Comparativement à Donald Trump, Joe Biden maitrise avec aisance les rouages de la géopolitique. Son parcours politique à la présidence de la commission des Affaires étrangères du Sénat lui a en effet donné l’occasion de s’y intéresser de près. Homme de compromis, multilatéraliste, désireux de renouer avec la stratégie de son ancien mentor Barack Obama, il s’apprête donc à rompre avec l’héritage Trump. Un virage à 1800 pour les États-Unis ?
Après D. Trump, l’unilatéralisme et le patriotisme économique vont laisser la place à une nouvelle diplomatie. Nouvelle ? Pas exactement, car J. Biden, c’est le couple Obama-Clinton de retour à la Maison-Blanche. Bien que les intérêts des États-Unis demeureront toujours dirigés vers l’Extrême-Orient et continueront donc de se détourner de l’Europe, ce que B. Obama avait déjà enclenché avec le « pivot vers l’Est », de nombreux changements diplomatiques vont voir le jour. En réalité, c’est bien la tactique qui changera et pas réellement la stratégie.
Mais qu’en sera-t-il concrètement ?
Dans un tweet du 7 juillet 2020, J. Biden déclare : « Je rétablirai notre leadership sur la scène internationale. » Si D. Trump ne l’a pas forcément annihilé, il a, sans nul doute, considérablement restreint la face interventionniste des États-Unis. À l’égard de l’Europe, tout d’abord, J. Biden souhaite renouer avec la politique menée par son ancien mentor. Sous B. Obama, en effet, il avait promu l’élargissement de l’OTAN et un rapprochement conséquent avec l’Union européenne. J. Biden souhaite donc recouvrir un rôle de premier plan dans une Europe divisée et désireuse de se bâtir une certaine autonomie stratégique. Ainsi, si le nouveau président sera plus complaisant à l’égard de l’Occident, retenons qu’il ne cèdera pas sur les dépenses du vieux continent à l’égard de l’OTAN. Une rengaine qui laisse penser à des nouvelles crises au sein de l’Alliance atlantique.
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D’autre part, et c’est en cela que la filiation Clinton ressort incontestablement, Biden est fermement opposé à toute forme de rapprochement avec la Russie. Sans s’attarder sur le fait de savoir si c’est contre Vladimir Poutine ou la Russie que s’opposent les États-Unis, retenons cette phrase que prononçait Biden en avril dernier à Foreign Policy : « Pour contrer l’agression russe, nous devons maintenir les capacités militaires de l’alliance à un niveau élevé tout en élargissant sa capacité à faire face à des menaces non traditionnelles, telles que la corruption armée, la désinformation et le vol informatique. » Une formule qui indique, une fois encore, que la Guerre froide n’est pas terminée.