Entretien avec Jean-Éric Branaa : les élections présidentielles aux Etats-Unis, miroir d’une Amérique divisée

29 juillet 2020

Temps de lecture : 10 minutes

Photo : (c) BIDEN PHOTO BY MATT ROURKE; TRUMP PHOTO BY PATRICK SEMANSKY/2005110558 /AP/SIPA

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Entretien avec Jean-Éric Branaa : les élections présidentielles aux Etats-Unis, miroir d’une Amérique divisée

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À l’heure où les États-Unis sont secoués par une crise sanitaire qui semble n’en plus finir et des émeutes raciales qui expriment un fort sentiment de division sociale, Donald Trump est, plus que jamais, sur la sellette. Jean-Éric Branaa nous livre son point de vue sur une élection où la guerre idéologique met en exergue cette Amérique qui, de morcelée qu’elle était, est aujourd’hui coupée en deux. Cette échéance électorale sera-t-elle un référendum anti-Trump ou prendra-t-elle, au contraire, les traits d’un plébiscite tant du programme que de la personnalité d’un des deux candidats ?

 

Jean-Éric Branaa est docteur en langues (anglais) et maître de conférences à l’Université Paris II. Il étudie les États-Unis et est l’auteur de plusieurs ouvrages sur ce sujet.  

Propos recueillis par Étienne de Floirac

 

Conflits : Quels ont été les impacts de crise sanitaire et des émeutes raciales sur les campagnes de Trump et Biden ? Les manifestations qui ont fait suite à la mort de George Floyd se sont-elles transformées en émeutes anti-Trump ?

Jean-Éric Branaa : Si jamais ces émeutes s’étaient voulues des manifestations anti-Trump, les organisateurs n’auraient rien compris aux États-Unis ! Je crois que ces manifestations n’ont aucun impact sur la campagne actuelle, car elles traduisent une question idéologique. Or l’Amérique est aujourd’hui coupée en deux, avec un ravin séparant les deux camps. Il y a un groupe de gauche et un groupe de droite, tel que l’on n’a jamais eu à ce point-là dans le pays. Avant, c’était transversal et il y avait des gens qui traversaient de l’un à l’autre. Il était très fréquent d’avoir des élus républicains qui devenaient démocrates, ou des élus démocrates qui devenaient républicains. Aujourd’hui, cela n’existe plus. Le dernier qui a fait cela est le conservateur Jim Justice, le gouverneur de Virginie occidentale, qui a rejoint Trump. Ces émeutes ne touchent donc que le camp démocrate, et pas du tout le camp d’en face.

Conflits : Quel est donc le positionnement idéologique de ces manifestations ?

Jean-Éric Branaa : Le positionnement de Black Live Matters correspond à une attente ancienne et une demande des militants de la communauté noire américaine. Cory Booker parlait de « réparations » en début de primaires, ce que demandent nombre d’Afro-Américains, en particulier à propos de l’esclavage. Et cela, on ne peut pas le comprendre facilement vu de chez nous, car c’est vraiment intrinsèque à l’Amérique. C’était déjà le cas dans les années 1960, au moment où Trump et Biden avaient entre vingt et trente ans. Chacun a ensuite entrepris son propre chemin politique et s’est positionné par rapport à cette influence. Je pense donc que regarder ces évènements en se disant que cela a eu une influence dans la campagne, revient à ne rien comprendre au tableau politique américain.

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Conflits : En va-t-il de même pour la pandémie du Coronavirus ?

Jean-Éric Branaa : C’est radicalement différent. Cette crise est un OVNI qui tombe sur le monde et je prétends que Donald Trump se trompe depuis le début. Au départ, il a des raisons de se tromper, car le phénomène numéro un demeure son procès en destitution. Le monde entier ne voit que ça. Le deuxième phénomène qui est dans sa tête est l’élection du 3 novembre. Ce troisième phénomène arrive juste au moment où Goldman Sachs annonce que le chômage va encore diminuer. À l’époque, tout le monde pense donc que Trump sera réélu : il dit avoir tenu ses promesses et c’est ce que beaucoup d’Américains voient. En réalité, il a réalisé peu de ses promesses, mais celles qu’il a tenues sont fortes et symboliques. C’est dans cette atmosphère que la Covid arrive, et son erreur fatale a été de ne pas comprendre – ou de ne pas avoir eu le temps de comprendre – ce phénomène et de s’obstiner à le définir comme une arnaque inventée par les démocrates pour lui nuire. Cette attitude est criminelle !

Conflits : Mais Donald Trump a ensuite réagi pour imposer un confinement, dû à l’extension du nombre de décès

Jean-Éric Branaa : Le 11 mars, en effet, il ferme les frontières avec l’Europe, mais il ne confine personne. Il conclut même le discours de l’Union par ces mots « et puis, il y a cette pandémie, mais on va l’arrêter ». C’est vrai qu’en fermant ses frontières, Trump a agi en président. Ensuite, le 13 mars, il déclare l’état d’urgence. Le 28, il y a le départ d’un bateau médical pour venir en aide aux médecins de New York, et Trump affirme que ce virus sera vaincu par tous les Américains, « ensemble » et qu’il est fier d’être le président des États-Unis. Il n’a jamais été aussi président qu’à ce moment-là ! Mais il ne fait rien d’autre, malheureusement.

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Trois jours après, Biden sort vainqueur des primaires et Trump redevient ce qu’il est intrinsèquement, un candidat. Il se remet à faire du Trump, c’est-à-dire de courir après Biden et de le diaboliser. Sa gestion de la crise devient alors catastrophique. Le souci demeure aussi idéologique, car les républicains réclament moins d’État et plus d’individualisme. Trump s’adapte à cette demande pour plaire à son électorat. Nous voyons ses effets … Alors que le Congrès parle au pays et qu’un plan de relance s’est mis en place, Trump peine à apparaitre comme un protecteur et un père pour son pays. C’est cette notion de symbolique qu’il ne comprend pas. En définitive, il n’est pas un politicien ; c’est quelqu’un qui a une intuition extraordinaire, et là, son intuition a fauté. Il entre dans le déni et va s’enfermer dans cette attitude pendant 3 mois, jusqu’à la fin juillet.

Conflits : Pour ce qui est de la campagne à proprement parler, quel élément permet à un candidat d’accéder au Bureau ovale ? Est-ce l’argent, la notoriété, la légitimité ou l’originalité ?

Jean-Éric Branaa : Ce sont les quatre ! Mais le réseau demeure l’élément primordial, car il engendre la notoriété. Cette dernière est très importante, et c’est pour cela que l’on dépense beaucoup d’argent aux États-Unis afin de pouvoir s’afficher le plus possible. Ce qui déclenche le vote est que les gens vous connaissent. Par l’argent, il est possible de développer une couverture publicitaire importante, qu’il faut étendre aux 50 États, ce qui est colossal. Je mettrais tout de même un bémol sur l’originalité. On a eu certains présidents qui n’ont pas été originaux et cela a quand même fonctionné. Biden a réussi à monter prodigieusement vite en restant confiné chez lui à Wilmington, dans le Delaware. En réalité, ce type de tempérament dépend du moment, et aujourd’hui où l’on a besoin de calme, Biden attire plus que Trump. Je tiens tout de même à rappeler que Trump n’est pas que cet outsider ou cet « original » que l’on nous décrit. En 2016, il avait soigneusement préparé sa campagne et possédait déjà une immense notoriété, sur laquelle il s’est appuyé. Il a été élu grâce à cela.

Conflits : Nous connaissons, en réalité, assez peu Joe Biden. Qui est-il et comment se différencie-t-il de son concurrent ?

Jean-Éric Branaa : Joe Biden est l’anti-Trump, ce qui est une bonne chose pour lui, car lorsqu’on a un candidat aux États-Unis, c’est souvent « son contraire » qui gagne la fois d’après. Alors que Trump est vif, Biden dispose de l’image d’un calme qui réfléchit. Il a une très grande expérience de la politique, contrairement à Trump qui n’en avait pas. Trump est un homme qui a mis tout le monde au pas, alors que Biden est un homme de réseau, depuis toujours. Biden a construit, a été deux fois président de commissions importantes au Sénat (commission de la justice et commission des affaires étrangères) et a été vice-président. Beaucoup de gens lui doivent leur victoire politique. Il sait se mettre en retrait et faire la courte-échelle à quelqu’un pour qu’il soit mis en avant. C’est cela qui est impressionnant, ce qui le rend dur à attraper et qui rend difficile la campagne de Trump. En effet, Trump attaque souvent le couple Obama-Biden parce qu’il ne sait pas comment s’y prendre. Il essaie de mélanger les deux. D’autre part, il faut noter que Biden est un homme proche du peuple, enraciné, issu d’un milieu peu favorisé. Père meurtri par le décès brutal de sa femme et sa fille, il se veut également proche de sa famille. Qui peut donc dire que ce n’est pas un « brave type », car c’est bien l’image qu’il a aux États-Unis ?

Conflits : Si Joe Biden accède au pouvoir suprême, son mandat pourra-t-il être considéré comme le « troisième » de Barack Obama ?

Jean-Éric Branaa : Politiquement, Biden s’est fait bien avant qu’Obama pense seulement à faire de la politique. : Obama avait 11 ans quand Biden a été élu pour la première fois au sénat. Obama a toutefois choisi Biden, il lui a donné sa consécration. Mais aujourd’hui, Biden procède de la même manière qu’Obama, s’est glissé dans ses chaussures et suit ses pas. En quelque sorte, Biden est devenu Obama ! Le programme qu’il veut développer à la Maison-Blanche se place dans la lignée de celui défendu par l’ancien président. Mais il entend se rapprocher des progressistes et de Bernie Sanders, qui tiendront une bonne partie du Congrès. Une fois encore, tout est politique.

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Conflits : Quelle est la mentalité politique de la jeune génération ? Est-elle dégagiste ?

Jean-Éric Branaa : Non, elle ressemble à celle de France. Les Millenials et la génération Z (= les moins de 25 ans) sont, en général, généreux, inclusifs et souhaitent plus de paix sociale. Cette génération-là n’est pas particulièrement engagée dans un parti politique, car elle n’en veut pas et ne partage, souvent pas, leurs valeurs. Le problème est que, pour cette élection, elle est représentée par deux vieillards.

Conflits : Un jeune de 20 ans qui voit deux personnes de 74 et 77 ans se présenter peut se dire, en effet, qu’un monde le sépare de ces candidats

Jean-Éric Branaa : Je pense, dans cette logique, que beaucoup n’iront pas voter. Pourquoi voteraient-ils ? Ces gens-là sont plus vieux que leurs grands-parents ! Lorsque l’on a 18 ans, qu’on a des idées sur la société, qu’on pense déjà à travailler et à construire une famille, l’on n’a pas envie d’être représentés par des candidats qui parlent un autre langage. D’où le programme qui va être d’une importance capitale. Par exemple, ce qu’a proposé Biden sur l’environnement pourrait permettre de lui rapporter un grand nombre de voix de cette génération et en faire bouger quelques-uns.

Conflits : À ce propos, il semble que Trump n’ait pas de réel programme pour cette échéance électorale. Est-ce un handicap ?

Jean-Éric Branaa : Non, parce qu’il va en produire un. Trump n’est pas idiot. D’abord, il n’a pas de programme parce que le programme est fait par le parti. Or, le parti a choisi de capitaliser sur Trump et sur son image. Mais comment voulez-vous qu’il reste sans programme alors qu’il a était lamentable sur la Covid et que l’économie s’est écroulée ? Donc il lui faut un programme, mais avec des propositions nouvelles.

Conflits : Qu’attendent véritablement les Américains aujourd’hui ? L’ordre et la santé ou plutôt une forme de vivre-ensemble, de paix sociale ?

Jean-Éric Branaa : La santé est l’attente numéro un, car la crise sanitaire ravage toujours le pays. Ils attendent également qu’on leur apporte une protection sur leur vieillesse, un sujet que Trump a mis en évidence. Ensuite, ils attendent qu’il y ait de l’emploi, mais sur ce point, Trump est bien placé : 56% des Américains lui font confiance, alors qu’ils ne sont que 40% à faire confiance à Biden. C’est pour cette raison que Trump ne parle que de cela en ce moment. Mais je pense, au fond, que les Américains désirent un retour au calme et à l’unité, car ils vivent dans une société divisée par la politique. C’est un peu ce que l’on a connu en France à la fin du mandat Sarkozy.

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Conflits : Quelle va être la classe sociale qui pourrait faire pencher la balance pour l’un ou l’autre des deux candidats ?

Jean-Éric Branaa : Ce n’est pas une classe sociale, mais une classe d’âge : les seniors. D’abord, car ce sont eux qui votent le plus. Ils sont également le cœur de l’électorat de Trump. En même temps, ils représentent aussi, et surtout, le cœur de l’électorat par rapport à la Covid. En un sens, la Covid et Trump visent les mêmes. Cette pandémie fait peur aux seniors, car c’est la classe d’âge la plus touchée, et Trump a mis du temps à le comprendre. Dans le sud des États-Unis, en Floride, au Texas, en Arizona et en Californie, les nouveaux foyers d’infection font perdre un grand nombre de voix à Trump, car c’est encore une fois les seniors qui sont les premiers touchés. Biden joue dessus pour parvenir à remporter l’élection. Trump n’a réagi qu’à la fin juillet.

Conflits : De manière générale, Trump dispose d’un bilan économique positif et peut se targuer d’avoir rendu une certaine fierté à la majorité des Américains qui ont voté pour lui et ce, dans bien des domaines. Et pourtant, les médias français le caractérisent toujours de la même manière : un clown ou un fou. Pourquoi demeure-t-il la risée de notre classe médiatique ?

Jean-Éric Branaa : D’abord, parce qu’en France, nous possédons une certaine idée du politique, et particulièrement, de la politique étrangère. Les Français considèrent que l’on doit avoir un certain type de comportement quand on est une puissance mondiale. Les États-Unis montrent la voie dans le monde et sont en tête de cortège dans les décisions mondiales. Or, Trump n’a pas un comportement que l’on pourrait qualifier de « présidentiel ». D’autre part, il se positionne sur un programme dépassé, car issu de la pensée politique républicaine du début du XXe siècle, celui de Roosevelt en particulier. Ce type de programme entendait faire de la prospérité, du bénéfice, du commerce, et rien d’autre. Trump reprend cela en préférant la géoéconomie à la géopolitique. Il a donc un siècle de retard au regard du positionnement européen actuel. Enfin, le fait qu’il ait été dans la provocation et le racisme, en particulier à l’égard des Mexicains qu’il considérait comme voleurs et violeurs, le rend antipathique. Dans une société qui entend aller vers plus d’inclusion, cela a produit un choc.

Conflits : Mais Trump semble aussi être la voix d’une partie de l’Amérique qui s’est sentie délaissée, oubliée, par Obama

Jean-Éric Branaa : Il a, en effet, porté cette voix et créée un contre-courant en produisant un électrochoc dans une société blanche, âgée, qui pensait, depuis les années 1960, qu’elle était condamnée à disparaître. Quand on écoute ce discours, on pense à tort qu’il s’agit d’un nationaliste d’extrême-droite, mais ce n’est pas forcément ça ! Il représente surtout des gens qui ont vécu la naissance du progressisme avec douleur, car ils ont dû faire une place aux Afro-Américains, aux Hispaniques, aux Amérindiens, renoncer à des valeurs, accepter l’homosexualité et la montée du féminisme, admettre que l’avortement prenne une telle place dans la société et que les valeurs religieuses reculent. C’était un bouleversement par rapport à ce qu’ils avaient vécu auparavant. Cette génération a transmis sa rancœur aux générations suivantes, et c’est ainsi que Trump est apparu. C’est, en un sens, l’opposition des villes et des champs : les villes sont le lieu de la transformation rapide des idées, des phénomènes et des mentalités ; dans les champs, cela va moins vite, car on en parle moins, on est plus occupé par son travail et sa propriété et on demeure, en ce sens, plus conservateur. Trump s’est adressé à eux et ce faisant, il a aussi réveillé l’extrême-droite américaine qui est revenue au premier plan. Il ne l’a jamais vraiment repoussée. Il a considéré qu’ils étaient de bons militants et surtout des électeurs. Mais autour de sa campagne, ces gens ont pris beaucoup de place et ont hissé Trump en égérie. Les journalistes ont donc pensé que faire ou laisser faire était la même chose, et cela a poussé la presse et une classe d’intellectuels à rejeter totalement le personnage.

Conflits : Et s’il gagnait encore, quel serait le visage de l’Amérique de demain ?

Jean-Éric Branaa : C’est compliqué, car s’il gagne encore, il faut voir dans quelles conditions il remporte l’élection. Contrairement à ce que l’on pense, le président des États-Unis n’est pas puissant et c’est le Congrès qui l’est. En 2018, quand les démocrates ont gagné la Chambre, tous mes collègues disaient que Trump avait perdu. Mais pour moi, Trump avait gagné, car le Sénat était de son côté : en cas de procédure d’Impeachment, il ne pouvait donc pas être destitué, et c’est exactement ce qu’il s’est passé. Mais c’était un échec ou semi-échec, car il ne pouvait désormais plus faire passer aucune loi, car les démocrates tenaient la Chambre.

S’il conserve le Sénat, la situation sera la même. S’il récupère la Chambre et garde le Sénat, ça sera une Amérique très différente et il marquerait son pays pour longtemps. Il est déjà à 210 juges nommés. Cela veut dire qu’il nommerait un ou deux juges de la Cour suprême en plus, sachant que l’on est 5/4 actuellement pour les conservateurs et que l’on pourrait passer à 7/2. Cela veut dire que pour les trente ans à venir, ce seraient des conservateurs, avec toutes les décisions que cela entraine, qui contrôleraient cette instance essentielle dans l’architecture institutionnelle du pays. Le conservatisme s’installerait, quel que soit le président, s’il gagnait les deux chambres.

S’il perdait les deux chambres, il serait un président sans aucun pouvoir.

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À propos de l’auteur
Etienne de Floirac

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Étienne de Floirac est journaliste

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