Johannes Brahms et la musique classique. Entretien avec Katinka von Richter

23 avril 2023

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : Piano (c) Pixabay

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Johannes Brahms et la musique classique. Entretien avec Katinka von Richter

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Pianiste concertiste et artiste polyvalente, Katinka von Richter apporte un souffle nouveau à la musique classique. Passionnée par Brahms, elle propose une redécouverte de ses sonates. Entretien autour de la musique classique.

Débutant les cours de piano à 5 ans, la précocité de son talent est vite repérée, notamment grâce au Concours International de Stresa en Italie qu’elle remporte à l’âge de 9 ans. Elle entre ensuite au Conservatoire de Lucerne en Suisse et sera plus tard l’élève d’Anatol Ugorski et de sa fille Dina Ugorski avec qui elle préparera son Konzertexamen. Sa carrière la fera beaucoup voyager, en Italie, aux États-Unis et également en France, où elle décidera de rester.

Très engagée dans des projets sociaux comme des concerts gratuits pour les réfugiés et des concerts bénévoles pour les maisons de retraite, les églises, les prisons et les hôpitaux psychiatriques, Katinka se produira en juin à la salle Cortot pour un concert en faveur de la Fondation Raoul Follereau. Elle a accepté de nous parler d’elle et de nous livrer sa vision de la musique.

Entretien réalisé par Hermine Lefevre.

Quand avez-vous posé les mains pour la première fois sur un piano ?

Il y a toujours eu un piano chez mes parents et grands-parents. J’ai d’abord expérimenté le piano en essayant de reproduire tous les sons d’instruments dessus et j’ai tout de suite aimé le contraste des touches blanches et noires. Par la suite, j’ai eu un professeur de piano et donc cela a confirmé très tôt ma vocation.

Quelle est votre vision de la musique ?

J’ai toujours été profondément et irrationnellement attirée par la musique et plus par ce qu’il se cache derrière, que par l’instrument qui la produit. Par ailleurs, les professeurs que j’ai eus ne m’ont jamais parlé de notes justes ou fausses ; ils plaçaient l’importance d’un morceau dans les émotions qu’il délivrait, dans l’intention qui était transmise et dans la fidélité que l’interprète devait au compositeur.

Pourquoi avez-vous décidé de venir habiter en France ?

On m’a proposé de venir habiter à la Cité des Arts, qui est une résidence destinée aux artistes afin qu’ils puissent exercer leur art. Ainsi, j’y ai découvert Paris, cette ville stimulante et inspirante. L’échange avec les artistes de différentes cultures et de différents genres artistiques enrichit ma perception de l’art. Ce que j’apprécie également dans Paris, c’est la richesse culturelle et architecturale ainsi que les musées et sculptures qui m’inspirent pour mes mises en scène notamment dans le cadre de mes performances artistiques « Instant Piano Paris ».

Selon vous, y a-t-il une différence entre la musique classique allemande et la musique classique française ? Si oui, laquelle ?

Comme j´ai décidé de choisir Paris comme ma ville d’adoption, je trouvais important de mieux comprendre la musique française. J’ai donc complété mon Konzertexamen allemand avec des études de solistes à l’École Normale de Musique Paris avec Jean-Bernard Pommier.

Je vois beaucoup d’intérêt dans le fait de jouer de la musique classique de différentes origines, car en jouant du Debussy on apprend une nouvelle perspective du monde, une nouvelle manière de regarder et écouter ce qu’il y a autour de nous. Il y a aussi cette différence de culture qui nous apprend à percevoir la vie et l’art.

Jouer des compositeurs des deux origines différentes me fait comprendre notre mentalité et notre passé et cela aide à unir nos cultures dans mon travail.

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Pourquoi avoir choisi de faire de la musique votre métier ?

Je crois que personne ne choisit de devenir musicien, c’est une évidence. C’est une voie très compétitive, car il faut se soumettre à une forte discipline et à une forte rigueur de travail, mais par ailleurs, il ne faut pas oublier de se détacher de cet aspect sportif, car on y perdrait une sensibilité artistique. Finalement, je ne me rappelle pas avoir choisi un métier fixe et j’aimerais bien ne pas me limiter dans mes créations, ni dans les formes, ni dans l’intensité, ni dans les expressions artistiques.

Pourquoi avoir consacré votre dernier album à Johannes Brahms ?

C’est pour ce que la musique de Brahms exprime que j’ai décidé de consacrer mon album aux sonates 2 et 3. Dans sa musique, Johannes Brahms a réussi à aller au-delà des frontières de la musique classique tout en préservant et honorant son héritage : il était un homme extrêmement libre pour son époque. En plus de son génie indiscutable, il a ajouté dans son expression une partie très humaine, presque sincèrement intime qui peut nous toucher profondément. Je souhaitais lui rendre hommage, car à l’image de Clara et Robert Schuman, il se bat pour la pureté et le sacré de la musique. C’est une musique qui a quelque chose de chaleureux et de grandiose et bien qu’elle soit issue d’une époque ancienne, elle est toujours d’actualité aujourd’hui.

CD cover Katinka von Richter

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