<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Série d’été – La Bataille du mont Mouchet : Un haut lieu de la résistance française

20 juillet 2024

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : Membres de la résistance française en 1944. (c) Wikipedia
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Série d’été – La Bataille du mont Mouchet : Un haut lieu de la résistance française

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La bataille du mont Mouchet, survenue en juin 1944, est un épisode marquant de la Résistance française durant la Seconde Guerre mondiale. Situé au carrefour des départements du Cantal, de la Haute-Loire et de la Lozère, le Mont Mouchet est devenu un symbole de la lutte contre l’occupant nazi et de la résilience des maquisards français.

Au début de l’année 1944, les forces de la Résistance en Auvergne et les réfractaires au Service du Travail obligatoire (STO) sont de plus en plus traqués par les Allemands et la milice française. Les arrestations et les exécutions sommaires se multiplient, créant un climat de terreur et d’urgence. C’est dans ce contexte que les résistants de la région R6 (Auvergne) décident de se regrouper dans des « réduits », des zones montagneuses difficiles d’accès, pour se protéger et organiser la lutte armée.

Genèse du réduit du mont Mouchet

En février 1944, Jean Chappat, commandant régional de l’Armée secrète (AS) des Mouvements unis de Résistance (MUR), est arrêté à Aurillac. La répression s’intensifie, poussant les résistants à envisager de se replier dans des zones sécurisées. En avril 1944, Émile Coulaudon, connu sous le nom de « colonel Gaspard », prend la tête de la résistance régionale et propose de faire du Mont Mouchet un de ces réduits. Ce choix stratégique est validé lors d’une réunion en mai, bien que non sans tensions entre différentes factions de la Résistance.

À partir du 8 mai 1944, l’ordre de rejoindre le Mont Mouchet est diffusé, et les maquisards commencent à affluer. Le 20 mai, un ordre de mobilisation générale accélère le regroupement, et au 10 juin, entre 2 400 et 2 700 hommes sont rassemblés au mont Mouchet, principalement issus de Clermont-Ferrand et de ses environs. 

C’est ainsi qu’autour de la maison forestière près du sommet du mont Mouchet, 15 compagnies s’organisent sur un rayon de dix kilomètres, couvrant les villages environnants. Les parachutages alliés fournissent aux résistants des armes et des munitions, mais beaucoup de jeunes maquisards manquent de formation adéquate au maniement de ces équipements. La défense du réduit est laissée à l’initiative des chefs de compagnie, mais des tentatives de mise en ordre sont faites à la veille de l’attaque principale.

Les Attaques allemandes

Première attaque du 2 juin

Le 2 juin 1944, deux compagnies de volontaires de l’Est, principalement des Azerbaïdjanais, lancent une première attaque. Les sections de maquisards, bien positionnées sur les hauteurs, réussissent à contenir l’assaut toute la matinée. En début d’après-midi, le corps franc « Laurent » prend les attaquants à revers, les forçant à se replier avec des pertes minimes pour les maquisards.

Attaques du 10 juin

Le 10 juin, une attaque coordonnée sur trois axes est lancée par les Allemands. Les principaux combats se déroulent sur les routes menant au mont Mouchet :

  1. Du Puy vers Saugues : Une colonne de 500 à 600 hommes, incluant des Tatars de la Volga et des soldats allemands, affronte une section de gendarmes résistants. Les combats sont intenses, mais les maquisards réussissent à repousser l’attaque.
  2. Du nord vers Pinols : 450 hommes, incluant des unités SS, attaquent Pinols. Les combats sont féroces et plusieurs résistants sont tués, mais les maquisards parviennent à se replier.
  3. De Saint-Flour vers Clavières : 500 à 600 soldats allemands, sous le commandement du chef de bataillon Enns, avancent en direction de Clavières. En route, ils massacrent des civils et incendient plusieurs habitations. Les maquisards, mal préparés et mal équipés, ne peuvent que ralentir leur progression.

La fin des combats

Les 10 et 11 juin, les combats atteignent leur paroxysme. Les maquisards, malgré leur bravoure et leur détermination, sont forcés de se replier face à la supériorité numérique et matérielle des troupes allemandes. Le mont Mouchet est finalement capturé, mais la plupart des résistants réussissent à s’échapper et à rejoindre d’autres réduits, notamment celui de la Truyère.

Les pertes humaines sont lourdes : entre 125 et 238 résistants tués, 80 à 180 blessés, et de nombreux civils massacrés. Les Allemands, quant à eux, perdent environ 30 hommes et en blessent 60. Malgré la défaite militaire, la bataille du mont Mouchet devient un symbole de la résistance et de la lutte pour la liberté.

Commémorations et mémoire

Après la guerre, le mont Mouchet devient un lieu de mémoire important. Des monuments et des plaques commémoratives sont érigés pour rendre hommage aux résistants tombés au combat. Chaque année, des cérémonies de commémoration sont organisées pour rappeler l’héroïsme des maquisards et l’importance de leur sacrifice pour la libération de la France.

Épisode marquant de la Seconde Guerre mondiale, cette bataille illustre la détermination et le courage des résistants face à l’occupant nazi, malgré des conditions souvent désespérées. Cet événement, bien que peu connu, reste un témoignage poignant de la lutte pour la liberté et la dignité humaine.

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Alban de Soos

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