[colored_box bgColor= »#f7c101″ textColor= »#222222″]Cette recension a été publiée dans le numéro 19 de Conflits. Si vous souhaitez acheter ce numéro, rendez-vous sur la e-boutique de Conflits en cliquant ici.[/colored_box]
Pour des générations d’aspirants stratèges ou de simples curieux, le plantureux Traité de stratégie du regretté Hervé Coutau-Bégarie (1956-2012), dont pas moins de sept éditions successives étaient parues entre 1999 et 2011 aux éditions Economica, a constitué un passage d’autant plus obligé qu’il était l’un des rares ouvrages disponibles en langue française sur le sujet. Son épaisseur pouvait néanmoins rebuter le néophyte et il est donc heureux que Martin Motte, Georges-Henri Soutou, Jérôme de Lespinois et Olivier Zajec, qui ont pris sa suite à l’École de Guerre, se soient lancés dans la rédaction d’un nouveau Traité de stratégie en langue française qui ne soit pas tant concurrent que complémentaire de celui de leur illustre prédécesseur. En 350 pages, les auteurs de La Mesure de la force réussissent le tour de force de présenter un vaste panorama de la discipline sous ses multiples facettes.
Définie par les auteurs comme l’étude de cette « dialectique des volontés et des intelligences employant entre autres la force ou la menace de recours à la force à des fins politiques », la stratégie accorde une place cruciale à l’histoire et à la géographie. À l’histoire d’abord tant la guerre, par-delà les formes variées qu’elle a pu prendre du fait notamment des progrès technologiques et de la diversité de ses terrains, demeure dans ses principes et son essence toujours la même. Il y a donc dans une logique comparatiste beaucoup à apprendre pour le stratège d’aujourd’hui des affrontements du passé, et c’est l’une des grandes forces de ce manuel que de convoquer sans cesse à l’appui de ses démonstrations des exemples historiques pertinents et parfois méconnus qui permettent au lecteur d’en mieux saisir la portée. Tout autant qu’à l’histoire, la stratégie accorde également une place de choix à la géographie tant la guerre entretient avec l’espace, qui en constitue à la fois l’enjeu et le théâtre, un rapport consubstantiel dont le stratège ne peut faire abstraction.
De cette conviction est née la géostratégie à laquelle Martin Motte consacre l’un des chapitres les plus convaincants de cet ouvrage qui n’en manque pourtant pas. Importance du milieu oblige, les stratégies navale, maritime, aérienne mais aussi spatiale ont chacune droit à un chapitre. L’un des aspects les plus intéressants de ceux-ci tient d’ailleurs au fait qu’ils mettent en lumière les nombreuses similitudes qu’entretiennent ces milieux par-delà leurs différences. L’importance d’une pensée des continuités en dépit du déplacement des affrontements des milieux tellurique ou marin vers les milieux aérien ou spatial n’en est qu’une nouvelle fois confirmée.
En complément de cette lecture, on ne pourra qu’encourager le lecteur à se faire auditeur en suivant le cours de stratégie en ligne dispensé par les auteurs du manuel à partir d’octobre 2018 (fun-mooc.fr, section École de Guerre).
F.L.
[colored_box bgColor= »#DCEDC8″ textColor= »#222222″]Martin Motte (dir.), La Mesure de la force. Traité de stratégie de l’École de Guerre, Tallandier, 2018, 416 pages, 24 euros[/colored_box]
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