]. Dans la mesure où l’organisation appréhende les territoires allemand et français en fonction des flux logistiques qui y transitent, sa puissance repose sur sa capacité à ne pas mobiliser la population à son encontre ce qui pourrait conduire à un regain de volontarisme de la part des pouvoirs publics et un renforcement des moyens alloués aux services répressifs afin d’entraver sa présence. Ainsi, en Allemagne, l’assassinat à la sortie d’un restaurant de Duisbourg dans la nuit du 15 aout 2007, de six affiliés de la ‘ndrinades Pelle-Romeo par la famille rivale des Strangio, dans le cadre de la faida de San Luca[62], a provoqué un émoi médiatique et conduit à l’éclosion d’un mouvement associatif anti-mafia allemand qui perdure jusqu’à aujourd’hui[63]. Pis, la tuerie de Duisbourg a facilité la signature d’un accord de partage renforcé d’informations judiciaires entre la Direction d’enquête anti-mafia italienne -la DIA- et l’Office fédéral de police criminelle -le BKA-. Afin d’éviter la survenance de tels évènements violents qui dévoilent ses activités et fragilisent son existence, la ‘ndrangheta valorise, par conséquent, des mécanismes de régulation interne des différends. Outre les structures qui permettent aux chefs de famille de coopérer depuis la Calabre, les enquêteurs ont démontré l’existence de multiples chambres de régulation qui sont implantées au plus près des activités des ‘ndrine en-dehors de la Calabre[64] y compris s’agissant des activités menées sur les territoires français[65] et allemand[66].
Bien que les données judiciaires relatives à la ‘ndrangheta ne permettent pas de dévoiler l’ensemble de ses ramifications ni en Calabre ni à l’étranger, le croisement des connaissances accumulées avec l’évaluation empirique de son infiltration en Allemagne et en France facilitent une évaluation générale de sa puissance. À l’aune d’une approche méthodologique renouvelée par la géopolitique, la ‘ndrangheta est reconnue comme une organisation-puissance qui se projette à l’étranger en fonction : d’un modèle original de fonctionnement familial, décentralisé et partenarial ; d’effectifs militarisés ou insérés dans les tissus socio-économiques et de capitaux illicites réinvestis dans la sphère légale notamment grâce à un maillage d’entreprises ; d’une capacité à réguler ses activités à l’étranger afin de ne pas mobiliser les populations à son encontre. Afin de vaincre la ‘ndrangheta, l’appareil répressif italien est contraint d’étendre, adapter et moduler son action au caractère hybride de la menace. L’extension du domaine de la lutte anti-mafia est favorisée par une coopération renforcée à l’international et d’une conduite intégrée dans le cadre européen à plus forte raison. La nécessaire conjonction des efforts de l’appareil répressif italien avec ses partenaires européens notamment français s’est d’ailleurs illustrée par une actualité prégnante. Ce 15 septembre 2020, une opération conjointe des polices italienne et française a conduit au démantèlement d’une filière calabraise d’acheminement de cocaïne et cannabis en provenance d’Espagne qui transitait vers l’Italie via la Côte d’Azur. L’opération conduit à l’arrestation de 47 individus et la saisie d’une trentaine de montres de luxe, de six voitures hautes de gamme et de près de 820 000 euros en numéraire ou placés sur des comptes bancaires[67]. Outre le coup porté aux affidés de la ‘ndrangheta implantés en Ligurie et sur la Côte d’Azur, elle démontre le changement de paradigme des services répressifs qui frappent les réseaux calabrais de stupéfiants de manière durable par le ciblage privilégié de leurs avoirs financiers.
[1] LEXPRESS.fr, « Italie : 334 arrestations, un raid « historique » contre la mafia calabraise ‘Ndrangheta », 2019.
[2] Pino ARLACCHI, Mafia contadini e latifondo nella Calabria tradizionale, il Mulino, 1980, p. 128.
[3] Interroger le critère culturo-économique du « méridionalisme » et du Mezzogiorno est inadapté pour expliquer l’origine des mafias car elles n’apparaissent pas dans des régions pauvres, mais au contraire dans le port de Naples au commerce anciennement florissant et dans la zone ortho-fruitière de la « Conca d’Oro » de Palerme. En outre, les mafias n’apparaissent que dans des parties très ciblées de l’ancien Royaume des Deux-Siciles. In Jacques DE SAINT VICTOR, Un pouvoir invisible : les mafias et la société démocratique (XIX-XXIe siècle), Gallimard, 2012.
[4] Jean-François GAYRAUD, Le monde des mafias, géopolitique du crime organisé, Odile Jacob, 2008, p. 40 et s.
[5] «La ‘Ndrangheta non esiste più! … una volta, a Limbadi, a Nicotera, a Rosarno, a …c’era la ‘Ndrangheta! […] perché lo ‘ndranghetista non è che va a fare quello che dicono loro » in Direzione Investigativa Antimafia, Attività svolta e risultati conseguiti, Luglio-Dicembre 2019, p.101.
[6] Commissione parlamentare di inchiesta sul fenomeno della criminalità organizzata mafiosa o similare, Relazione annuale sulla ‘ndrangheta, 2008.
[7] Ibid, p. 18.
[8] Le monde des mafias, géopolitique du crime organisé, op cit.
[9] Raymond ARON, Paix et guerre entre les nations, Calmann-Lévy, 1962.
[10] « … presente ed operante in forma unitaria sul territorio della provincia di Reggio Calabria, sul territorio nazionale ed all’estero, costituita da numerosi locali, caratterizzata da strutture distaccate a carattere intermedio, articolata in tre mandamenti e dotata di organo collegiale di vertice denominato Provincia… » in Direzione Investigativa Antimafia, Attività svolta e risultati conseguiti, Luglio-Dicembre 2016, p.69.
[11] Les Nirta (Scalzone), les Nirta (Versu), les Romeo, les Pelle, les Mammoliti, les Giorgi (Boviciano), les Giorgi (Ciceri), les Strangio (Jancu), les Strangio (Barbaru), les Vottari.
[12] La région de Calabre est constituée de cinq provinces -du nord au sud : Cosenza, Crotone, Catanzaro, Vibo Valentia et Reggio- qui disposent chacune d’un organe de régulation mafieux. Par exemple, les ‘ndrine de la province de Crotone se réunissent au sein de la « Provincia di Cutro », ceux de Vibo Valentia au sein de la « Provincia di Vibo Valentia ».
[13] Il a été démontré l’existence de la Santa dès le début des années 1980, où siégeaient les familles Nirta et Mammoliti de San Luca, les Di Stefano, Araniti et Libri de Reggio, les Piromalli de Gioia Tauro, les Cataldo de Locri et les Mazzaferro de Marina di Gioiosa Ionica.
[14] Pour exemple, en juillet 2016, l’opération « Reghion » a démontré la capacité de la ‘ndrina des De Stefano-Tegano d’influencer l’action des services techniques de la municipalité de Reggio à travers un comité d’affaires publiques. Ce comité avait obtenu l’adjudication d’un marché public de 250 millions d’euros pour l’achèvement, l’optimisation du système d’épuration et la gestion des eaux de Reggio. L’ensemble des notes de bas de page n°14 à 20 sont tirées soit de la presse quotidienne soit des travaux de Francesco Forgione. In Francesco FORGIONE, Mafia export, comment les mafias italiennes ont colonisé le monde, Actes Sud, 2010
[15] En 2014, l’opération conjointe du FBI et de la DIA « New Bridge » révèle la présence d’affiliés des clans calabrais Ursino et Morabito à New York, en charge d’organiser une filière d’importation de cocaïne vers l’Europe en partenariat avec les familles Gambino et Bonnano de la mafia italo-new-yorkaise. Un proche du clan Sergi-Marando-Trimboli de Plati résidait, en 2010, à South Bend, Indiana, et y organisait une filière de transit de cocaïne vers le Canada et l’Italie. En juillet 2019, l’opération de la DIA « Canadian ‘ndrangheta connection » démontre l’existence à Toronto d’une structure de régulation des activités du clan Commisso de Siderno au Canada. L’implantation au Canada des clans calabrais de la côte ionienne est documentée depuis les années 1950 sous l’appellation du « Siderno Group ».
[16] En avril 2014, le fugitif Nicola Pignatelli affilié au clan des Mazzaferro-Ursino-Aquino de Marina di Gioiosa Ionica est arrêté à Saint-Domingue pour trafic international de stupéfiants. La présence régulière de représentants du clan Aquino-Scali de Marina di Gioiosa Ionica à Cancun, Guadalajara et Mexico révèle le partenariat de la ‘ndrangheta avec le cartel mexicain des Zetas dans l’acheminement de cocaïne à destination de l’Italie. Le boss du clan Scali de Marina di Gioiosa Ionica possèderait des entreprises de construction, un centre commercial et un hôtel au Costa Rica.
[17] Caracas représente un lieu privilégié d’intermédiation avec les fournisseurs sud-américains de cocaïne comme l’illustre le démantèlement, en octobre 2013, d’une filière calabraise d’acheminement de 1,4 tonne de cocaïne par un vol régulier Caracas-Roissy de la compagnie Air France. Il y est enregistré la présence régulière de représentants des clans Aquino-Scali de Marina di Gioiosa Ionica ou Sergi de Plati. L’ancien dirigeant italien de la Démocratie Chrétienne et homme d’affaires Aldo Miccichè dont la collusion avec le clan Piromalli de Gioia Tauro a été révélée en 2008, y résidait depuis les années 1980 avant d’être extradé vers l’Italie, en 2012.Des représentants des clans calabrais de l’ensemble de l’organisation sont régulièrement identifiés à Bogota. En 2013, Roberto Pannunzi le plus influent des courtiers calabrais de cocaïne y est arrêté. Selon le procureur italien Nicola Gratteri, il expédiait trois tonnes de cocaïne par mois pour la somme modique de 1000 euros le kilogramme soit un prix très inférieur à la moyenne du marché. En septembre 2017, Rocco Morabito le boss du clan calabrais éponyme d’Africo est arrêté à Punta del Este, en Uruguay, où il résidait depuis 13 ans. Il est emprisonné au centre pénitentiaire de Montevideo en attente de son extradition vers l’Italie, mais s’en évade en juin 2019.
[18] En novembre 2016, Pascale Timothy Barbaro membre influent du clan éponyme des Barbaro implanté en Australie, au moins depuis les années 1960, est abattu à Sydney dans un règlement de compte. Le clan est notamment impliqué dans l’importation d’ecstasy en Australie. En mars 2016, l’avocat Joseph Acquaro est abattu à Melbourne. Il représentait les intérêts des clans calabrais et de l’ensemble de la pègre de Melbourne avant de collaborer avec la police australienne. Domenico Vallelonga, originaire de Vibo Valentia, a été maire de Sterling, une banlieue de Perth, de 1996 à 2005. Il est soupçonné d’appartenir au clan des Commisso du « Siderno Group » actif aussi bien au Canada qu’en Australie.
[19] Dans les années 2000, le courtier calabrais Roberto Pannunzi s’appuyait sur des individus résidant à Casablanca qui étaient chargés d’importer de la cocaïne de la Colombie vers Rome. Des représentants des clans de la côte ionienne sont identifiés au Sénégal qui contrôlent le réseau d’importation de cocaïne depuis l’Amérique du sud à destination de l’Europe. En juin 2019, des membres de la ‘ndrangheta et de la camorra sont interpellés à Abidjan pour acheminement de cocaïne depuis le port brésilien de Santos dans des engins de chantier ou des voitures Renault. Des représentants des clans de la côte ionienne sont présent au Togo afin d’acheminer de la cocaïne depuis l’Amérique du sud.
[20] Dans les années 2000, un grand nombre de chefs calabrais résidants de longue durée ou fugitifs sont présents à Madrid notamment afin d’y organiser le narcotrafic. Des représentants calabrais étaient actifs dans toute l’Espagne de Algésiras à Barcelone, de Malaga à Palma de Majorque. En juillet 2020, une filière calabraise de blanchiment de deux millions de livres sterling est démantelée à Londres par l’entremise de comptes ouverts par plusieurs sociétés italiennes. Londres représente un circuit avéré de blanchiment pour nombre de clans calabrais. En mai 2016, deux membres du clan des Macri de Siderno propriétaires de sociétés du marché aux fleurs d’Amsterdam, depuis le début des années 2000, sont arrêtés pour importation de cocaïne depuis le port de Rotterdam. Depuis le début des années 1990, le clan des Aquino est actif dans le trafic de stupéfiants dans la province du Limbourg, à Maasmechelen à la frontière néerlandaise. En aout 2015, Silvio Aquino y est abattu dans un règlement de compte.
[21] Op. cit. et Direzione Investigativa Antimafia, Attività svolta e risultati conseguiti, Gennaio-Giugno 2019.
[22] Du nord-ouest au sud-est : la Rhénanie-du-Nord Westphalie, la Rhénanie-Palatinat, la Sarre, la Hesse, le Bade-Wurtemberg, la Bavière et la Thuringe.
[23] Le triptyque des lieux de refuge, de chasse et de plaisir est emprunté aux travaux du criminologue canadien Maurice Cusson qui a notamment contribué à l’élaboration de la prévention situationnelle, méthode de criminologie aujourd’hui ayant été intégrée dans la conduite opérationnelle de la plupart des services répressifs des États occidentaux. Voir notamment Maurice CUSSON, « Répétitions criminelles, renseignements et opérations coup-de-poing », Problèmes actuels de science criminelle, 2008.
[24] Jean-Jacques COLOMBI, Commissaire divisionnaire de police, propos recueillis lors d’un entretien réalisé le 21 février 2018.
[25] La Seconde Guerre de la mafia sicilienne est un conflit qui a opposé le clan dit des Palermitains qui contrôlait le trafic d’importation d’héroïne en partenariat avec la mafia italo-américaine de New York, mais aussi le milieu corso-marseillais, et les familles de Corleone qui leur contestent l’hégémonie mafieuse. Toto Riina, le chef de Corleone, mène une campagne d’élimination d’une extrême violence -avec plus de mille morts- à l’encontre des clans palermitains contraints à l’exil, mais aussi vis-à-vis de l’Etat qui conduit, en 1982, à l’assassinat du préfet de Sicile, le général Carlo Dalla Chiesa, puis en 1992, à l’assassinat du procureur Giovanni Falcone. Mains d’ouvriers des familles siciliennes, les clans calabrais se retrouvent impliqués dans les actions terroristes contre l’Etat italien avec notamment l’assassinat commandité par Toto Riina du procureur Antonio Scopelliti, en 1991. Certaines familles calabraises sont ainsi contraintes à la fuite, notamment vers la Côte d’Azur, du fait du renforcement collatéral de l’action répressive contre la mafia sicilienne. Voir notamment Stéphane QUERE, La ‘Ndrangheta, enquête au cœur de la plus puissante des mafias italiennes, La manufacture de livres, 2009.
[26] La Seconde guerre de la ‘ndrangheta est un conflit -faisant près de 700 morts- qui opposent les clans calabrais de Reggio à la suite de l’assassinat de Paolo De Stefano, le chef le plus influent du fait de sa proximité avec les familles siciliennes, par une alliance de clans rivaux de la ville. Domenico Libri, le nouveau chef de l’alliance rivale commanditaire de nombreux assassinats, est contraint à l’exil à Marseille où il est arrêté en 1992 sur mandat d’arrêt de la justice italienne. Voir La ‘Ndrangheta, enquête au cœur de la plus puissante des mafias italiennes, ibid.
[27] En effet, la région représente jusqu’à aujourd’hui le lieu de refuge privilégié pour les capubastoni des ‘ndrine Pellè-Vottari-Roméo et Nirta-Strangio de San Luca qui se sont livrés à une faida depuis 1992. « Une faida est une succession de crimes basés sur la vengeance (la vendetta) auxquels se livrent, sur le long terme, deux familles rivales. Une faida débute par un affront (une sgarro) fait à une personne. Depuis 1991, la faida de San Luca a fait vingt morts. Après une accalmie, la faida reprit en 2006 et a fait onze morts en huit mois » in Fabrice RIZZOLI, « De San Luca à Duisbourg, la faida et la ‘ndrangheta », cf2r.org, 2007.
[28] Ouest-France.fr, « Morbihan. Un membre de la Mafia calabraise interpellé à Arzon », 2019.
[29] Calabria.gazzettadelsud.it, « Arrestato in Germania Davide Sestito, usava codice per comunicare », 2013.
[30] Comme le révèle, en 1990, le boss calabrais Saverio Morabito qui collabore avec la justice italienne et explique que l’héroïne raffinée par les chimistes marseillais sert désormais de monnaie d’échange avec les narcotrafiquants colombiens. In Mafia export, comment les mafias italiennes ont colonisé le monde, op. cit., p. 39 et s.
[31] Roberto Pannunzi est arrêté à la suite de l’opération « Igres » qui conduit au démantèlement d’un réseau d’importation de cocaïne de partenaires siciliens et calabrais qui a acheminé jusqu’en Europe près de huit tonnes de 2001 à 2002. L’opération révèle le dysfonctionnement des structures logistiques siciliennes et la nouvelle mainmise des familles calabraises sur l’importation en gros de cocaïne par les côtes espagnoles. In ibid, p. 45 et s.
[32] Pour preuve de la vivacité de cette route, en 2011, le démantèlement d’une filière d’importation de cocaïne depuis les ports belge et hollandais à destination de Milan, dans le cadre de l’opération « Imelda », mène à l’arrestation près de Duisbourg du trafiquant international Bruno Pizzata qui est originaire de San Luca et était en contact régulier avec des fournisseurs péruviens, colombiens et vénézuéliens. In CrimOrg.com, L’actualité du Crime Organisé et des Trafics Illicites.
[33] Rien que pour le casino Ruhl de Nice, le trafic des chèques italiens est estimé entre 80 et 90 millions de francs, soit environ 18 millions d’euros par an sur la période de 1987 à 1989. La preuve de la mainmise de la mafia italienne sur cette période, non seulement sur le casino Ruhl, mais également ceux de Menton, Beaulieu ou encore Chamonix donne donc une idée de l’ampleur du marché de l’héroïne dans les années 1980. In Jean-Michel VERNE, Riviera Nostra, L’emprise des mafias italiennes sur la Côte d’Azur, Nouveau Monde éditions, 2017, p. 45 et s.
[34] En 1995, l’associé de la ‘ndrina Giorgi de San Luca est condamné pour trafic de stupéfiants par le tribunal de Duisbourg. Très inséré dans le tissu économique d’Erfurt, il sponsorisait le club de football, le club de golf et la galerie d’art de la ville. Mis à part le blanchiment des revenus illicites, ces lieux dits de plaisir favorisent les interactions avec de nouveaux acteurs économiques qui servent de caution et permettent l’accession aux circuits financiers internationaux. In ibid, p. 113 et s.
[35] Dw.com, « Erfurt becomes Italian mafia’s German HQ », 2015.
[36] Comme l’a prouvé, en février 2018, l’opération « Bogota » qui a conduit au démantèlement d’une filière albano-apulienne d’importation de cocaïne depuis les Pays-Bas qui s’appuyait sur les réseaux logistiques calabrais de Duisbourg en Allemagne. De même, en juillet 2018, l’opération « Alba Bianca » a mené à l’arrestation à Bolzano et en Bavière, d’un réseau d’une vingtaine de membres d’origine non seulement albanaise et italienne, mais également kosovare, allemande et pakistanaise, qui au gré d’un voyage des deux côtés du Brenner, écoulaient à l’aller de la marijuana albanaise et récupéraient à Rotterdam sur le chemin du retour, de l’héroïne et de la cocaïne. In Direzione Investigativa Antimafia, Attività svolta e risultati conseguiti, Gennaio-Giugno 2018.
[37] Le clan des Magnoli apparaissait déjà impliqué dans un réseau de passeurs recrutés dans les quartiers populaires de Nice, entre 2012 et 2014, qui se rendaient à bord de croisières au Brésil après escale à Casablanca, afin de troquer de la résine de cannabis contre de la cocaïne qu’ils réacheminaient ensuite sur la Côte d’Azur. In CrimOrg.com, L’actualité du Crime Organisé et des Trafics Illicites.
[38] Op. cit., p. 181.
[39] En 2019, l’opération « Andalusia 2 » conduit au démantèlement d’une filière marocaine de blanchiment via des activités commerciales en Ligurie, des revenus illicites réalisés dans le trafic de haschich en France. La même année, l’opération « Collecteurs » démantèle une filière de blanchiment de revenus du narcobanditisme français des cités en provenance d’Ile-de-France et Marseille à destination de l’Afrique du nord qui procédait à l’achat de quantités d’or en Italie. In Direzione Investigava antimafia, op. cit.
[40] Ansa.it, « ‘ndrangheta tentacolare, 166 le cosche », 2019.
[41] Fbi.gov, « Italian Organized Crime », 2014.
[42] Faz.net, « Mafia in Deutschland, Das ist ein gewaltiges Sicherheitsrisiko », 2019.
[43] Cependant, l’identification à Vallauris du clan des Magnoli, composé de huit frères et de leur parentèle , qui est actif depuis le début des années 1990 dans le trafic de stupéfiants pour le compte des familles Piromalli-Molè de Gioia Tauro, valide l’existence d’un capital humain pérenne de plusieurs dizaines d’individus rien que sur la Côte d’Azur. In CrimOrg.com, L’actualité du Crime Organisé et des Trafics Illicites.
[44] Ainsi, la famille des Piromalli dispose d’une influence majeure au sein de l’organisation en tant que primo inter pares du mandement tyrrhénien du fait de sa proximité géographique avec le port de Gioia Tauro, ce qui se manifeste par des effectifs internes évalués à 200 membres sans compter l’appui opérationnel des autres clans de la plaine de Gioia Tauro. In en.wikipedia.org, « Piromalli ‘ndrina » qui référence Paoli, Mafia Brotherhoods, p. 31.
[45] À titre indicatif, l’appareil répressif italien a engagé 7 190 poursuites judiciaires de ce chef d’infraction entre 1992 et 2008. InJacques DE SAINT VICTOR, « Une nouvelle élite en gestation : la « bourgeoisie mafieuse » ? », 2008.
[46] Depuis 2016, la famille des Piromalli serait ainsi dirigée par un triumvirat de frères et sœurs dont Maddalena Piromalli, née en 1994, qui recruterait davantage de femmes, certaines ayant été identifiées comme des anciennes pilotes de l’armée de l’air italienne ou encore ces huit cousines de la fratrie diplômées en économie et en commerce. In it.wikipedia.org, « ‘Ndrina Piromalli », [source non étayée].
[47] Commissione parlamentare d’inchiesta sul fenomeno delle mafie et sulle altre associazioni criminali, anche straniere, Audizione del procuratore della Repubblica presso il tribunale di Roma, Dottor Giuseppe Pignatone, 2019, p. 25.
[48] Demoskopica.eu, « ‘Ndrangheta spa, stesso giro affari di Deutsche Bank e McDonald’s », 2014.
[49] En 2009, le repenti calabrais Francesco Fonti révèle un trafic de déchets toxiques de grande ampleur au large des côtes calabraises. Une trentaine de cargos chargés de déchets toxiques ont été immergés pour le compte d’entreprises européennes notamment allemandes à raison de 2 à 30 millions d’euros par cargo. In Espresso.repubblica.it, « Complotto sotto il mare », 2009.
[50] En effet, les clans calabrais disposent d’une facade maritime méditerranéenne qui facilitent le débarquement clandestin en Italie de migrants, marché qui a été évalué, par Demoskopika, à quasi 100 000 débarquements clandestins réalisés en Calabre de 2011 à mai 2017 soit un chiffre d’affaires d’environ 600 millions d’euros. Plus au nord à la frontière française, la ville de Vintimille représente le goulet incontournable des flux migratoires, mais aussi un bastion historique de l’implantation de la ‘ndrangheta en Ligurie et plusieurs indices corroborent l’hypothèse d’une réutilisation des filières de fugitifs calabrais au profit des migrants. In Pinomasciari.it, « Ventimiglia, la ’ndrangheta intende mettere le mani sui migranti », 2011.
[51] Ainsi en avril 2020, une camionnette liée à la ‘ndrangheta en provenance du nord de l’Europe a été saisie à la frontière avec à son bord 500 000 euros en liquide. In Direzione Investigativa antimafia, op. cit.
[52] Dans le cas allemand, l’organisation s’appuierait sur un ensemble de 50 pizzerias en constante augmentation depuis 2000. In Mafia export, op. cit, p.120.
[53] Clotilde CHAMPEYRACHE, Quand la mafia se légalise, pour une approche économique institutionnaliste, CNRS Editions, 2016.
[54] Dans le cadre de l’opération « Svolta » qui visait, en 2012, les cellules de la ‘ndrangheta en Ligurie et a conduit à la dissolution des conseils municipaux de Vintimille et Bordighera, une entreprise de bâtiment de Menton a été identifiée comme la propriété de la ‘ndrina des Pellegrino de Bordighera. Avec un chiffre d’affaires de près de 350 000 euros, la société était notamment attributaire du marché public de rénovation du la maison de justice de Menton. Elle permettait aux ‘ndrine d’intégrer le tissu socio-économique local dans une perspective affairiste, mais surtout d’assurer une accumulation rapide de capitaux en prévision d’une condamnation éventuelle et d’une confiscation afférente de leurs biens par la justice italienne. In Jean-Michel VERNE, op. cit.
[55] En 1995, la dissolution pour infiltration mafieuse du conseil municipal de la ville Bardonecchia, située dans le Piémont à proximité du tunnel du Fréjus, est le premier exemple du genre en dehors de la Calabre. Roberto Varese –In Roberto VARESE, « How Mafias migrate : the case of Northern Italy », 2006 – a démontré que ces entreprises de colonisation n’étaient pas le fruit d’une décision rationnelle, mais notamment le résultat accidentel des séjours judiciaires en-dehors du territoire mafieux imposés par la justice italienne à partir des années 1960. Des cas similaires de colonisation de la ‘ndrangheta sont avérés dans d’autres localités du Piémont, notamment à Turin, en Ligurie, notamment à Bordighera et Vintimille, en Lombardie dans le quartier de Quarto Oggiaro ou encore à Varese.
[56] La tentative de colonisation mafieuse de la Vénétie dans les années 1980, notamment la ville de Vérone, en Vénétie, se serait révélée infructueuse notamment du fait de l’ouverture à la concurrence du tissu économique local et de l’intégration avec les marchés économiques du nord de l’Europe. In Roberto VARESE, op. cit.
[57] Pour une interprétation plus approfondie des résultats de Roberto Varese. In Clotilde CHAMPEYRACHE, « L’économie mafieuse : entre principe de territorialité et extraterritorialité », 2013.
[58] À noter néanmoins que le journaliste Jean-Michel Verni -in Riviera Nostra, op. cit., p. 105 et s.- suggère que l’assassinat de la députée Yann Piat, en 1994, pourrait impliquer certains membres de la ‘ndrangheta dans un trafic de marchés publics et opérations immobilières du conseil général du Var dirigé à l’époque par Maurice Arreckx dont l’image a été entaché par sa collusion avérée avec Jean-Louis Fargette, figure du grand banditisme français en lien avec la ‘ndrangheta.
[59] Voir supra, note de bas de page n° 18.
[60] En janvier 2018, l’opération Stige révèle le contrôle par la ‘ndrina des Farao-Marincola d’activités commerciales dans le secteur alimentaire, avec pression sur les restaurateurs calabrais résidants en Allemagne afin de leur imposer certains produits. Cette famille mafieuse s’est livrée à des pratiques similaires avec des restaurateurs calabrais résidant en Suisse. L’opération a, en effet, mené à la découverte d’une filière de distribution de vins calabrais à Chiasso et Lugano. Les écoutes téléphoniques font état de 1 million de bouteilles vendues à des restaurants leur appartenant ou associés à des prix faussant la concurrence. Selon une source judiciaire anonyme du Tessin, une grande partie des pizzerias du canton seraient contrôlées par la ‘ndrangheta. In Letemps.ch, « L’ombre de la mafia dans les cafés tessinois », 2018.
[61] « Una strategia di un basso profilo di esposizione » In Commissione parlamentare di inchiesta sul fenomeno della criminalità organizzata mafiosa o similare, Relazione annuale sulla ‘ndrangheta, 2008. Francesco Forgione fait ici spécifiquement référence à la conduite de la ‘ndrangheta en Lombardie. Selon ce rapport, cette relative discrétion de l’organisation mafieuse n’empêche pas la famille des Mancuso di Limbadi de détenir des stocks d’armes de guerre de type fusils-mitrailleurs, fusils de précision et grenades comme découvert dans un garage à Brianza, Lombardie, dans le cadre de l’opération Sunrise, en 2006.
[62] La faida de San Luca. Voir la note de bas de page n°27.
[63] Seulement quatre jours après la tuerie de Duisbourg, six restaurateurs d’origine italienne de Berlin créent l’association « Mafianeindanke » qui a pour objet de relayer les informations judiciaires et journalistiques relatives à l’implantation de la mafia italienne en Allemagne. L’association vise également à sauvegarder la respectabilité de la communauté italienne en Allemagne. Voir https://mafianeindanke.de/home/.
[64] En 2010, l’opération « Crimine » démontre l’existence d’une chambre de régulation en Lombardie. In Direzione Investigativa, op. cit. Pour la régulation des activités de la ‘ndrangheta au Canada, voir la note de bas de page n°15. En Australie, les services répressifs avaient découvert l’existence d’une telle structure dans les années 1980. In Mafia Export, op. cit.
[65] La ‘ndrangheta dispose d’une structure de régulation -la « Camera di controllo »- en Ligurie. Cette chambre de régulation serait constituée par le locale de Vintimille qui faciliterait et régulerait l’activité de l’ensemble des ‘ndrine implantées en Ligurie ou autres dans leurs activités sur la Côte d’Azur. In Riviera Nostra, op. cit., p. 38 qui fait référence à Relazione sulla missione in Liguria del 6 aprile 1995 della commissione antimafia.
[66] En 2011, l’opération « Crimine 2 » révèle l’existence d’une locale implantée à Singen à la frontière suisse au bord du lac de Constance. La police allemande enregistre une réunion de chefs mafieux -les capubastoni– affidés de la famille Pesce-Belloco de Rosarno et implantés dans la Hesse, à Francfort, dans le Bade-Wurtemberg, à Radolfzell, Singen et Ravensburg, et en Suisse à Frauenfeld. In Direzione Investigativa antimafia, op. cit.
[67] Lefigaro.fr, « Un réseau de drogue international démantelé par une vaste opération franco-italienne », 2020.