« Premier numéro, grandes ambitions » écrivait Pascal Gauchon en ouverture du premier numéro de Conflits en avril 2014. Trente-deux numéros plus tard, nos ambitions demeurent toujours aussi grandes : regarder le monde tel qu’il est. Depuis cinq ans, Conflits s’est imposé comme une revue de référence, défendant une vision réaliste et critique de la géopolitique. Réaliste, parce que nous prenons en compte tous les éléments dans nos analyses : politiques et militaires, mais aussi énergétiques, culturels, religieux, criminels et artistiques. Critique, parce que Conflits se veut une revue ouverte à la liberté de penser et d’analyser, et de déranger aussi parfois nos lecteurs dans leurs certitudes. Conflits veut donner la parole aux auteurs et aux universitaires confirmés et reconnus, et nous remercions ceux qui nous ont précédés de s’y exprimer régulièrement. Mais nous souhaitons aussi faire émerger la génération intellectuelle de demain, faire connaître de nouveaux talents, ouvrir de nouveaux horizons de la recherche et de l’investigation. C’est ce que fit Pascal Gauchon au printemps 2014 en ouvrant ses colonnes à des auteurs alors peu connus. Dans ce numéro où nous prenons la suite de cette aventure humaine et intellectuelle, nous souhaitons lui exprimer notre reconnaissance pour cette audace. On dit la presse en crise. Pourtant, nous ne manquons pas de talents pour exprimer simplement, mais avec précision, les soubresauts du monde. Nous ne manquons pas non plus de lecteurs désireux de comprendre, de voyager, de découvrir. Conflits se veut résolument une revue de vulgarisation, c’est-à-dire une passerelle entre le monde de la recherche et l’université et le monde des professionnels, des étudiants, des professeurs. La géopolitique est la culture générale de notre temps ? Eh bien aidons-la en portant notre regard sur le monde entier et sur tout le monde, sur ce qui plaît et sur ce qui déplaît. La France dispose d’une longue et riche tradition intellectuelle dans les domaines de la géographie, de l’histoire, de la réflexion militaire, de la pensée des relations internationales. Avec Conflits, c’est un maillon de cette longue chaîne que nous souhaitons sculpter.
La géopolitique est une méthode d’analyse qui part du terrain et qui traite des réalités. Nous nous enracinons dans le temps long et nous portons notre regard vers les horizons lointains. Nous reconnaissons l’existence des identités et des cultures, qui œuvrent pour leur survie et leur développement.
Notre géopolitique est celle du conflit. « Le véritable sujet d’étude de la géopolitique, c’est l’antagonisme sous toutes ses formes, les plus innocentes, les plus sournoises, mais aussi les plus brutales, ainsi que les équilibres que ces rivalités finissent par générer et qui restent toujours fragiles[1]. » Nos militaires morts au combat, les civils tués lors des attentats, les régions qui sombrent dans la guerre civile et les guerres larvées témoignent du fait que la paix n’est jamais acquise ni gagnée. Nous ne nous appelons pas Conflits parce que nous aimons la guerre, mais parce que nous souhaitons la paix véritable. « Sans aimer l’affrontement en tant que tel, mais parce que ceux qui veulent vraiment la paix et la stabilité se doivent de connaître toutes les menaces[2]. »
C’est pourquoi nous souhaitons ouvrir la revue à des auteurs étrangers amis de la France, afin de vous faire découvrir les débats intellectuels qui agitent nos alliés, les livres qui suscitent la réflexion. De même, Conflits est ouvert à tous les continents et à toutes les thématiques, la géopolitique se devant d’aborder de nombreux champs du savoir pour saisir la complexité du monde. Après 32 numéros, nos ambitions demeurent toujours aussi grandes pour répondre à vos besoins et votre curiosité. Il n’y a pas de revue sans ses lecteurs. Que ce premier éditorial soit aussi l’occasion de vous remercier pour votre fidélité et votre soutien, que vous lisiez Conflits depuis le numéro 1 ou depuis des numéros plus récents. Vous êtes la partie essentielle de cette histoire humaine et intellectuelle.
Editorial du numéro 23. Dossier : « La guerre du droit ».
Notes
[1] Éditorial, no1, 2014.
[2] Idem.