La coutellerie Ceccaldi, symbole de l’artisanat corse

26 juin 2022

Temps de lecture : 4 minutes

Photo : Coutellerie Ceccaldi

Abonnement Conflits

La coutellerie Ceccaldi, symbole de l’artisanat corse

par

Et si la Corse venait à vous ? Ne cherchez plus, elle est là. Les frères Ceccaldi vous l’apportent sur un plateau d’argent : rien de plus corse que leurs productions artisanales faites main et dans les matériaux les plus recherchés. Une coutellerie transformée en un véritable panel d’œuvres d’art.

 « Mon père a commencé cette activité en 1978 ». C’est ainsi que Simon Ceccaldi évoque ses souvenirs de jeunesse : dans le petit village de Zoza, niché au cœur de la Corse du sud, Jean-Pierre Ceccaldi crée cette année-là la coutellerie qui portera son nom, et qui deviendra par la suite une véritable entreprise familiale. Une impulsion pas si soudaine qui lui vient d’un certain Paul Santoni, l’un des derniers tenants de ce savoir-faire endémique si particulier. Un savoir-faire voué à disparaître, mais que le père Ceccaldi a fait renaître grâce à sa détermination et à son amour de sa terre. Car oui c’est bien l’île de Beauté qui est destinée à revivre à travers la renaissance de cet art spécifiquement corse. Aujourd’hui remise au goût du jour, la coutellerie a démarré dans un petit atelier au cœur de la maison familiale. Victime de son succès, elle déménagea à Porticcio, sur la rive sud du golfe d’Ajaccio, pour proposer une gamme de plus en plus complète de modèles de couteaux, partant des couteaux de berger traditionnels jusqu’aux couteaux de cuisine. De deux couteliers professionnels, on en compte aujourd’hui plus de soixante sur l’île. « Grâce à lui ». En effet, Jean-Pierre Ceccaldi n’a pas voulu d’une recrudescence éphémère. C’est en formant plusieurs artisans, dont ses deux fils Sylvestre et Simon, qu’il a réussi à faire reconnaître cet artisanat corse dans toute la France.

Le secret de la réussite : le travail des mains

Travail du bois et des métaux précieux, tout un programme pour parvenir à rendre un ustensile solide et fonctionnel. Simon Ceccaldi explique que, pendant longtemps, la coutellerie était un métier « un peu explosé ». Il prend pour exemple la ville de Thiers, lieu phare de la coutellerie française. Là, les fabricants sont multiples, entre celui qui s’occupe du polissage, l’autre du montage, ou l’autre du travail du bois. Avec l’atelier de Porticcio, c’est le kit « tout-en-un » qui est proposé aux clients. « Chaque artisan a un savoir-faire personnel » et réuni « un amalgame de différentes formations et expériences ».

À lire également

Chapellerie Courtois : l’art de se couvrir la tête  

À la coutellerie Ceccaldi, on a deux manières de fabriquer. D’une part la méthode à froid : on découpe l’ustensile à partir d’une tôle, puis on enlève la matière jusqu’à parvenir au tranchant qui figurera la lame. Et d’autre part, la méthode à chaud : à la forge, on façonne un morceau de métal à haute température, pour modeler une forme au marteau une fois que la chaleur a rendu la matière malléable. Les lames sont découpées sur des plaques ou des barres d’acier et ensuite meulées pour creuser l’acier. C’est ce qu’on appelle l’émouture. Puis, l’étape de la trempe est primordiale. Les lames sont passées au four à 840 degrés pour les aciers carbone, 1 040 pour les inox. Puis on baisse la température pendant une heure de façon à détendre cet acier et le rendre moins cassant. Enfin, les lames sont de nouveau émoutes, puis polies et affutées.

Qualité, authenticité et créativité

Simon Ceccaldi nous campe les trois principaux modèles de couteaux traditionnels corses. Tout d’abord le couteau de berger, en pointe de corne redressée, qui « servait un peu à tout », autant à sculpter le bois qu’à travailler les paniers. Puis le stylet, un ustensile un peu désuet, une sorte de dague de défense qui se transmettait de génération en génération. Enfin, la vendetta, un modèle plus récent, inspiré du stylet, qui se décrit comme un couteau pliant et usuel.

La coutellerie Ceccaldi offre une large palette de modèles. Délaissant un peu le stylet, elle se concentre essentiellement sur le couteau de berger, la vendetta, et a aussi à cœur de développer la gamme des couteaux de table et de cuisine. Le bois est lui aussi issu d’essences très diverses, qui ont leur importance en fonction de l’usage fait du produit : on passe de la corne de bélier au bocote, en passant par des bois plus simples tels que l’olivier ou l’ébène. Comme le précise le coutelier, « on s’amuse bien à créer plein de choses différentes ». L’idée est de réaliser un objet qui sublime le quotidien, tout simplement. Et c’est une formation tout au long de la vie.

Avec ces ustensiles bien utiles, les Ceccaldi proposent aussi des accessoires, comme des planches à découper en noyer, ainsi que des produits d’entretien, comme des pierres à aiguiser ou bien de l’huile de camélia. Le client est paré.

Ces exigences sont appelées à se perpétuer : six points de vente sont déployés en Corse même, à Porticcio bien sûr, à Sartène, Bonifacio, Corte, Calvi et Porto-Vecchio. On en trouve aussi un à Paris, dans le sixième arrondissement, et Simon Ceccaldi nous confie le projet d’en installer un autre à Bordeaux. La demande s’accroît, mais les Ceccaldi « sont de mieux en mieux capables d’y répondre », se réjouit le coutelier. « On est sept dans l’atelier […], on peut se développer », et pas de la même manière que les industries, car « la main de l’homme est plus fine ».

Site internet de la coutellerie Ceccaldi

À lire également

Bleuet de France et artisanat

Temps de lecture : 4 minutes

Photo : Coutellerie Ceccaldi

Vous venez de lire un article en accès libre

La Revue Conflits ne vit que par ses lecteurs. Pour nous soutenir, achetez la Revue Conflits en kiosque ou abonnez-vous !

À propos de l’auteur
Pétronille de Lestrade

Pétronille de Lestrade

Voir aussi

Pin It on Pinterest